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Sélectionneur cherche formule
Les forfaits d'Abidal et de Kaboul, ainsi que l'absence de Sakho, ont bouleversé l'organisation de la défense centrale des Bleus. Sa hiérarchie, surtout. Pour autant, quelle est la meilleure formule ?
1998, les Bleus mettent le monde à leurs pieds grâce à un back four intouchable (Thuram-Desailly-Blanc-Lizarazu). C’est bien connu, une grande équipe s’appuie avant tout sur une organisation défensive sans faille. Laurent Blanc le sait mieux que personne. Dans la tête du sélectionneur, il comptait se servir de l’expérience et de la science tactique d’Eric Abidal dans l’axe de sa défense. Une saloperie de greffe de foie a chamboulé ses plans. La blessure de Kaboul également. Aujourd’hui, ils sont quatre à pouvoir évoluer dans l’axe au sein des 26 présélectionnés (Philippe Mexès, Adil Rami, Laurent Koscielny et Mapou Yanga-Mbiwa). Ils ont tous un point commun : ils n’ont jamais disputé une seule compétition internationale. Même si la bonne formule semble connue depuis longtemps (Mexès-Rami), une compétition internationale chamboule souvent les postulats (Materazzi qui termine le Mondial 2006 en titulaire suite à la blessure de Nesta, par exemple).
La fomule de base : Adil Rami – Philippe Mexès
C’est la charnière la plus expérimentée (40 sélections à eux deux, c’est peu, mais c’est ainsi) et la plus utilisée par Laurent Blanc depuis son entrée en fonction. Cette association a l’avantage d’être la plus complémentaire. Elle rappelle, toutes proportions gardées, celle de Blanc-Desailly. Avec son physique de Canadien (1m90, 90 kilos), Rami s’impose comme la caution physique de cette défense. Le sale boulot, c’est pour lui. Les coups, les duels aériens, les cartons jaunes et le marquage à la culotte seront sa marque de fabrique. À l’inverse, on sait Mexès plus fin techniquement que le Valencian. Souvent présenté comme le Laurent Blanc du XXIème siècle, le grand blond possède des qualités différentes de celle de son compère : relance, placement et expérience.
Blanc a façonné son binôme depuis son intronisation. À leur actif, une belle perf’ en Bosnie qu’Adil Rami n’a pas manqué de souligner dans La Croix : « Le déclic dans notre association fut le match remporté en Bosnie-Herzégovine, après deux défaites contre la Norvège puis la Biélorussie. » Sur le papier, le duo tient la route. Le Milanais a d’ailleurs profité d’une conférence de presse à Clairefontaine, cette semaine, pour tailler une bavette autour de leur complicité : « Notre complémentarité vient peut-être aussi de notre entente en dehors du terrain. J’ai des qualités que lui n’a peut-être pas. Il a énormément progressé balle au pied, sur les relances, mais il est plus « bûcheron ». À la base, c’est plus lui le stoppeur et moi le libéro. On se complète bien, mais on doit encore peaufiner beaucoup de choses. » On ne va pas se mentir, pour mobiliser la gent féminine durant le tournoi, il faut aligner Rami. Surtout torse poil.
La formule « forme du moment » : Laurent Koscielny – Philippe Mexès
Adil Rami a galopé plus de 50 matches, cette saison. Il a d’ailleurs connu un sacré trou d’air au printemps. Le Valencian était rincé. Carbonisé. Cramé. Enchaîner avec un Euro, on a connu plus sympa comme fin de saison. Si Blanc décide de partir avec les joueurs en forme, c’est le duo Koscielny-Mexès qu’il faut envoyer au charbon. Auteur d’une saison remarquable dans l’axe des Gunners, Koscielny s’est imposé, avec le temps, comme le troisième défenseur central français. Encore tendre au niveau international (1 sélection, en amical contre les USA), l’ancien Lorientais est un parfait mix entre Mexès et Rami. Subtil dans la relance et fin technicien, le natif de Tulle a énormément progressé dans le combat physique sous la houlette d’Arsène Wenger. Il a terminé la saison en forme et semble imperméable à la pression (il est passé de Tours à Arsenal en trois ans, sans broncher).
À ses côtés, la logique imposerait Phlippe Mexès. Lourdement blessé à son arrivée à Milan, l’ancien Romain n’a repris la compétition qu’en janvier. Il est donc « frais » malgré un creux physique en fin de championnat. Il assure qu’il sera au top pour le début de l’Euro : « Ma saison a duré de janvier à aujourd’hui. Je pense que le bilan est très satisfaisant. Je suis très heureux d’être là, et si je suis ici, c’est que je le mérite, détaille Mexès en conférence de presse avant d’analyser son petit creux de fin de saison.Certes, j’aurais pu faire plus si je n’avais pas été blessé. Mais vue la récupération, ça a été très délicat. Ensuite, j’ai pu enchaîner les matches. À la fin, j’ai un peu calé physiquement, mais c’était logique, car c’était dû à l’enchaînement. Je vais donc profiter du stage pour travailler ce que je n’ai pu faire quand j’étais blessé. » Pour une charnière « bis », elle a quand même de la gueule.
La formule inconnue : Laurent Koscielny – Mapou Yanga-Mbiwa
Champion de France avec Montpellier (capitaine, 34 matches de Ligue 1 au compteur), Mapou Yanga-Mbiwa est l’invité surprise de la liste. Évoluant dans le même registre que Mamadou Sakho (jeune, dur sur l’homme, expérimenté en dépit de son âge et amoureux de la chair), Yanga-Mbiwa a franchi un palier cette année. Sa présence dans le groupe est une suite logique. De là à en faire un titulaire en bleu… Pourtant, il faut l’envisager. Si Rami et Mexès se pètent, il faudra combler le vide laissé par les deux lascars. L’avantage d’une charnière Koscienly-Yanga-Mbiwa, c’est l’insouciance. La folie. La jeunesse. Honnêtement, on n’a aucune idée de la dégaine qu’aurait cette association, mais elle aurait sûrement plus de gueule que la troisième formule de n’importe quelle autre sélection présente en Pologne et en Ukraine. Problème de riches. Comme toujours.
La formule folle : Mapou Yanga-Mbiwa – Alou Diarra
Laurent Blanc offre un resto à ses gars avant le début de l’Euro. Mexès, Rami et Koscielny prennent un holubtsi (spécialité ukrainienne) et salopent leurs dessous toute la nuit suivante. Verdict : intoxication alimentaire carabinée. Mapou, un peu délicat du palais, n’a rien becté et pète le feu. Endormi dans sa chambre au moment du repas – personne n’a d’ailleurs remarqué son absence -, Alou Diarra est fringuant, également. Laurent Blanc n’a pas d’autres alternatives que d’aligner les deux mecs en défense centrale pour faire l’ouverture du tournoi. Yanga-Mbiwa prend un coup au moral, s’enfile trois boîtes d’antidépresseurs et se souvient qu’il a kidnappé l’Hexagoal avec Vitorino Hilton.
Par Mathieu Faure