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SOS ma Juve a besoin d’aide

Par Tristan Pubert
SOS ma Juve a besoin d’aide

Depuis une semaine, la Juve traverse une zone de turbulences. Les anciens dirigeants, qui ont démissionné du conseil d’administration, font face à une enquête du parquet italien pour d’importantes magouilles financières. Et forcément, l’inquiétude d’un nouveau Calciopoli émerge du côté des tifosi turinois. Démissions, enquêtes, sanctions : mais que se passe-t-il dans le Piémont ?

C’est la fin de douze années sous l’ère Andrea Agnelli. Arrivé à la tête de la Juve en mai 2010, le président turinois est parvenu à remettre la Vieille Dame sur le trône du football transalpin, comme en témoignent ces neuf Scudetti, cinq Coupes d’Italie et ces deux finales de Ligue des champions. Après dix premières années durant lesquelles les Bianconeri ont imposé leur suprématie sur la scène nationale, toutes les bonnes choses ont une fin. Et celle du petit-fils d’Umberto est loin d’être glorieuse. Avec un projet qui tourne en rond et sans véritables ambitions, la Juve va s’écrouler, et même la venue de Cristiano Ronaldo ne changera rien, au contraire. Les échecs européens se multiplient, et surtout, la dictature noir et blanc se voit stopper par le retour au sommet des deux Milan. La Vieille Dame est ringarde, mais surtout désormais dans le viseur de la justice. Avec douze personnes accusées et quinze chefs d’accusation, les Turinois voient leurs vieux démons ressurgir.

La Juve est dans une situation où les nouvelles dispositions à suivre sont claires, et Gianluca Ferrero dispose des capacités pour faire face à la situation actuelle.

À la barre !

Lundi 28 novembre dernier, alors que le monde du football a les yeux rivés sur Doha et ce sensationnel Cameroun-Serbie (3-3), une nouvelle vient secouer la Botte. Dans un communiqué, la Juve annonce la démission du conseil d’administration, dont Andrea Agnelli et Pavel Nedvěd. Face à cette urgence, John Elkann prend les choses en main et tente de stopper l’hémorragie. Le propriétaire du club remplace son cousin par Gianluca Ferrero, qui devient le nouveau président, et Maurizio Scanavino en tant que directeur général : « La Juve est dans une situation où les nouvelles dispositions à suivre sont claires, et Gianluca Ferrero dispose des capacités pour faire face à la situation actuelle », argumentera John Elkann à la Gazzetta dello Sport. Massimiliano Allegri a lui été confirmé à la tête de l’équipe. « Il est une référence du secteur sportif et c’est sur lui que l’on doit se baser pour de nouveau gagner des trophées », argumente John Elkann.

Si dans ce communiqué, les dirigeants turinois assurent « avoir toujours travaillé de manière transparente », cette démission s’explique par les nombreux ennuis judiciaires qu’encourent Agnelli & Co. Les anciens dirigeants sont accusés de communications falsifiées, manipulation du marché, obstruction des organes de contrôle et fausses factures sur des transitions inexistantes. Une enquête XXL menée par le parquet de Turin en coopération avec la CONSOB (Commission nationale pour les sociétés et la Bourse) poursuit le club piémontais au niveau pénal. Au niveau sportif, le procureur de la Fédération italienne de football (FIGC), ainsi que l’UEFA ont eux aussi décidé d’ouvrir une nouvelle enquête.

En bande organisée

Pour bien comprendre le pourquoi du comment de cette affaire, il faut remonter en mai 2021. C’est à cette époque qu’une douzaine de dirigeants bianconeri font l’objet d’une première enquête de la brigade financière italienne qui concerne de potentielles plus-values réalisées sur près de 40 transferts sur la période 2017-2021. Après plusieurs mois d’investigation, faute « d’outil pertinent » (les autorités ne sont pas parvenues à évaluer la valeur réelle d’un joueur), la clique d’Agnelli sera alors acquittée en cour d’appel. Néanmoins, la boîte de Pandore vient d’être ouverte et va alors aiguiser la curiosité de la CONSOB. Cette commission, qui veille à la transparence des entreprises italiennes cotées en bourse, ce qui est le cas de la Juventus depuis 2001 (comme la Lazio et la Roma, les deux premiers clubs italiens à avoir été cotés en Bourse), va alors mettre les mains dans le cambouis.

Les principaux sujets de cette enquête concernent les valeurs erronées de certains joueurs qui ne se basent pas sur le domaine sportif, mais ont bien pour but de les falsifier pour ainsi régler certains problèmes budgétaires.

