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« Si on m’a nommé parce que j’ai 62 ans, ça ne passera pas… »

Propos recueillis par Arnaud Clément
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À 62 ans, Maurice Obitz est un homme au parcours foot qui en impose, quand bien même il n'a jamais fait carrière dans le foot. Des gants rangés à 45 ans, des matchs caritatifs contre d'anciens pros ou au Maracanã, un coach nommé Jean Djorkaeff... Aujourd'hui adepte du foot à 5 à l'âge où d'autres se contentent du partage du verre de Stéradent avec maman, il a appris il y a quelques jours sa nomination parmi les neuf prétendants au titre de meilleur gardien du championnat national, la Powerade ligue de Convi'Five, au milieu de gamins qui pourraient tous être ses petits-enfants. Entretien.

Maurice, à 62 ans, vous faites partie des neuf nommés au titre de meilleur gardien du championnat national de foot à 5 organisé par Convi’Five. J’imagine que c’est une vraie petite fierté personnelle…

Oui, c’est sûr que je ne m’attendais pas à ça, c’est le moins qu’on puisse dire.

Ce n’est pas comme si on attribuait un César d’honneur à un acteur pour l’ensemble de son œuvre ?

J’espère que non. Parce que s’il y avait consécration, ça serait uniquement valorisant si j’avais été jugé sur la performance, pas pour une quelconque « carrière » ou mon âge. Si demain, on me dit que c’est parce que j’ai 62 ans, non… Ça passerait mal. Si je suis dans cette sélection et dans une équipe qui est arrivée à la finale nationale, j’ai le droit d’espérer la devoir à mes prestations, non ? (rires)

Alors justement, racontez-nous cette aventure qui vous a permis, avec vos petits Gones, d’être du rendez-vous parisien de la finale nationale de ce championnat français de foot à 5 organisé par Convi-Five, l’organisation présidée par l’ancien Lillois Christophe Pignol…

En fait, je suis ami avec le propriétaire d’un complexe de foot à 5, à Mions, à côté de Lyon. Il souhaitait rejoindre cette compétition nationale. Donc il a monté une équipe et m’a sollicité. Pour la première étape à Craponne (69), je me suis retrouvé dans l’aventure avec son fils et d’autres jeunes. L’équipe a été finalisée la veille et l’idée était surtout de participer et se faire plaisir. Et on a très bien tourné puisqu’on s’est qualifié pour le rendez-vous régional du Sud de la France à Béziers. Et là-bas, le 9 mai, on a eu le même souci, avec une équipe refaite à la hâte de par le fait que les jeunes présents pour la première étape avaient des matchs en club ce week-end. On s’est retrouvés à cinq, sans remplaçants. Et l’aventure s’est renouvelée et plutôt bien même, puisque nous nous sommes qualifiés là encore, cette fois pour la finale parisienne (les 3 et 4 juille, ndlr).

Vos partenaires pourraient être vos petits-enfants, mais ont déjà du ballon aussi…

La plupart de ces jeunes ont déjà fait quelques apparitions en CFA ou en CFA2, oui. La plupart joue à l’AS Saint-Priest, il y en a un qui fait aussi du futsal en club, et ils sont vraiment bourrés de talent. Et puis ils sont géniaux, car ils m’acceptent.

Il n’y a jamais eu de remarque ou de crainte de leur part quand ils ont appris qu’ils allaient jouer avec un sexagénaire ?

Justement, non. Quand je me pose des questions justement sur ma place au milieu d’eux, je me rassure en me disant qu’ils m’acceptent. Et j’espère pour eux que ce n’est pas source de honte ou de crainte. En tout cas, je n’ai jamais reçu de remarque désobligeante, ils sont tous de charmants petits gars. Après, quand je vais dans un tournoi, ce sont ceux qui ne me connaissent pas qui vont se dire : « Tiens, regarde l’âge du gardien en face, va falloir frapper… » Et en général, le match se passe et à la fin, ils viennent me serrer la main pour me féliciter et me dire que je n’ai pas tout perdu (rires).

Un suiveur de l’actu du foot à 5 nous a dit qu’à votre âge, vous aviez encore de très beaux restes et même rien à envier aux jeunes gardiens de 20 ou 30 ans que vous croisez à chaque sortie. Pas de complexe d’infériorité de votre part donc ?

Non, aucun complexe ! Après, c’est vrai que le temps passe et, pour être très honnête, il m’arrive parfois de me poser la question de savoir si ma place est toujours là. Quand on fait des tournois amicaux, je croise des gens un peu plus âgés et des jeunes. Bon, ce n’est aucunement un souci de jouer avec des gamins de 20 ans. Mais là, sur les étapes de la Powerade League, c’est vraiment très jeune. Donc je me dis parfois : « Mais qu’est-ce que je fous là ? » Le jour où je déclinerai, comme on dit en boxe, je ne ferai pas le combat de trop. Dans la cage, j’arrive encore à faire de bonnes choses.
La grosse troisième mi-temps avec les jeunes qui sortent en boîte, je n’y vais pas…

Être gardien en 5 vs 5, c’est un peu comme garder une cage de handball, non ?

