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Sochaux, ça brûle !

Par Julien Duez
Sochaux, ça brûle !

Dixième de Ligue 2 avant de se déplacer à Clermont pour conclure la phase aller, le FC Sochaux-Montbéliard est dans la tourmente. Pas sur le terrain, mais au niveau administratif. Le club franc-comtois traverse une tempête interne depuis le début de la semaine. En cause : des investissements creux, un soupçon d'escroquerie et un avenir flou. Pas simple à gérer quand on veut retrouver la place qui est la sienne, parmi l’élite.

17 mai 2014 : à quelques heures du match pour le maintien en Ligue 1 entre Sochaux et Évian, le groupe PSA publie dans L’Équipe une pleine page publicitaire sur laquelle est inscrit : « Peugeot, partenaire du FCSM depuis 1928. » En fin de soirée, les Lionceaux s’inclinent 0-3 et sont relégués en Ligue 2. Une semaine plus tard, le groupe automobile annonce que le club est à vendre. « À ce moment-là, j’ai regardé la définition du mot « trahison » dans le dictionnaire, se souvient Fabrice Lefèvre, président de l’association Planète Sochaux. Il était marqué : « rupture de confiance. » On était en plein dedans. » « Carlos Tavares (président de PSA, ndlr) nous a craché à la gueule, mais cela ne m’a pas étonné, ajoute pour sa part Mathieu Triclot, membre du collectif de supporters La Bande à Bonal. C’était même prévisible, on a subi la formule classique d’un mauvais recrutement couplé à une diminution des investissements. »

Le lion ne rugit plus, il miaule

Parmi les éventuels repreneurs, deux noms sont familiers des gens du coin. Le premier est celui de Pierre-Arnaud Rollin, entrepreneur local à la tête de Kipo, un cabinet d’expertise comptable. Le second, celui de Romain Peugeot, arrière-petit fils de, et actif dans le milieu de la finance londonienne. Mais c’est un troisième qui remporte le gros lot : Wing-sang Li, homme d’affaires chinois à la tête du groupe Tech Pro, actif dans l’immobilier et les technologies LED et coté à la bourse de Hong-Kong. « Monsieur Li » acquiert le club doubiste pour une bouchée de pain – on parle de sept millions d’euros – via sa filiale Ledus qu’il souhaite développer en France et en confie la gestion à son homme de confiance, Thomas Lichtenauer.

« Très vite, on a su que ça sentait mauvais, se rappelle Fabrice Lefèvre. L’offre de Romain Peugeot n’a même pas été étudiée. Probablement parce que PSA souhaitait complètement effacer son nom du club. » Les supporters épluchent alors les comptes de la société et s’aperçoivent que Tech Pro était une PME dont le chiffre d’affaires était inférieur à celui du FCSM en Ligue 1 ! « Comment assurer une quelconque viabilité dans de telles conditions ? Et si nous, simples supporters, l’avons découvert, qu’on ne me dise pas que les « costume-cravate » de PSA n’étaient pas au courant » , tempête le président de Planète Sochaux.

Pression sur les travailleurs de PSA ?

Alors, bradés les Lionceaux ? « J’ai une hypothèse très cynique à ce sujet, confie Fabrice Lefèvre. PSA, entreprise mondialisée, voulait envoyer un signal fort aux dix mille travailleurs du groupe et de ses sous-traitants en leur disant que leur attitude sans pitié vis-à-vis du club pouvait être reproduite avec eux, de telle sorte à mettre la pression sur leur productivité. » En parallèle, PSA laisse à Monsieur Li trois ans de trésorerie (soit quinze millions d’euros), un beau cadeau pour le premier Chinois à racheter un club français. Mais Sochaux n’est que la première étape de ses plans d’expansion. Des rumeurs lui prêtent l’intention d’acquérir un club-satellite en D4 espagnole, mais aussi de devenir celui de Manchester City. Un comble quand on sait que c’est à Sochaux qu’a été créé le premier centre de formation de France.

« Monsieur Li essaie de rendre la mariée la plus belle possible »

Depuis 2014, l’objectif de remontée immédiate en Ligue 1 est resté à l’étape de doux rêve. Quant au groupe Tech Pro, force est de constater qu’il est loin d’être un sauveur. Seulement 5,3 millions investis par Li – et encore, sous les menaces de sanction de la DNCG – et placés sur un compte courant associé au capital du club, ce qui lui permet en théorie de retirer son argent à tout moment. « Tech Pro, c’est du vent, assure Sébastien Michaux, journaliste à L’Est Républicain, et qui suit le dossier de très près. Aujourd’hui, le FCSM représente 40% de leur chiffre d’affaire ! L’action a chuté de 86% pour atteindre sept centimes de dollars de Hong-Kong (soit moins d’un centime d’euros), avant d’avoir été suspendue à la bourse locale pour des comptes considérés comme insincères. » À cela s’ajoutent la faillite de Ledus France en août dernier et le fait que cette dernière doive 300 000 euros au club au titre d’un sponsoring maillot impayé, la situation est devenue catastrophique. On parle de vendre, avant de se raviser et finalement, on apprend dans la presse que les deux tiers de l’effectif devraient avoir quitté le club à la fin de la saison, avec le montant souhaité pour chaque joueur en annexe. Une fuite qui a provoqué l’ire de la direction, qui a annoncé dans un communiqué son intention de déposer plainte pour soustraction de documents envoyés à la DNCG.

