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Shirley Cruz : « Montrer que Paris a passé un cap »

Propos recueillis par Benjamin Laguerre
6 minutes
Shirley Cruz : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Montrer que Paris a passé un cap<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Première des deux finales PSG-OL ce vendredi à Vannes avec la finale de la Coupe de France, en attendant celle de la Ligue des champions le premier juin à Cardiff. Pour présenter cette double confrontation, qui de mieux que l'ancienne Lyonnaise et actuelle capitaine du PSG, Shirley Cruz ?

Le match de championnat samedi dernier à Lyon, pour le premier des trois matchs contre l’OL (3-0), c’était une défaite volontaire ? Un piège de votre part pour mettre les Lyonnaises en confiance ?Non, pas du tout. Ce match, on l’a perdu toutes seules, sur le terrain. C’est vrai que c’était un match diffèrent des deux autres dans le sens où il n’y avait pas d’enjeu. On savait qu’on finirait troisièmes. Mais dans ce match, on a commis des erreurs qu’on a payées cash en prenant ces trois buts, c’était un jour sans pour nous. Ce sont des choses qui peuvent arriver, mais on doit prendre ça comme une contre-performance par rapport à laquelle on doit progresser pour ne pas répéter ces erreurs dans les deux matchs à venir.

Et maintenant les deux finales vont vous donner l’occasion de montrer autre chose.Peut-être qu’inconsciemment, on a pu se relâcher un peu sur ce premier match, sans le vouloir. Mais sur les deux prochains matchs, ce sont des finales, et forcément, on va être dans d’autres dispositions d’esprit. On sait qu’il faut aller chercher la victoire pour ramener un titre à Paris. Et on est prêtes pour !

Votre victoire lors du match aller à Paris en championnat avait surpris pas mal de monde (1-0). Comment l’avez-vous ressenti au sein du vestiaire ?Pour nous, c’était juste la récompense du travail accompli depuis le début de la saison avec le coach. On savait que sur un match, on pouvait rivaliser avec Lyon et on l’a démontré sur ce match à domicile en décembre. Maintenant, on doit confirmer sur ces deux finales à venir que cette victoire n’était pas le fruit du hasard, mais un gage de qualité par rapport à notre niveau.

Tu as connu l’actuel entraîneur parisien, Patrice Lair, pendant deux ans à Lyon. A-t-il changé depuis son époque lyonnaise ?Il a changé dans son management principalement, dans son relationnel par rapport au groupe. En fait, à Lyon, il n’avait quasiment que des joueuses internationales, et du coup, sa gestion du groupe était assez stricte. Il était assez dur avec les filles. Ici à Paris avec un groupe différent, et plus jeune, il est plus protecteur. Il sait aussi dire les choses à sa façon, quand il le juge nécessaire, mais il prend le temps d’expliquer aussi aux plus jeunes certains points, certains aspects par rapport à ce qu’il attend. Ce sont des choses qu’il ne faisait pas à Lyon.

Sabrina Delannoy nous confiait avant le match contre le Barça au tour précédent que le coach avait amené ce quelque chose qui manquait à l’équipe par le passé. Tu partages son avis ?Oui, notamment par rapport à l’état d’esprit. Patrice, c’est quelqu’un de très pointilleux dans son travail, mais c’est surtout un coach qui déteste perdre et qui nous transmet cette haine de la défaite. Je crois que le principal changement se situe à ce niveau-là.

Et que manque-t-il à ce PSG dont tu fais partie depuis maintenant quatre ans pour arriver au niveau de l’OL (club pour lequel elle a joué entre 2006 et 2012, ndlr) ? Dans les années passées, je crois qu’il nous a manqué à Paris une certaine forme de continuité par rapport à la gestion du groupe pour pouvoir nous rapprocher du niveau de l’OL. Mais je pense que le PSG progresse aussi à ce niveau-là et que la venue de Patrice s’inscrit dans cette logique. Il est aussi venu pour construire la section féminine plus globalement, la structurer et la faire grandir de façon sereine avec des bases solides.

Dans le groupe, les autres filles t’appellent « jefe » . En tant que capitaine, c’est normal, non ? (Rires) En fait, j’aime bien ce surnom, mais c’est surtout pour les embêter et m’amuser un peu avec elles. Après, mon rôle de capitaine se situe surtout en dehors du terrain, dans notre vie de groupe. Je suis surtout là pour veiller sur les autres et pour faire en sorte que tout se passe bien entre nous. On passe beaucoup de temps ensemble, beaucoup d’heures ici au centre d’entraînement, on partage beaucoup de choses, bonnes et parfois moins bonnes. En plus, on est des filles et ce n’est pas toujours évident ! Après, quand une fille va moins bien, que ce soit niveau football ou personnel, j’essaye d’être là. Le but, c’est que chacune se sente le mieux possible et que le groupe soit soudé pour pouvoir aller loin ensemble. J’avais beaucoup appris des anciennes quand je suis arrivée à Lyon, et maintenant j’essaye d’apporter la même chose aux jeunes dans le vestiaire.

Les matchs contre Lyon ont toujours une saveur particulière pour toi.Bien sûr, c’est toujours très spécial pour moi et c’est une émotion à part. Je suis reconnaissante de tout ce que le club m’a apporté. L’OL, c’est le club avec lequel j’ai grandi en tant que joueuse et avec lequel j’ai remporté de nombreux titres. Maintenant, j’espère en gagner avec le PSG pour montrer que Paris a passé un cap. Seule une victoire pourra nous donner cette légitimité.

Le championnat de France de première division semble manquer de compétitivité. L’écart entre les 3-4 équipes du haut de tableau et les autres paraît immense.Le problème, c’est l’argent. Il faut que les clubs pros de L1 investissent dans leurs équipes féminines, il n’y a pas de secret. Tout est déjà en place dans les clubs pour les garçons, le foot féminin doit en profiter pour s’améliorer. Les structures sont là, mais la volonté doit venir des dirigeants de ces clubs. C’est la seule solution pour créer un championnat féminin plus homogène et de meilleure qualité.

La finale de Ligue des champions PSG-OL va sans doute bénéficier au foot français féminin.Oui, le fait que deux équipes françaises se retrouvent en finale est très positif pour le foot féminin en France. Il faut espérer que cela aura un impact à moyen terme sur la médiatisation de notre football et sur son développement de façon plus générale.

En finale des garçons, on retrouvera Keylor Navas dans les buts du Real Madrid contre la Juve. Avec toi chez les filles, le Costa Rica place deux représentants en finale de Ligue des champions, c’est inédit pour un pays de moins de 5 millions d’habitants…Pour notre petit pays, c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire. On se retrouve au sommet, on ne peut pas rêver mieux qu’une finale de Ligue des champions ! C’est une belle vitrine pour le football costaricien et c’est une preuve que si on nous donne la possibilité de démontrer nos capacités, on répond présent. Je sais qu’au pays, ces deux finales sont très attendues et qu’elles seront suivies avec beaucoup d’attention et de fierté !

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Propos recueillis par Benjamin Laguerre

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