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Saltillo, le « Knysna » portugais de 86

Par William Pereira
Saltillo, le «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Knysna<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» portugais de 86

Vingt ans après la troisième place de la génération Eusébio, le Portugal se présentait au Mexique avec l'espoir d'imiter le Portugal de 1966. Malgré un début prometteur, la Selecção entre en conflit avec sa Fédération pour une histoire de primes de match. Retour sur un épisode qui refait surface dans la mémoire collective portugaise après l'humiliation de Salvador.

Située à une quarantaine de kilomètres de Monterrey et à une heure et demie d’avion de Mexico, Saltillo est une grande ville anonyme encerclée par montagnes et vallées arides. Une configuration géographique qui ne l’a pour autant pas empêché d’être le théâtre de l’un des premiers scandales majeurs du football international en 1986. Vingt-quatre ans avant Knysna, le bus et les tongs de Franck Ribéry, il y a donc eu Saltillo, cimetière d’une génération de joueurs portugais qui avait tout pour emmerder les meilleures sélections au Mexique, deux ans après avoir failli priver la France de la finale de son Euro. Diamantino, Carlos Manuel, Paulo Futre et Fernando Gomes, pour ne citer qu’eux, étaient le fruit d’une décennie en or du football lusitanien – quatre finales de Coupe d’Europe perdues et une gagnée par le FC Porto – que tous avaient réappris à craindre 20 ans après l’épopée des partenaires d’Eusébio en 1966. Cette position d’outsider, les Portugais sont allés la chercher à Stuttgart à l’occasion du dernier match de qualification pour le Mondial mexicain. La victoire de la Tchécoslovaquie obligeait alors le Portugal à battre une RFA pas loin d’être invincible chez elle pour obtenir ses billets d’avion. Impossible, sauf pour Carlos Manuel, son crochet extérieur et sa patate de forain dans la lucarne du boucher Schumacher. Le Portugal vit un rêve éveillé, il ne va pas tarder à méchamment se réveiller.

Escale inutile, rivaux voisins et terrain en pente

Outre les grands noms de l’époque, la Selecção disposait d’une profondeur de banc remarquable pour une équipe de son envergure, à tel point que les absences du père de Miguel Veloso – suspendu pour dopage – et de Manuel Fernandes – meilleur buteur du championnat portugais – n’avaient alors aucunement affecté le moral d’une bande de potes enthousiasmée à l’idée d’en découdre avec les meilleures nations du football mondial. Et il fallait bien une forte dose d’optimisme pour encaisser ce par quoi Paulo Futre & co allaient passer. À commencer par une escale incompréhensible en Allemagne alors que la destination finale était Dallas et que ce détour n’était pas moins cher qu’un vol direct aux États-Unis. Une organisation inexplicable de la part de la Fédération portugaise qui refuse quelques jours plus tard de verser environ 5 300 euros à celle du Chili pour organiser un match amical, faute de fonds. À la place, les Portugais affrontent des sélections de moindre envergure à cours de rythme, se changent dans des vestiaires municipaux et jouent contre des employés de l’hôtel « la Torre » à Saltillo. Le cadre de vie n’est pas mauvais et plutôt bien choisi, à cela près qu’il se situe au bord d’une autoroute traversant le désert et les séparant du camp… de l’Angleterre, leur premier adversaire du Mondial, qui, à la différence du Portugal, ne s’entraîne pas sur un terrain en pente parsemé de trous. Mais c’est bien sur une pelouse impeccable que le portier Bento laisse sa jambe et sa carrière à la réception d’un saut mal exécuté au milieu d’un match d’entraînement à Monterrey. Le moral commence à baisser malgré le joli succès initial et l’accumulation d’événements dignes d’un film américain va faire sauter le groupe.

Vols et escroquerie de haut vol

Malgré tout, rien ne laissait présager la chute du Portugal – dans un groupe sous-coté – et encore moins le bordel à venir. Rien, à part ce membre de la délégation portugaise qui se barre aux States sans retour avec plusieurs enveloppes contenant de l’argent laissé par les joueurs pour l’achat de produits de première nécessité et autres souvenirs. Ce n’est en réalité que l’arbre qui cache une forêt de magouilles de la FPF. Une forêt, qui, comme toute forêt portugaise, prend feu le jour où un représentant du sponsor de la Selecção demande à un joueur si tout le monde a bien reçu les primes individuelles promises. Évidemment, aucun des sélectionnés n’avait reçu quoi que ce soit ni même été informé de l’existence d’une quelconque prime. Les joueurs demandent réparation à la FPF qui refuse de dialoguer. S’ensuivent des menaces de grève et un refus de s’entraîner avec l’équipement du sponsor en guise de protestation – Paulo Futre avoue carrément s’être entraîné « presque à poil » .

La Fédération ne bouge toujours pas et lance une propagande négative au pays où les médias expliquent que les défaites de l’équipe sont liées à la rébellion menée par Diamantino, Futre et Carlos Manuel, lesquels ont toujours défendu que la Pologne et le Maroc étaient tout simplement meilleurs qu’eux. De retour à Lisbonne, la délégation est sifflée, mitraillée de tomates et insultée. Les supporters crient leur mécontentement envers des joueurs vénaux ayant souillé leur drapeau et une Fédération mal organisée et obligée de prendre des mesures démagogiques pour s’en sortir indemne, comme la suspension de huit des frondeurs de Saltillo, finalement rappelés quelques années plus tard en raison des résultats catastrophiques de la Selecção. Certains acceptent, d’autres, comme Diamantino, ne pardonnent pas à la FPF et préfèrent rester hors-circuit, considérant que leur génération a été gâchée. Le Portugal rate évidemment la Coupe du monde 1990, mais voit naître un an plus tard une génération dorée menée par un certain Rui Manuel César Costa. Celle-ci ne loupera pas son destin au contraire de la précédente, dont on ne saura jamais si elle avait le niveau pour menacer des équipes comme l’Argentine, la RFA ou la France…

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