La DNCG qui, ce lundi, a infligé à Sochaux la première sanction de son histoire : masse salariale encadrée et interdiction de recruter à titre onéreux. « Quelque part, on a été déçus du verdict, regrette Mathieu Triclot. S’il avait été plus sévère, il aurait précipité la vente du club. » Maigre consolation, la direction, qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, finit par déclarer que la braderie de l’effectif est annulée et l’investisseur promet un million supplémentaire en janvier. Si sportivement, la saison est sauvée, force est de constater que le boss chinois est désormais en plein coup de poker. « Je ne crois pas à une vente, débite Sébastien Michaux. Le club peut encore aller chercher les barrages pour la Ligue 1 et prendre de la valeur. Monsieur Li essaie de rendre la mariée la plus belle possible et cela passe actuellement par le recrutement de nouveaux investisseurs pour l’accompagner. Mais si le retour de trêve se passe mal, il pourra repartir avec son argent en fin de saison et définitivement lâcher Sochaux. »

Politiques, journalistes, supporters : l’union sacrée

Entre supporters et direction, le torchon brûle. Au sein même des instances, on commence à se tirer dans les pattes. Le directeur général Ilja Kaenzig a annoncé son départ à la fin de l’année civile. Kaenzig s’était fait connaître pour percevoir plus de 60 000 euros de salaire mensuel, l’un des plus élevés du football français. Une somme que l’administrateur Thomas Lichtenauer prétendait ignorer. « Soit il ment, soit il signe des PV de conseil d’administration sans les lire » , grince Sébastien Michaux. Bras droit de Wing-sang Li, Thomas Lichtenauer a été prolongé à son poste d’administrateur pour trois ans, malgré la débâcle de Ledus France dont il était à la tête. Ce qui ne l’empêche pas de mordre la main qui le nourrit. Selon lui, les finances de Monsieur Li seraient plus critiques que jamais. Quelle surprise.

« Progressivement, les supporters sochaliens ont ouvert les yeux sur la situation » , explique Fabrice Lefèvre. « Et on a assisté à une sorte d’union sacrée entre supporters ultras et lambda, mais aussi avec les politiques locaux et les journalistes, ce qui est assez rare pour être souligné ! » ajoute Mathieu Triclot. Cette union sacrée du public et des observateurs, l’entraîneur Peter Zeidler l’a bien remarquée : « Je participe aux rencontres avec les supporters tous les mois. Et je constate que sur le terrain, on est porté par notre public. Je suis passé par plein de clubs, mais je n’ai jamais vécu ça avant. L’autre jour au marché de Noël, on m’arrêtait pour me dire que nous étions soutenus. Hier à l’entraînement, il faisait -2 degrés, mais une centaine de personnes était là. Certains avaient pris une demi-journée de congé pour parler avec nous. » Le technicien allemand, dont le contrat se termine en 2019, aimerait désormais que l’on se reconcentre sur l’aspect sportif. S’il promet les deux premières places du classement à Reims et Nîmes, les barrages restent un objectif. « En ce moment, on ne parle que de bourse et d’argent. Bien sûr que c’est désagréable d’apprendre qu’on est à vendre et pour combien en lisant le journal. C’était le sujet numéro un dans le vestiaire. Mais maintenant, on ne regarde que le terrain. La saison est sauvée, mais il ne faut surtout pas vendre cet hiver. Je ne suis pas encore pleinement satisfait de notre niveau de jeu, il reste des progrès à faire. »

En attendant de voir comment les Lionceaux affronteront Clermont ce vendredi, l’énigme de l’avenir du FCSM reste insoluble. En Ligue 2 ou en Ligue 1 ? Avec quel effectif et avec quelles ressources ? Il faudra combiner les intérêts financiers de Monsieur Li avec le brûlant désir des supporters de tourner la page Tech Pro, officiellement aux commandes jusqu’en 2019. « Je ne sais pas encore qui sera le repreneur, conclut Mathieu Triclot. Mais il faudra qu’il soit en aval avec le projet de socios que nous sommes en train de développer. On voudrait faire un mélange de ce qui se passe à Guingamp et au Havre : devenir actionnaires minoritaires et avoir une voix dans le processus de décision. » Pour ne pas saborder l’héritage de la crinière du lion qui, de tout temps, leur a donné le cœur de figurer parmi les meilleurs.

Dans cet article :
National : Villefranche se relance, Sochaux miraculé
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Par Julien Duez

Tous propos recueillis par JD

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