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Sébastien Tellier: « Avant, les joueurs avaient des petits bidons et des fesses potelées »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
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Définitivement revenu de son trip au sein de l’Alliance bleue, Sébastien Tellier débarque le 26 mai avec un album enregistré à Rio, L’Aventura. Une nouvelle production qui correspond parfaitement à sa vision du foot : décalée et légère, folle et enfantine, absurde mais belle. La preuve dans cet entretien où il est question d’embouteillages, de Brésil et de Vladimír Šmicer.

Quel est ton rapport au foot ?

Pour tout dire, je pense que j’ai un rapport très étrange au foot. Je m’y suis intéressé très jeune en jouant dans la cour de recréation, comme tous les gamins. Mais j’ai fini par m’en détacher petit à petit. Le fait de voir des pubs de footballeurs dans les supermarchés a commencé à m’effrayer. Pas pour une question d’argent, mais pour une question d’image, de style. Ce n’est que depuis un an et demi que je reviens petit à petit vers le foot. Je reprends du plaisir à regarder les matchs. L’excitation que ça procure, c’est tout de même assez formidable. Et puis ça permet de voir les potes.

Tu avais l’impression de passer à côté de quelque chose en ne t’y intéressant plus ?

Oui, et c’est pour ça que je dis que mon rapport au foot est assez complexe. J’avais l’impression d’être coupé du monde, de vivre loin du peuple. C’est peut-être pour ça que j’ai souhaité y revenir. Ça et le fait de passer pour un snob en n’aimant pas le foot. Et c’est tant mieux, parce que je pense que ça ne sert à rien de toujours théoriser les choses comme si on parlait d’art contemporain ou de poésie. D’autant que le foot n’a pas vraiment besoin de ça, c’est avant tout le partage. On parle tout de même d’une des rares choses qui puissent rassembler le monde entier. Le football a une puissance folle sur les gens.

Quel joueur t’a le plus fait rêver ?

Moi, je suis de la génération Platini, tu sais. C’est celui que tous les gamins voulaient être, moi y compris lorsque je jouais dans la cour de récréation. J’étais beaucoup moins bon que lui, c’est sûr, mais ça m’amusait d’emprunter son nom lorsqu’on faisait des matchs. C’est une époque bénie quand même, une époque où il y avait beaucoup moins de pression physique et financière. Ça laissait plus de place à des joueurs moins acharnés. Aujourd’hui, on a l’impression que tous les joueurs sont des robots, qu’il y a moins d’humanité chez eux. À l’époque, on pouvait voir des petits bidons et des fesses potelées.

Il doit quand même bien y avoir un joueur qui te fait rêver aujourd’hui, non ?

Oui, il y a Zlatan. C’est sûr qu’il ressemble plus à un robot qu’à un joueur potelé, mais il est tellement fun. Son nom colle avec son jeu, et son jeu colle avec son caractère. C’est parfait ! Et puis il a une aura et un charisme assez impressionnants. Bien sûr, il est provocateur, mais, comme le disent Arnold & Willy, il faut de tout pour faire un monde. Alors il faut bien que quelqu’un joue le rôle du chieur, que quelqu’un fasse péter les grosses montres et les grosses voitures. D’ailleurs, contrairement à beaucoup, je pense qu’il ne faut pas tuer le bling-bling.

Tu as des bons souvenirs liés au foot ?

Oui, il y a quelques années j’ai passé des vacances avec un ancien capitaine des Girondins de Bordeaux, mais je ne me souviens jamais de son nom (il s’agit en fait de Vladimír Šmicer, ndlr) parce que tout le monde l’appelait par un pseudo. C’est marrant, parce que je voulais faire des photos avec lui et lui voulait secrètement faire des photos avec moi. Ça m’a prouvé que, même dans le foot, il pouvait y avoir des hublots de tendresse, des gens qui réfléchissent leur sport.
Le football a une puissance folle sur les gens.

L’image du footballeur-philosophe, ça te plaît ?

