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ACTU MERCATO

Seko Fofana, ça brûle

Par Simon Butel
Seko Fofana, ça brûle

Larcin de Manchester City à dix-sept ans, taulier du Bastia de Ghislain Printant à vingt, bourreau magnifique de la Juventus en juillet et valeur sûre de Serie A ces quatre dernières années sous les couleurs de l'Udinese : Seko Fofana mène jusqu'ici une carrière bien remplie. Celle-ci se poursuivra cette saison au RC Lens, de l'histoire duquel il est devenu mardi et pour dix millions d'euros le plus gros transfert. Une destination et une somme surprenantes, pour un homme à qui l'Italie promettait un club de premier plan. Ce que les Sang et Or entendent bien redevenir, sous l'impulsion de l'international ivoirien.

Une accélération pour glaner le ballon aux dépens d’Alex Sandro au niveau de la médiane, un coup d’épaule pour résister au retour du Brésilien, un petit pont sur De Ligt pour s’ouvrir le chemin de la surface, et un plat du pied gauche qui crucifie Szczęsny et la Juve. Ce 23 juillet 2020, au terme de cette chevauchée, Seko Fofana ne retarde pas seulement le neuvième sacre consécutif de la Vieille Dame, battue sur le fil sur le terrain de l’Udinese (2-1), quasi maintenue en Serie A du même coup. Il se rappelle aussi au bon souvenir du grand public français, globalement peu au fait de l’immense talent du bonhomme, exilé dès l’âge de 17 ans. Celui-ci aura cette fois l’occasion de le voir d’un peu plus près cette saison : à 25 balais, et après quatre ans dans la Botte, le milieu s’est engagé mardi avec le RC Lens, promu dans l’élite. Signant au passage, plus de sept ans après son départ de Lorient pour Manchester City, un retour dans l’Hexagone aussi inattendu que retentissant.

Du crachin au soleil

Pour le natif de Paris, passé par les jeunes du Paris FC et le centre de formation de Lorient, ce retour en Ligue 1 est en fait le second, après celui opéré – en prêt – en 2015-2016, à Bastia. À l’époque, c’est un jeune homme assez méconnu en France qui pose ses valises sur l’Île de Beauté. Et pour cause : il n’a, du haut de ses vingt ans, pas encore disputé le moindre match professionnel sur le sol français. Incapable de s’entendre avec Lorient, c’est à Manchester City qu’il a signé deux ans et demi plus tôt son premier contrat pro. Dans le nord-ouest de l’Angleterre, son premier mentor a pour nom Patrick Vieira, alors entraîneur des U23 des Skyblues, où Fofana marche sur le championnat des réserves britanniques (20 matchs, 6 buts) et atteint les quarts de finale de la Youth League (7 matchs, 2 buts).

Le second s’appelle Yaya Touré, patron de l’entrejeu des Citizens, à qui il est fréquemment comparé outre-Manche. Autant dire que le gamin ne manque pas de certitudes à l’heure de rallier la Corse. D’autant qu’il a maté au préalable les matchs du Sporting et sort d’un premier prêt formateur à Fulham (20 matchs, 2 pions), en Championship, où il découvre le sens des mots intensité et engagement. Deux maîtres-mots au sein du Bastia de Printant, Leca, Modesto, Squillaci, Palmieri, Mostefa ou Cahuzac, avec qui il compile 32 apparitions (dont 25 titularisations, pour un but et deux passes décisives), prend quatre matchs de suspension pour avoir collé un coup de boule à Jonas Martin et rafle une jolie dixième place en Ligue 1.

Udine le coup d’amour, Lens le coup du siècle

Plutôt qu’à Bordeaux, alors intéressé, la suite s’écrira à l’Udinese où il s’imposera, après une première saison mitigée, mais prolifique (22 matchs, 5 buts), et écourtée en mars par une fracture du péroné, comme l’une des valeurs sûres de Serie A. Ses sorties dans le Frioul permettent notamment à l’enfant des Rigoles, quartier du 20e arrondissement parisien, d’intégrer en novembre 2017 l’équipe de Côte d’Ivoire, lui, l’ancien taulier des U16 et U17 tricolores et habitué des sélections U18 et U19. Lancé par Marc Wilmots puis snobé par Ibrahim Kamara, le successeur du Belge sur le banc ivoirien, c’est dans la peau d’un titulaire que Fofana a réintégré les Éléphants au début de la saison 2019-2020, sa dernière donc sous le maillot bianconero.

La plus aboutie, aussi, achevée avec 33 matchs, trois buts et sept passes décisives au compteur. « Le moment est venu de penser à moi et de choisir une nouvelle destination, lâchait-il ainsi à la Gazzetta dello sport début août. Ça va être difficile de trouver un endroit où je suis aussi heureux qu’Udine. » Cet endroit ne sera ni Rome ni Bergame, où la Lazio et surtout l’Atalanta, toutes deux qualifiées pour la C1, faisaient du pied au Parisien, mais Lens, simple promu en Ligue 1. Une destination qui laisse perplexes les médias transalpins et amateurs du Calcio, pour beaucoup convaincus que la place de l’international ivoirien, auteur de onze buts et treize passes décisives en 112 matchs de Serie A, se trouvait désormais dans un club disputant régulièrement l’Europe.

Un Keita peut en cacher un autre

Justifié pêle-mêle par l’intéressé dans L’Équipe par la présence en Artois des ex-Bastiais Jean-Louis Leca et Yannick Cahuzac, Bollaert, le statut du club, son public, le « projet humble » vendu par le boardlensois et sa volonté de rentrer en France, ce choix engendre d’autant plus d’incrédulité en Italie que ce transfert s’est conclu pour dix millions d’euros, bonus inclus. Une somme très en deçà de son estimation dans la Botte. Mais qui suffit à faire de Seko Fofana le plus gros transfert de l’histoire du club artésien et à ainsi effacer enfin des tablettes le flop Sidi Keita, milieu défensif arraché à Strasbourg contre six millions d’euros à l’été 2006. Mais à l’heure d’accueillir cette onéreuse recrue, c’est sans doute à un autre milieu répondant au nom de Keita, Seydou, que les supporters Sang et Or sont peut-être tentés de penser.

Si le départ du Malien en 2007 pour le FC Séville a coïncidé avec le début de la chute du « grand RC Lens » , l’arrivée de Fofana doit, dans l’esprit de beaucoup, contribuer à fermer une parenthèse longue de treize années. Avec son expérience, sa puissance, sa générosité, sa capacité à se projeter, à péter les lignes adverses, à se montrer décisif et à mettre les pinceaux, l’ancien Bianconero a pour l’heure le mérite de renforcer considérablement un entrejeu délesté début juillet de Guillaume Gillet et seulement composé jusqu’ici d’un Cahuzac vieillissant (36 ans en janvier) et de deux néophytes à ce niveau, Cheick Doucouré et Manuel Pérez. Mais aussi ceux d’arroser de certitudes un mercato lensois suscitant jusqu’ici quelques espoirs, mais aussi pas mal d’interrogations chez ses supporters et les observateurs. Pas mal, pour un seul homme.

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Par Simon Butel

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