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Sepp Blatter et la FIFA en dix dates

Par Nicolas Jucha
Sepp Blatter et la FIFA en dix dates

Entre 1975, son arrivée dans la maison, et le 2 juin 2015, date de sa démission, Sepp Blatter aura passé 40 ans au sein de la FIFA, dont 17 comme secrétaire général et 17 comme président. Entre lutte pour le pouvoir, scandales et chute finale...

1976 : début de l’idylle avec l’Afrique

Arrivé un an plus tôt pour renforcer l’équipe du nouveau président João Havelange, Sepp Blatter a une mission simple : gérer des projets de développement et trouver des contrats de sponsoring pour la FIFA. D’où en 1976 un voyage à Addis Abeba, véritable acte fondateur dans la carrière de Blatter selon son conseiller Walter Gagg. « C’était le premier grand séminaire de développement du football en Afrique organisé par la FIFA. Sepp Blatter était le directeur des programmes de développement de la FIFA à cette époque. C’est le point de départ de tout ce qui a été mis en place par la suite pour les 40 ans suivants. » Ce qui a été mis en place ? Le projet Goal, mais aussi la promesse d’un Mondial africain en échange de votes. « C’est là-bas que Sepp a pris conscience de l’importance de l’Afrique. » Et qu’il a donc gagné l’élection de 1998 ?

1981 : la montée en grade

Installé sur les conseils du PDG d’Adidas Horst Dassler, qui a l’oreille d’Havelange, Sepp Blatter profite de la démission d’Helmut Käser, qui goûte peu au tournant « business » de la FIFA, pour se voir promu secrétaire général. « Horst avait totalement confiance en lui, alors on a fait ce qu’il fallait pour l’imposer (sic). Pour moi, il n’y a pas le moindre doute, Blatter travaillait pour Dassler et les intérêts d’Adidas » expliquait André Guelfi, ancien associé de Dassler, dans le numéro de So Foot consacré à Sepp Blatter. Histoire de marquer un peu plus son territoire, le futur président de la FIFA épousera la fille de Käser deux ans plus tard. Histoire de verrouiller sa place diront certains…

8 juin 1998 : première élection à la tête de la FIFA

À l’origine, Blatter prévoit de rester dans l’ombre, mais la cote de popularité de Lennart Johansson devient trop forte et il est évident qu’Havelange va se faire latter. Si le Brésilien saute, Blatter sait que sa tête tombe également : « On voulait me mettre à la porte en même temps qu’Havelange ! J’avais trois mois seulement pour faire campagne. J’y suis allé. » Un membre d’expédition se souvient d’un congrès de la CONCACAF à Antigua : « Sepp avait prévu de donner des montres à tous les membres des associations nationales. Un soir, alors qu’il pleut, je vois Corinne (Blatter, la fille de Sepp, ndlr) les distribuer entre les bungalows. Les sacs étaient lourds et il fallait faire vite avant le dîner. » La petite technique est rodée et, selon ce même membre, la « légende » s’applique également auprès de délégation africaine. Battu lors du congrès, Johansson reste sur le cul : « Des proches m’ont rapporté que des dirigeants africains avaient reçu de l’argent, mais je n’ai aucune preuve. » Blatter a remporté sa première élection grâce à une idée simple : il n’y a pas de petite Fédération, une voix est une voix.

1999 : le début des accusations

L’image de Sepp Blatter prend un premier coup avec la sortie du livre de David Yallop How they stole the game, qui fera en 2006 un émule avec Andrew Jennings et le livre Carton Rouge !. Les deux ouvrages dépeignent un Sepp Blatter manipulateur dont la corruption est la technique de campagne de base. La même année, le Suisse renforce sa facette de président ouvert sur le monde et investi – à ses yeux – d’une mission politique en reconnaissant la Palestine au sein de la FIFA. Pour sa première visite officielle, il décide d’atterrir à Rafah, en territoire palestinien, et Jérôme Champagne se souvient dans les grandes lignes des propos du big boss : « Vous aurez une Fédération reconnue par la FIFA, et si vous avez une Fédération reconnue par la FIFA, vous aurez également un État. »

2001 : faillite d’ISL (International Sport and Leisure).

Si Sepp Blatter a mis la main à la pâte pour développer le sport business de la FIFA, ses succès sont entachés par la faillite en 2001 d’ISL, société fondée par… Horst Dassler en 1983. ISL remporte en 1996 un appel d’offres de la FIFA pour la gestion des droits de diffusion des Mondiaux 2002 et 2006 pour 1,2 milliard d’euros. Sauf qu’IMG (International Management Group) proposait 1 milliard pour le seul Mondial asiatique… Mais la société ISL ne tombe pas pour son abus des rétrocommissions, plus ironiquement par des erreurs stratégiques flagrantes : 1,3 milliard d’euros pour 10 ans de Masters de tennis, les droits télés du foot chinois… Géré par Jean-Marie Weber, que Blatter a imposé, ISL se retrouve rapidement sans le sou, le président de la FIFA a priori sur le point d’être aspiré par le scandale. Sauf qu’il porte plainte contre ISL et que la justice suisse enclenche les grandes manœuvres. Conclusions en 2012 : la FIFA a perdu 66 millions d’euros à cause d’ISL, João Havelange et son gendre Ricardo Texeira sont mouillés jusqu’au cou et doivent se mettre en retrait. Quant à Blatter, il est blanchi et continue régulièrement de recevoir son ami Jean-Marie Weber dans les locaux de la FIFA en 2015…

