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Sibierski : «Barton est plus mature»

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Sibierski : «Barton est plus mature»

Denoueix, Lille, Guy Roux, Joey Barton, Glenn Roede, Wigan, Michael Owen, Courbis, Anelka, Rc Lens, Championship, Fowler, Manchester City : Antoine Sibierski, joueur au talent parfois incompris, a eu une carrière bien remplie. Globetrotter, talent populaire, il se fout du palmarès. Au choix, Antoine préfère les rencontres humaines et surtout... Manchester, plus que tout.

Formé au LOSC, êtes-vous surpris par l’ascension de ce club ?

Ce n’est pas le club que j’ai connu, à l’époque, on ne jouait que pour se sauver avec un budget minime. Jamais je n’ai imaginé voir ce club là où il est aujourd’hui. Un moment j’ai dû quitter Lille, a 21 ans t’as des Makelele et Florian Maurice en espoirs, tu te dois de hausser ton niveau de jeu et ça passait par un départ. Aujourd’hui, ils ont un super outil d’entrainement, un nouveau stade qui arrive l’année prochaine. Si j’avais connu ce LOSC-ci, j’aurais eu envie d’y faire toute ma carrière comme un Debuchy. Des installations magnifiques, qui sont tout simplement dignes d’une ville comme Lille, à l’époque, ils n’avaient pas compris ça. Michel Seydoux a compris l’enjeu d’une métropole de ce niveau-là, il fait du bon boulot.

Votre poste, c’était plutôt milieu de terrain à l’anglaise en fait…

J’ai commencé milieu droit avec Jean Fernandez au LOSC. Guy Roux voulait faire de moi le nouveau Cocard à Auxerre alors que je manquais de rapidité, mon jeu est nonchalant, je suis lent donc je me devais d’être supérieur techniquement. Il n’y en a pas beaucoup qui ont compris la position où je pouvais être le plus efficace. Le premier à m’avoir compris immédiatement, c’est Raynald Denoueix. En Angleterre, c’est Glenn Roeder à Newcastle. Ma meilleure position était derrière les attaquants, j’aimais me balader, me projeter vers l’avant. Je suis un milieu à l’anglaise, comme peut l’être un Lampard ou un Gerrard.

Lors de votre passage à Nantes, vous êtes sur les ordres de Denoueix. C’était comment ?

Je le découvre en 1998 à mon arrivée à Nantes. C’est tout simplement un entraineur compétent, Raynald était un entraineur qui pouvait parler tactique, technique sans problème. J’ai eu des entraineurs incapables de faire le bon choix au moment donné. Denoueix est pour moi le meilleur coach que j’ai eu dans toute ma carrière. A Nantes, c’est la seule fois où je prenais réellement du plaisir sur un terrain. Avant, je devais me faire mousser pour qu’on parle de moi et comme beaucoup de joueurs, je pensais avant tout à mes performances individuelles. Il n’y avait aucune jalousie sur le terrain, c’était l’esprit nantais. On avait une équipe pas forcément physique mais l’intelligence de jeu primait. A la dernière journée, on joue le maintien au Havre et le discours était toujours le même de la part du coach : « Il n’y a que par le jeu que vous vous sauverez les gars » . La qualité de jeu doit toujours primer sur le jeu physique !

Puis en 2000, vous signez au RC Lens. Un challenge ?

Je savais en signant au RC Lens que ça allait être compliqué pour moi, j’ai toujours été quelqu’un qui aime les défis, je suis un challenger donc ce n’a pas été un problème, malgré ma première année très difficile avec Courbis, et les supporters qui s’en prenaient à moi. Après est arrivé Georges Tournay qui n’est pas pour moi pas un entraineur, c’est un homme respectable mais au niveau football, il n’avait tout simplement pas les épaules pour gérer un groupe, même en adjoint, il était limite, pas compétent aux côtés d’une équipe première.

Saison 2001-2002, le RC Lens échoue à deux points du titre. Est-ce là le début de la chute ?

Cette saison-là, pendant les quatre premiers mois, je suis sur le banc, Joël Muller ne me fait pas jouer. Il ne m’a rien apporté du tout. J’avais pris la défense de Courbis la saison passée donc on a cassé du sucre dans mon dos. De par mes performances à l’entrainement, il était obligé à un moment de me faire jouer, c’était en en décembre. Muller est un homme que j’apprécie mais au niveau du jeu, il ne m’a rien apporté, trop frileux. Forcément, on peut faire le parallèle avec l’échec du titre cette saison et le club qui décline ensuite, il y a une grande part de vérité.

Comment expliquez-vous le déclin de clubs historiques comme Nantes et Lens ?

C’est tout con ! Il suffit de comptabiliser le nombre d’entraineurs ahurissant de ces deux clubs qui sont passés, il y a un manque de stabilité criant. Nantes et Lens avaient des mentalités bien différentes. Un club comme Nantes, qui joue au ballon, a changé de mentalité et se met à produire un jeu athlétique, c’est tout simplement une philosophie qui s’écroule ! Lens s‘est trompé sur l’apport de pas mal de joueurs et d’entraineurs ces dernières années, ils n’avaient pas la mentalité adéquate au club tout simplement.