Carrément ! Beaucoup s’en moquent, mais personnellement je trouve ça super intéressant. Après tout, le football, ce n’est pas juste de la compétition et le culte du corps, il y a une philosophie derrière : le respect de l’adversaire, le collectif, le bien-être… C’est pour ça que la rencontre avec cet ancien joueur de Bordeaux m’a marqué, ça m’a prouvé qu’il pouvait y avoir des mecs cools dans le foot.

Pourquoi n’es-tu pas resté en contact avec lui ?

Parce qu’il habitait Bordeaux et moi Paris, c’était compliqué. Mais je le revois parfois, on va dans la même boîte au Cap Ferret. Elle s’appelle Le Six et elle est tenue par un copain que nous avons en commun. C’est lui qui nous sert de lien, en quelque sorte. Mais je pense que cette boîte doit être très fréquentée par les footballeurs, j’y ai vu des anciens joueurs de l’équipe de France une fois.

Tu préfères les voir dans ce genre d’endroit plutôt qu’au stade ?

À vrai dire, je ne vais jamais au stade, je trouve la foule trop oppressante. Et puis les embouteillages à la fin des matchs, c’est juste horrible. D’autant que je trouve le foot hyper télégénique, je me contente donc du canapé et des soirées entre potes. L’ambiance où tout le monde gueule et crie, ce n’est pas pour moi. Je connais ce genre de situation via la musique, et ça me suffit.

Puisqu’on parle de musique, ton nouvel album fait la part belle à la bossa nova. Tu te disais que c’était obligatoire d’en venir à ce style musical l’année de la Coupe du monde au Brésil ?

Pour moi, c’était surtout l’occasion de trouver des accords complexes sans forcément tomber dans une démarche trop intellectuelle. C’est ça, la force de la musique brésilienne : avoir des arrangements hyper compliqués, mais parvenir à sonner léger, à inviter les gens à danser. Pour ce qui est de la Coupe du monde, je n’en ai pris conscience que bien après. Mais c’est sûr que c’est un tapis rouge qui s’offre à moi avec cet événement. D’ailleurs, les JO sont dans deux ans. J’espère donc que mon disque pourra avoir une vie assez longue et une résonnance particulière grâce à ces deux évènements sportifs.

C’est marrant parce que la façon dont tu parles de la musique brésilienne pourrait facilement s’appliquer à leur pratique du football : sophistiquée mais légère, voire un peu dansante.

Mais c’est ce qui est formidable là-bas : ils sont beaucoup moins dans le sérieux. En Europe, on a l’impression qu’être sérieux est une finalité. Là-bas, pas du tout. C’est comme s’ils étaient des enfants toute leur vie, qu’ils continuaient de danser et de jouer en permanence. C’est une vision de la vie beaucoup plus saine. Contrairement à nous, eux cherchent le plaisir.

Tu as ressenti la relation entre le foot et la musique à Rio ?

Oui, carrément. Même dans les plus petits clubs de la ville, il y a toujours 2-3 tambours et une trompette. Une fois, on est allé voir un match où on devait être 10 dans les tribunes. Eh bien, parmi les dix, il y avait trois gus avec un instrument. Je ne suis pas un grand spécialiste de la ville, mais j’ai même l’impression que danser et aller boire des verres au bar après un match sont deux traditions très fortes au Brésil.

Tu vas suivre la Coupe du monde ?

Bien sûr, je suis parfumé de Brésil, je ne peux donc que la suivre. Je serai d’ailleurs sur place à ce moment-là pour des interviews ou des concerts. Je ne sais pas si je pourrai aller voir un match, mais ça s’annonce assez fun.

Du coup, tu seras pour la France ou pour le Brésil ?

La France, même si je préfère le style brésilien. D’ailleurs, si j’avais pu choisir ma nationalité, j’aurais certainement choisi d’être brésilien. Mais ce n’est pas le cas, et je suis avant tout un grand patriote. Ce serait donc une trahison de ne pas supporter la France.

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