Steve Marlet : « Ne pas vivre avec des regrets »

« Why don’t you pick the phone / And dial up my number / Just call me up baby / I’m waiting on you » . Lorsqu’on appelle Steve Marlet, le téléphone crache Last Night de P.Diddy pendant la sonnerie et on se demande un peu ce qu’on est en train de faire. Lorsqu’il décroche, on tombe sur quelqu’un de posé, presque résigné, qui a l’air d’avoir accepté depuis un bail de ne plus revoir le haut niveau, malgré ses 23 sélections en équipe de France.

Tu as quitté Lorient en juin 2007. Qu’as-tu fait entre temps ?

J’ai fait deux ou trois trucs. J’ai fait quelques essais qui n’ont pas abouti. Notamment à Reims, en début de saison dernière. Je suis resté quinze jours, j’ai fait un match amical. Ça s’était plutôt bien passé, mais on m’a dit non au dernier moment…

Comment t’es-tu retrouvé à Aubervilliers ?

Je connais l’entraîneur, Abdel, depuis vingt ans. On s’est connu au Red Star. Il y a deux saisons, je me suis entraîné un peu avec le Red Star d’ailleurs. Et puis, en début de saison, j’ai dit à Abdel que j’étais à la recherche d’un club. Il m’a dit de venir, et je me suis entraîné avec eux toute la saison. A partir du moment où j’avais décidé que ma carrière professionnelle était terminée ou en stand-by, il fallait que je me tienne en forme. Il y a une multitude de clubs dans la région donc c’était soit le Red Star, soit un autre club d’amis.

Ce n’est donc pas une étape, c’est bien la fin de ta carrière ?

Non, ce n’est pas une étape. A mon âge, à 35 ans, il n’y a plus d’étape, c’est terminé. Mais c’est difficile d’arrêter de jouer au foot du jour au lendemain. Et comme il se trouve que je suis entretenu, que je ne suis pas à la rue niveau physique, je voulais continuer à me faire plaisir. Comme, en plus, ils sont montés en CFA2, c’est bien. Je vais me faire plaisir, passer mes diplômes d’entraîneur. Je vais m’inscrire pour le B1 cette année, après on verra. Dans un premier temps, mon projet est de m’occuper des jeunes. Après, pourquoi pas le haut niveau, ou me faire la main sur une équipe parisienne senior.

Tu n’as pas de regret par rapport à cette fin de carrière ?

Si, j’aurais aimé terminer comme moi je l’avais décidé et pas par la force des choses. Mais c’est comme ça, on passe à autre chose. On ne peut pas vivre toute sa vie avec des regrets ou des rancœurs.

Il y a de l’ambition à Aubervilliers ?

C’est un club de potes, bien sûr, mais en gardant l’exigence sur le terrain. J’ai été les voir cette année, je me suis entraîné avec eux, c’est vraiment un groupe qui vit bien. Sur le terrain, les mecs se défonçaient de la première à la dernière minute. Connaissant Abdel, qui est quelqu’un d’ambitieux, il va prendre la température lors des premiers matchs et après il fixera les exigences en fonction de comment il sentira son groupe. Quand on goûte à une montée, on a toujours envie d’aller plus haut. D’autant plus qu’il y a beaucoup d’autres clubs parisiens qui sont en CFA, un petit cran au dessus.

En 2005-2006 tu jouais à Wolfsburg, le dernier champion d’Allemagne, qu’est-ce que tu en as retiré ?

Sportivement, pas grand-chose car je n’ai pas eu beaucoup de chance là-bas. En revanche, humainement, c’était sympa parce que ce sont des gens accueillants, même si d’extérieur on a l’impression qu’ils sont froids. Au sein même du club, tout était bien huilé, bien carré. Vraiment à l’Allemande, quoi, rien n’est laissé au hasard. Par contre, qu’ils soient champions deux ou trois ans après, c’est surprenant parce que le niveau était assez moyen. Magath, en deux ans, a fait un boulot extraordinaire. Il a ramené ses joueurs, il a pris tout en main. Il a réussi à faire d’un club moyen de Bundesliga un club champion. Chapeau.

Que penses-tu de la déchéance de Lyon cette année ? C’est définitif ?

Il faut remettre dans le contexte, ils ont été champions sept fois. On ne peut pas être champion jusqu’à la fin des temps. Il y a bien un moment où ils allaient le lâcher. Cette année ce n’était pas pour eux, basta. Ce n’est pas un déclin, c’est un cycle normal. Dans tous les pays européens c’est comme ça. La marque de fabrique de Lyon est toujours là. Les joueurs qui vont arriver auront derrière eux le travail de ceux qui sont passés par là. Mais c’est vrai que devant, on peut se poser des questions. Fred l’année dernière, cette année Benzema… Piquionne est encore là ? Ce sera peut-être l’occasion de prouver que c’est un bon joueur, il n’a pas eu beaucoup de réussite depuis qu’il est là. Cela dépendra aussi du recrutement. Ils ont quand même 35 millions dans la poche, cela devrait leur permettre d’acheter de très bons joueurs.