C’est un peu différent du foot à 11 et du futsal. Ça fait cinq ans que je pratique cette discipline et avant, j’avais encore ces habitudes du foot à 11. Mais l’idéal est le mix avec la gestuelle et le placement du gardien de handball. Dans un match, il y a beaucoup de réflexes, d’arrêts au pied, on ne se couche pas systématiquement quand le joueur se présente à vous… D’ailleurs, tactiquement, le foot à 5 est aussi très différent dans la construction des attaques, la possession ou la défense.

Sans vous faire injure, vous êtes sûrement moins vivace qu’à vingt ou trente ans. Alors quels sont vos points forts ou vos trucs pour figurer dans cette liste de nommés de meilleur portier ?

J’ai du mal à vous répondre très honnêtement. Je suis moins vif, oui. On a coutume de dire qu’avec l’âge, on perd les réflexes alors que le foot à 5 en demande encore plus. Les frappes partent de plus près et il y en a énormément en 40 minutes, des duels, aussi. Ça demande des réflexes, un placement aussi, mais je n’ai pas de secret. Je garde un peu la forme, je vais courir. C’est aussi une passion. Et en match, je suis toujours très concentré, car ça va vite. Mais que dire de plus ? Franchement, je ne vois pas.

Votre santé et votre physique suivent aussi pour répéter les efforts ?

C’est un souci, oui. J’ai un problème récurrent au genou depuis des années. Mon médecin me dit d’arrêter à cause d’une opération du ménisque. Aujourd’hui, ça s’est dégradé à un point… Mais je serre les dents, et la passion me fait tenir. Après, oui, j’ai quelques petits problèmes de récupération. Après un tournoi, pendant un ou deux jours, il ne faut pas faire n’importe quoi. Et la grosse troisième mi-temps avec les jeunes qui sortent en boîte, je n’y vais pas. Et ça ne serait pas ma place.

Si vous êtes dans cette liste de nommés, c’est aussi sans doute de par votre vécu en football à 11, où vous avez touché à un bon petit niveau, non ?

J’étais à l’OL tout gamin. Mais j’ai fait l’essentiel de ma carrière à l’UGA Décines (en banlieue lyonnaise, ndlr). J’ai joué 23 ans en équipe première chez les seniors. À l’époque, Jean Djorkaeff avait fini sa carrière au PSG et a repris au club. J’ai pu jouer dix ans avec lui. On a fait deux 32es de finale de Coupe de France contre des D1. Puis Jean est devenu l’entraîneur. On est montés en D4, puis on est redescendu, mais c’était vraiment la belle aventure. Et je me suis arrêté en DH à 45 ans. Ça a été de très belles années, j’en garde d’excellents souvenirs.

Et cette vie de gardien est même devenue une affaire de famille puisque votre fils, Yann, a aussi embrassé le même destin que vous…

Oui tout à fait, il a joué jusqu’en CFA2 à MDA Chasselay, puis aussi en DH. Là, il a trois enfants et beaucoup de contraintes avec les entraînements et la présence demandée pour jouer à un bon niveau, donc il évolue à un niveau PHR. On joue même ensemble parfois en foot à 5. Pendant trois ans, on a fait un petit championnat le lundi et il venait jouer dans le champ.

Et le football vous a-t-il permis de belles rencontres ou des moments particuliers.

Quand j’ai arrêté, j’ai ensuite joué pendant dix ans avec l’équipe des Gones de Lyon, présidée par Marc Naville, ancien journaliste au Progrès qui couvrait l’OL. Elle regroupait d’anciens pros, dont Serge Chiesa ou Bernard Lacombe, de très bons amateurs, et nous jouions pour des inaugurations de terrain ou une association. Parallèlement, j’ai aussi joué avec des journalistes de France Télévisions et leur équipe baptisée « Foot du Monde » . Un peu comme le Variété club de France, on joue pour des événements et j’en garde de très bons souvenirs. Il y avait là aussi quelques anciens qui venaient se greffer aux journalistes, comme Didier Six. Il y a quelques années, on a par exemple pu jouer au Maracanã contre les journalistes de la chaîne de télévision Globo, c’était assez particulier. Et puis sinon, grâce à Denis Dupont et l’ancien gardien Dominique Casagrande, tous les ans, dans la région lyonnaise, on a de petits événements, baptisés « Les Boss du Foot » , qui mêlent anciens pros de la région, comme Caveglia par exemple, et amateurs. Donc c’est toujours bon enfant, et le niveau y est encore bon.

Et à ce jeu-là, qui a les meilleurs restes chez les anciens pros présents ?

Ah, Cavegoal est toujours bon, Jean-Marc Chanelet et Pierre Laigle aussi. Mais ce sont tous des compétiteurs dans l’âme, alors avec un jeu comme ça… Mais ça se passe toujours bien, c’est ça aussi qui fait le charme de la chose. Et le 28 mai, on remet ça à Mions.
JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Propos recueillis par Arnaud Clément

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