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Serge, l’amour dure trois ans

Par Mathieu Faure
4 minutes
Serge, l’amour dure trois ans

Au cœur d’un été fou pour le PSG, Serge Aurier a enfin reçu l’autorisation légale de traverser la Manche, sésame indispensable pour qu’il signe à Tottenham et va quitter le club parisien après trois saisons. Serge aimait, aime et aimera toujours le PSG. Au départ, c’était un mariage parfait. Mais l’amour ne fait pas de miracles. Et c’est sans doute mieux comme ça.

Serge Aurier deviendra peut-être un arrière droit d’envergure internationale à Tottenham, spécialement sous les ordres de Mauricio Pochettino. Peut-être que le PSG le regrettera un jour, mais c’est la vie. Et la vie, c’est faire des choix. Le départ de l’ancien Toulousain pour la Premier League, et donc loin de Paris, était la meilleure chose à faire. À la fois pour le PSG, mais aussi pour le joueur. Question d’image, de principe, de renouveau et parce qu’il faut enfin tourner la page. Depuis la séance nocturne de Periscope en février 2016, alors que le garçon était confortablement installé à son poste de latéral droit au PSG, Aurier n’a jamais refait surface. Quelque part, ce suicide public a fait passer le jet de maillot de Mateja Kežman pour une broutille. Là, perdu entre un pote et une chicha, Aurier s’est lâché sur Ibrahimović, Sirigu, Blanc et Van der Wiel, entre autres. En public. Là, il nous a déçus, car on croyait en lui.

Dans une entreprise normale, Aurier aurait pris la porte avec ses tickets restaurant et sa plante verte. Mais un club de football, et encore plus le PSG, n’est pas une entreprise normale. Conscient de la valeur marchande du joueur, Aurier est resté. Il a été puni, mais c’est sa réintégration qui a sonné la fin de ses espoirs, mais aussi des nôtres. Derrière, le numéro 19 a débuté les deux matchs contre Manchester City, pour l’image du club, c’est dramatique. Il a même joué une saison de plus dans la capitale, refusant une offre de prolongation du PSG et oubliant ses habits de footballeur dans les vestiaires de Lorient alors qu’il devait entrer en jeu. Hasard du calendrier, le match suivant était celui du fiasco du Camp Nou, quand tous les yeux étaient braqués sur le PSG. Hasard de la vie, c’est tombé sur Aurier. Comme cette histoire de boîte de nuit et d’embrouille avec la BAC. C’est encore tombé sur Aurier. Comme par hasard. Alors oui, on peut pardonner. Surtout quand on est jeune. Mais on peut aussi apprendre. Et on peut aussi se faire une raison.

Il avait tout pour lui…

Entre Aurier et le PSG, ça aurait pu être une belle histoire. Ça aurait dû être une belle histoire. À Paris, l’homme de Sevran était proche des siens. C’était frais, authentique, sulfureux, dangereux, risqué. Un peu comme le projet Paris Banlieue des années 2000. Surtout dans un club qui a souvent considéré que son pouvoir d’attraction s’arrêtait aux portes du périphérique. Non, Paris, ce n’est pas que le 75. Mais comme aimait le dire Booba, la banlieue c’est dangereux, t’as raison de te chier dessus. Aurier avait tout pour plaire : drôle, bonne gueule, ambianceur, amoureux de Paname, porteur d’une certaine image, doué, athlétique et avatar parfait d’un PSG ambitieux et nouveau. Mais il avait aussi sa face sombre : influençable, sulfureux, jeune, mal entouré, immature et pas forcément prêt à ce déferlement médiatique. C’est dans l’équilibre entre ces deux forces que devait se jouer sa réussite au PSG. Ou son échec. Réussir chez soi, encore plus à Paris, a une valeur inestimable. Mais c’est aussi compliqué. Il faut être bien entouré, solide dans la tête et savoir mettre une distance avec les copains. Ceux de l’enfance, mais surtout les opportunistes.

Aurier avait tout pour être aimé au PSG. Le PSG avait tout pour aimer Aurier, mais le destin a préféré rendre ce mariage compliqué. Sportivement, le garçon n’aura été vraiment bon et régulier que durant une demi-saison (août 2015-février 2016). Médiatiquement, il avait très vite flirté avec l’exclusion quand, un soir de Chelsea-PSG en 2015, sur son canapé, il avait insulté publiquement l’arbitre du match. Une broutille qui lui avait valu, déjà, une suspension par l’UEFA. Un an plus tard, il récidivera. En pire. On aurait aimé écrire une ode à ses montées sur le côté droit, son sourire communicatif, ses pas de danse drôles, sa barbichette, sa balayette sur Diego Costa, ses vannes sur Marquinhos. On aurait aimé le voir partir au sommet, bon, irréprochable, talentueux, monstrueux. Au lieu de ça, on le voit partir en fin de mercato, à la suite d’une autorisation juridique de sortie de territoire. On est presque heureux de le voir partir. Car quelque chose s’était brisé. Oui, ça n’avait plus de sens. Plus de tendresse. Plus envie de faire semblant. Reste ce sentiment de gâchis. Des deux côtés. Aurier au PSG, ce n’était pas le bon moment, voilà. Malgré tout, on lui souhaite le meilleur avec les Spurs. Parce que ça reste un enfant de Paname. Un sale môme, mais un môme de Paname malgré tout. Et on ne peut jamais se réjouir du malheur de ses enfants. Jamais. Même celui à venir…

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Par Mathieu Faure

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