Napolitain de cœur
Et comme la vie est bien faite, voilà qu'Immobile se retrouve à devoir battre le record de Higuaín sur la pelouse... du Napoli. Bien faite, parce que le Laziale, désormais Romain d'adoption, est en réalité un Napolitain pur jus. Né à Torre Annunziata, à vingt kilomètres au sud de Naples, le gamin a grandi là et y a fait ses premiers pas en tant que footballeur. D'abord à l'école de foot de Torre Annunziata, puis chez les jeunes de Sorrento, une trentaine de bornes un peu plus au sud. Ce n'est qu'à l'âge de 17 ans qu'il quitte la Campanie et sa famille pour rejoindre la Juventus, où il fera ses débuts professionnels. Mais l'attaquant n'a jamais caché son affection pour la ville de Naples. Un exemple : pendant le confinement, il a rejoint la cause de la Fondazione Cannavaro Ferrara (fondée en 2005 par les frères Cannavaro et Ciro Ferrara, eux aussi Napolitains), en mettant aux enchères le maillot qu'il avait porté pendant la finale (gagnée) de Coupe d'Italie 2019. Le but : récolter des fonds et les reverser aux habitants de Naples et de Campanie en situation d'urgence.

D'ailleurs, sur les réseaux sociaux, les tifosi napolitains l'invitent régulièrement à « rentrer à la maison » , et à venir porter le maillot napolitain. Mais en attendant, c'est bien avec la liquette biancoceleste que le joueur va tenter d'entrer dans l'histoire, sur la pelouse du San Paolo. Et à ce sujet, les supporters partenopei sont plutôt partagés. Certes, le record appartient à un joueur du Napoli. Mais ce même joueur a, entre-temps, accompli à l'été 2016 la trahison ultime en rejoignant l'ennemi juré, la Juventus. Trahison jamais pardonnée. Alors, entre voir le record rester entre les mains d'une ancienne idole déchue, ou le voir filer entre celles d'un enfant du pays portant un autre maillot, leur cœur balance.
Plus de buts que Ronaldo et Lewandowski
Le record de Higuaín n'est évidemment pas le seul objectif que Ciro Immobile visera ce samedi soir. Il faut d'abord assurer le titre de capocannoniere (son troisième après ceux de 2014 et 2018), et celui de Soulier d'or européen (le premier pour un joueur italien depuis Totti en 2007). A priori, cela sent plutôt bon pour les deux, et malgré le fait qu'il soit, pour ces deux titres, à la lutte avec deux monstres, Cristiano Ronaldo et Robert Lewandowski. Le premier a été largué dans le rush final, alors qu'il était pourtant revenu à hauteur lors de la confrontation directe Juventus-Lazio du 20 juillet. Après 37 journées, Immobile compte désormais 35 buts au compteur, quand CR7 est resté "coincé" à 31. Quatre buts d'avance, cela semble suffisant pour s'assurer le titre de meilleur buteur, d'autant que le Portugais pourrait ne pas prendre part à la dernière journée, de façon à être frais pour le match face à Lyon. Et pour ses détracteurs, qui avancent qu'Immobile « ne marque que sur penalty » , les statistiques répondent qu'il est aussi le joueur de Serie A à avoir marqué le plus de buts dans le jeu cette saison : 21 caramels, soit deux de plus que Ronaldo et Caputo (19).
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Quant à Lewandowski, il a dû assister, impuissant, à la remontada de l'Italien. Lui s'était arrêté à 34 en Bundesliga, un total déjà colossal, surtout avec quatre journées de moins. Les regrets du Polonais sont d'autant plus grands que ces 34 pions ont été inscrits en seulement 31 apparitions (1,09 demoyenne), alors qu'Immobile a planté ses 35 buts en 36 matchs (0,97).
Enfin, le dernier objectif du Roi Ciro est collectif. La Lazio, après avoir longtemps rêvé du Scudetto, peut encore atteindre la deuxième place de Serie A. Actuellement quatrième, elle s'assurera mathématiquement la troisième position en cas de victoire au San Paolo, puisque l'Inter et l'Atalanta, respectivement deuxième et troisième, s'affrontent. Elle peut même espérer mieux avec un petit coup de pouce du destin : un nul entre l'Atalanta et l'Inter, cumulé à une victoire à Naples offrirait la deuxième place aux Laziali. Une cerise sur le gâteau après avoir décroché la qualification en Ligue des champions, que le club de la capitale attendait depuis 2007. Tiens, 2007 : justement l'année où Ciro Immobile avait quitté sa Campanie natale pour lancer sa carrière professionnelle.
Par Éric Maggiori
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