2002 : Farah Ado, Michel Zen-Ruffinen, la première fronde

L’année 2002 est la première où Sepp Blatter sent le vent tourner, et s’offre le luxe d’affirmer sa position. En amont des élections de 2002, l’ancien président de la Fédération somalienne Farah Ado fait état de tentatives de corruption à son intention lors du congrès de 1998, des accusations relayées par le secrétaire général de la FIFA, Michel Zen-Ruffinen, dans un rapport de 30 pages à charge contre le numéro un de la FIFA. Le document explique même que le Suisse aurait promis 50 000 dollars à l’ancien arbitre Lucien Bouchardeau pour monter un dossier contre Ado. Quelques semaines plus tard, Farah Ado et Michel Zen-Ruffinen sont éjectés de la FIFA, la Fédération somalienne de son côté perd durant plusieurs années ses subventions pour le projet Goal pour cause de « malversations financières » .

2004 : première Coupe du monde attribuée à l’Afrique

Avec le Mondial 2010 en Afrique du Sud, Sepp Blatter vient de tenir sa plus grande promesse à l’égard de sa base électorale africaine. L’occasion pour lui de s’assurer un vivier de voix pour les prochaines élections de 2007, mais aussi de se faire remarquer par quelques déclarations et réactions d’anthologie : refus de remettre le trophée de la Coupe du monde au capitaine italien Fabio Cannavaro après la finale contre la France, en 2006, et affirmation dès septembre sur France Télévision que le dopage n’existe pas dans le foot.

2007 : Sepp tout puissant

Lors du congrès de la FIFA en 2007 – qui aurait dû se tenir en 2006 avant le Mondial, mais que Blatter a fait repousser – le Suisse est réélu faute de candidats pour s’opposer à lui. Même s’il avait plus ou moins affirmé qu’il céderait son trône en limitant le nombre de mandats possibles pour un président. Au lieu de réformer les statuts de la maison et de limiter son pouvoir, il s’assoit dessus et le confisque, avant de célébrer sa « prolongation » par une dépense de 230 millions d’euros pour offrir de nouveaux locaux pour la FIFA à Zurich. Quatre ans plus tard, en juin 2011, il s’offre un nouveau mandat après avoir écarté son seul rival potentiel, Mohamed Bin Hammam. Blatter a décidé de durer.

2010 : double attribution des Mondiaux 2018 et 2022

Le 2 décembre 2010, la FIFA innove en attribuant non pas une, mais deux organisations de Coupe du monde. Plus surprenant, le choix des pays hôtes : Russie et Qatar. Soupçons de corruption, enquêtes sur les conditions d’attributions, trafic d’influence… Toute la panoplie Blatter semble concentrée dans ce tour de force, probablement celui de trop et qui aujourd’hui est en train de faire s’écrouler l’édifice de Sepp Blatter. Plus anecdotique, le Suisse invite les homosexuels à « s’abstenir de toute relation sexuelle » pendant le Mondial 2022. Jusqu’au-boutiste ?

2014 : Sepp Blatter le parrain

En 2014, la FIFA dégage un bénéfice de 315 millions d’euros. Costaud, mais pas suffisant pour empêcher Lord David Triesman, ancien président de la Football Association, de comparer Blatter à Vito Corléone devant la Chambre des Lords. Pour l’Anglais, la FIFA est un univers de magouilles et d’arrangements entre amis comparable à ce qu’il se passe dans une mafia. Le démantèlement d’un trafic de billets dans lequel mouille une entreprise dirigée par l’un des neveux de Blatter semble lui donner raison, tout comme le 17 décembre la démission de Michael Garcia, président de la Chambre d’instruction du comité d’éthique de la FIFA, en raison de la non-publication de son rapport sur des malversations possibles dans l’attribution des Mondiaux 2018 et 2022.

2015 : dernier triomphe avant l’abandon

Alors qu’une double enquête aux États-Unis et en Suisse touche la FIFA et plusieurs de ses « dignitaires » gentiment dénoncés par Chuck Blazer, Sepp Blatter refuse de reporter les élections ou même de se retirer de la course à la demande de Michel Platini. Devant le prince Ali, le Suisse l’emporte après que le Jordanien s’est retiré après le premier tour. Le 2 juin, ne « sentant pas le soutien de l’ensemble des acteurs du football » , il décide de remettre son mandat. Pas assez de soutien ou plutôt un étau trop resserré après la mise en cause de l’un de ses bras droits, Jérôme Valcke. Une démission qui ressemble à la prise de recul volontaire de son mentor, João Havelange, lorsqu’a éclaté le scandale ISL.

Par Nicolas Jucha

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