« Anelka est extraordinaire »

Pourquoi quitter la France pour un club encore modeste à l’époque, Manchester City ?

C’est Kevin Keegan qui vous appelle ! Ça ne se refuse pas. Puis c’est simple, je mets le nom des joueurs sur le papier : Anelka, Reyna, Given, McManaman, Fowler … L’équipe était loin d’être dégueulasse, puis jouer en Angleterre, c’est un rêve. Je suis un gars populaire, ça a compté dans mon choix aussi, City est un club populaire, j’aime le peuple. A Manchester, tu vois plus de bleu que de rouge.

Et Anelka ?

Le meilleur joueur avec qui j’ai joué, Nico. Il est tellement doué, devant le but, il est extraordinaire. Un homme profond, je ne comprends pas les critiques à son encontre en France. Il n’y a jamais eu de problème avec aucun joueur ici, il est toujours prêt à signer des autographes pour les gamins ou bien faire une photo. Nico aurait dû jouer dans un club du calibre de Chelsea depuis longtemps.

Vous avez joué un historique Manchester City-Manchester United (victoire en 2004, 4-1). Est-ce qu’il y a mieux comme émotion ?

Battre United, c’est la chose principale pour les supporters, tu peux même aller jouer en Championship l’année suivante, les supporters ne t’en tiennent pas rigueur si tu tapes United. C’est extraordinaire. Après, j’ai peur que les supporters ne se reconnaissent plus, aujourd’hui, dans ce club, l’âme du club est en jeu même si je me réjouis de voir City en haut de l’affiche.

Un joueur vous a-t-il impressionné mis à part Anelka ?

Honnêtement, nan, à l’entrainement je me sentais au même niveau voire supérieur à beaucoup. Je ne comprenais pas d’ailleurs que Keegan fasse jouer McManaman à ma place au début, alors je suis allé le voir à l’entrainement et il m’a tout simplement expliqué que c’était pour que je m’adapte au jeu anglais. Il a tenu sa parole, un mois plus tard, j’étais titulaire indiscutable.

Joey Barton dans le vestiaire, c’était comment ?

Joey était un peu foufou, il est plus mature maintenant. C’est un joueur de tempérament tout simplement. C’est une mentalité après… En Angleterre, l’engagement est total, c’est un défi qui touche l’orgueil pour un joueur d’aller récupérer le ballon dans les pieds adverses. Par exemple, Joey et Steven Gerrard sont très proches dans la vie, ils sont de la même ville et pourtant sur le terrain, les deux ne se connaissaient plus, ils ne se faisaient aucun cadeau : c’est le fighting spirit.

« Newcastle, ma plus belle année »

St James Park, c’est comment ?

Le début a été compliqué, je suis venu gratuitement, ce qui n’est pas logique pour le supporter de Newcastle, tu dois coûter 10-11 millions d’euros pour valoir quelque chose à leurs yeux. Des joueurs dans le vestiaire lâchent même des : « Newcastle perd de son standing » . Mais j’ai mis tout le monde d’accord rapidement, au bout de deux mois, les supporters chantaient mon nom.

Vous avez joué à Newcastle, Wigan, Norwich… Vous avez développé un goût prononcé pour le kick and rush ?

C’est faux! Newcastle a toujours aimé produire du jeu, Shay Given avait pour obligation de relancer à la main à ses latéraux. C’est un autre cliché venu de France. Il y avait une recherche permanente de jeu, c’était une équipe pas du tout athlétique. Ça ne m’étonne pas qu’ils recrutent de petits gabarits aujourd’hui pour se renforcer. A Wigan pareil, je joue avec des gars comme Antonio Valencia, Palacios, N’Zogbia, à ce que je sache, ce ne sont pas des bourrins…

Le transfert de Cabaye à Newcastle marque-t-il une progression pour lui ?

Il faut arrêter avec ça. Cabaye aurait touché le même salaire dans un autre club, il m’a appelé au mois de mars-avril pour avoir mon avis sur le club, je lui ai dit d’y aller les yeux fermés, tu vas connaitre des émotions extraordinaires là-bas. Tu es certain d’y être titulaire, tu joues face à de belles équipes et le stade est tout le temps plein. C’est mon plus grand regret d’y être resté seulement une année, je jouais quand même avec Scott Parker, Emre, Milner, Owen, Martins…. Je serais resté s’il n’y avait pas eu un président incompétent, un de plus…

Manager, ça vous dirait ?

J’habite à Manchester, aujourd’hui, je vis ici, c’est sûr que j’aimerais devenir manager dans ce pays, je suis passionné par ce sport. Je passe actuellement mes diplômes d’entraineur et en parallèle je m’occupe de ma fondation (fondation Sybille) et de mon association AS United qui aide des jeunes à découvrir le monde professionnel du foot.

Propos recueillis par Mehdi Saïd

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