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Skread : « Caen a le cul entre deux chaises »

Propos recueillis par Romain Lejeune
4 minutes
Skread : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Caen a le cul entre deux chaises<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il a bossé avec Booba et Diam's avant de devenir l'homme de l'ombre d'Orelsan, pour lequel il compose, réalise, produit. Rencontre avec un Caennais féru de foot dont le père a gardé les cages de l'équipe de France.

Le Stade Malherbe, un club à part ?C’est un club particulier dans une ville particulière ! Nous sommes proches de Paris, mais nous ne sommes pas aussi gros que Rennes. Caen a le cul entre deux chaises. Résultat : à chaque fois que des talents sortent du club, ils trouvent que le club n’est pas assez gros pour eux. Ils ne donnent pas leur maximum et finissent par se barrer.

Pourquoi personne ne veut y rester ?C’est une ville trop petite pour être indépendante, mais trop grande pour ne pas compter. Nous sommes aspirés par Paris, et ça se traduit dans les mentalités : les gens qui le peuvent finissent par partir. Et notamment les joueurs de foot.

Toi, tu as toujours soutenu le club ?Mon père a failli être professionnel. Il était gardien de but et a été gardien de l’équipe de France universitaire, quand il était jeune. De 8 à 16 ans, j’allais au Stade Malherbe avec lui. A côté de ça, j’ai passé mon enfance à jouer sur le terrain du quartier, avec les copains. En revanche, je n’ai jamais eu envie de jouer en club.

Comment tu l’expliques ?Le côté coup de crampon dans les tibias, sous la pluie, le dimanche, ne m’a jamais vraiment attiré. Mais aller taper une lucarne avec les potes, ça oui ! Je suis gaucher, et j’ai toujours essayé de faire honneur à la réputation, en essayant d’avoir une frappe lourde. J’étais plutôt compétiteur d’ailleurs…

Ton père a côtoyé des pros ?Il n’a pas eu le temps. Il jouait à ce niveau dans les années 60. C’est d’ailleurs lui qui m’a transmis la passion. J’allais déjà au stade avant la création du stade d’Ornano. C’était le stade de Venoix. Quand ils ont construit d’Ornano, ça nous paraissait énorme, alors qu’il n’y a que 21 000 places. J’adorais aller voir des mecs comme Hippolyte Dangbeto. Mais Caen est une équipe dure à suivre. On faisait une année en D1, puis deux années en D2, et puis on finissait par remonter, sans trop savoir comment.

Tu parlais d’Hippolyte Dangbeto, d’autres joueurs t’ont marqué ?Il y avait Richard Dutruel, Xavier Gravelaine, au début des années 90. Willy Görter aussi, et Kennet Andersson le Suédois, arrivé juste après le Mondial 94 qui se tenait aux États-Unis. L’époque où Caen jouait en coupe d’Europe, en UEFA (Ndlr : Saison 1992/93) ! Élimination dès le premier tour contre Saragosse ! L’histoire du club a été rythmée par des trucs épiques. Comme Orelsan le dit dans l’un de ses morceaux, Caen est capable de finir relégable tout en étant en finale d’une Coupe. Comme en 2005 lorsque l’on se retrouve en finale de la Coupe de la Ligue (Ndlr : perdue face au RC Strasbourg) avant d’aller retrouver la Ligue 2.

Tu as pu fréquenter certains piliers de l’époque ?J’ai quelques photos chez moi avec les joueurs de cette génération. Au stade, on parvenait à les croiser. Je me souviens surtout de la ferveur, même en étant originaire d’Hérouville Saint-Clair, une petite ville collée à Caen. Quand ils étaient gros, les matchs passaient à la télé, nous étions fiers.

Quelle est la saison type du Stade Malherbe ?Le schéma classique d’une saison de Caen est le suivant : on commence bien la saison, on est pratiquement relégable au milieu, puis on remet un coup de collier sur la fin pour sortir de la zone rouge, avec quelques beaux matchs, pour finalement finir en milieu de tableau. D’ailleurs, on commence souvent la saison en tapant le champion de France de la saison précédente. Là, on se sent fort ! Puis tout fout le camp ensuite !

Pourtant, il y a eu du potentiel…Gravelaine a explosé à Caen ! Dutruel aussi ! Un gardien qui a quand même joué au Barça quelques années après. Et puis Benoît Cauet qui, après Caen, a joué à Nantes, au PSG et à l’Inter Milan ! Je dirais qu’il y a toujours eu une bonne synergie dans ce club. Pour ça, on se dit qu’il y a eu une sorte de gâchis. C’est ça qui est dur.

Raelsan

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Propos recueillis par Romain Lejeune

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