Le gendarme financier va alors mettre la main sur plusieurs dossiers compromettants. « Les principaux sujets de cette enquête concernent les valeurs erronées de certains joueurs (et donc des salariés, NDLR) qui ne se basent pas sur le domaine sportif, mais ont bien pour but de les falsifier pour ainsi régler certains problèmes budgétaires », explique Mattia Grassani, avocat spécialisé dans le droit du sport. Comme rapportées par la Repubblica, de nombreuses écoutes téléphoniques vont alors éveiller les soupçons des enquêteurs. Parmi celles-ci, une discussion entre Andrea Agnelli et Maurizio Arrivabene, deux des douze personnes inculpées. Lorsqu’il évoque la situation économique désastreuse du club, l’ancien président turinois explique que « ce n’est pas seulement à cause de la Covid, et on le sait très bien », avant d’ajouter : « Nous avons inondé la machine avec des amortissements et surtout de la merde. C’est toute cette merde dont on ne peut pas parler. »

Autre zone d’ombre : les salaires

Avec ces écoutes et une multitude de documents compromettants, les enquêteurs sont parvenus à identifier plusieurs transferts jugés « frauduleux » permettant aux dirigeants d’engendrer d’importantes plus-values s’élevant à plus de 200 millions d’euros et ainsi de recouvrir les pertes financières. Et ces transferts se font avec plusieurs clubs italiens comme l’Udinese, Sassuolo, la Sampdoria ou encore l’Atalanta, qui seraient donc « complices » de la Vieille Dame. Ce jeudi, le procureur de Turin a épinglé plusieurs transferts, à commencer par le deal Arthur-Pjanić, la vente de Spinazzola à la Roma pour 29 millions d’euros, le recrutement en parallèle de Luca Pellegrini pour 22 millions d’euros ou encore le cas Leonardo Bonucci, transféré à l’AC Milan à l’été 2017 pour 35 millions d’euros, avant de revenir à Turin. Au total, plus de 22 opérations réalisées par la Juve sont dans le radar du procureur.

L’autre zone d’ombre de cette enquête concerne les salaires. Le 28 mars 2020, en raison de la pandémie, le club piémontais publiait un communiqué dans lequel il était expliqué que l’ensemble des joueurs avaient renoncé à quatre mensualités, pour un total de 90 millions d’euros. Une « communication falsifiée », puisqu’en réalité, une partie des joueurs n’auraient renoncé qu’à un seul salaire et souhaitaient que les trois autres soient rétribués les mois suivants. Andrea Agnelli aurait eu un accord avec Giorgio Chiellini (qui représentait alors l’ensemble des joueurs turinois). L’ancien défenseur bianconero aurait alors précisé à ses coéquipiers de « ne parler à personne de cet accord » . Mais ce silence aurait été rompu par deux joueurs, à savoir Matthijs de Ligt et Mattia De Sciglio, qui auraient alors transmis le contenu de cette conversation aux enquêteurs.

Calciopoli 2.0 ?

Lundi dernier, le ministre des Sports italien, Andrea Abodi, n’a pas mâché ses mots concernant ce nouveau scandale dans le football transalpin : « La Juve n’est sûrement pas le seul club à être concerné par cette enquête. Nous avons besoin de réponses rapidement. Cette enquête va nous permettre de faire le tri. » Néanmoins, le ministre devra attendre plusieurs mois pour avoir la décision finale du parquet de Turin, prévue probablement pour le mois de juin. Dans une lettre envoyée aux employés de la Juventus, Andrea Agnelli avait alors tenté de rassurer son navire : « Lorsque le groupe n’est pas solide, il flanche, et ça peut être fatal. Nous sommes face à une situation délicate d’un point de vue corporatif. Il faut rester soudés, nous sommes le peuple de la Juve. » Mais la situation s’est aggravée, l’ancien président turinois et onze autres collègues (dont Pavel Nedvěd, Maurizio Arrivabene et Fabio Paratici, l’actuel directeur sportif de Tottenham) doivent répondre de quinze chefs d’accusation et encourent d’importantes peines, pouvant aller jusqu’à douze ans d’emprisonnement.

Lorsque le groupe n’est pas solide, il flanche, et ça peut être fatal. Nous sommes face à une situation délicate d’un point de vue corporatif. Il faut rester soudés, nous sommes le peuple de la Juve.

Le scandale n’affectera pas uniquement les anciens dirigeants bianconeri, mais aussi, inévitablement, la Juve. Un élément est à retenir dans cette enquête et pourrait décider du sort de l’écurie piémontaise : l’article 31 du code de la justice sportive italienne. Celui-ci spécifie que les écarts de budgets (autrement dit l’état entre le budget transmis à la FIGC et le budget réel) ne doivent pas influer sur le dossier d’inscription d’une équipe à une compétition régie par la Fédération italienne de football. Si cette enquête parvient à la conclusion que la Vieille Dame a mis en place une « manipulation budgétaire avec des rapports falsifiés », alors l’exclusion de la compétition et une rétrogradation à l’échelon inférieur sont une hypothèse plus que plausible. Si cet écart budgétaire n’est pas jugé trop conséquent par le procureur de la FIGC, alors la sanction se limiterait à des points de pénalité et une amende conséquente.

Par le biais d’un communiqué, l’UEFA a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête pour « de potentielles violations au règlement du fair-play financier et d’octroi de licences » sur les cinq dernières années. Les enquêtes menées par le parquet de Turin, la FIGC et l’UEFA sont toujours en cours avec un dénouement prévu pas avant le mois de juin prochain. « Un nouveau Calciopoli n’est pas à exclure », avance même Mattia Grassani, avant de conclure : « C’est difficile à l’heure actuelle de savoir concrètement ce que risquent la Juve et ses anciens dirigeants. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que la justice a un dossier très solide et le pire scénario peut être envisageable. » Mais cette fois-ci, Massimiliano Allegri n’y est pour rien.

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