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Salif Sané : « La pression, on l’aura aussi »
Entre une séance d’entraînement, des soins, un dîner et Argentine-Nigeria à la télé, Salif Sané a tenu parole. Histoire de parler des deux premiers matchs des Lions de la Téranga, et surtout de celui qui pourrait les expédier en huitièmes de finale.
Un match nul, et vous passez le premier tour !Oui. Mais jouer le nul, c’est quelque chose de risqué. Et je ne suis pas certain qu’on sache le faire. On a envie de gagner.
Comme les Colombiens, qui eux n’ont pas le choix. J’ai regardé leur victoire face à la Pologne (3-0). Et c’est un match compliqué qui attend le Sénégal. Mais on le savait avant. La Colombie a vraiment bien réagi après sa défaite face au Japon (1-2). Elle a fait un très bon second match.
Qu’avez-vous retenu de cette équipe ?Déjà, elle est très forte techniquement, elle joue très bien au ballon. Offensivement, c’est assez impressionnant. Les Colombiens ne se précipitent pas, ils construisent bien. Ils ont de supers joueurs. Cuadrado, notamment, est vraiment bon. Ils ont un vrai buteur avec Falcao. D’ici au match, on aura eu l’occasion d’en savoir plus sur cette équipe. Comme elle aura l’obligation de gagner, elle cherchera sans doute à avoir la possession. Comme contre la Pologne.
Jusqu’à maintenant, c’est le Japon qui a posé le plus de problèmes au Sénégal. Comment l’expliquer ?On a eu plus de difficultés que contre la Pologne, c’est vrai. Les Japonais ont eu davantage la possession. Ils ont un jeu technique, ils vont vite.
Et, contrairement aux Polonais, ils n’ont pas cherché à rivaliser athlétiquement avec nous, car c’est un de nos points forts. Nous avons malgré tout des regrets, car on mène deux fois au score, et on se fait rejoindre à dix minutes de la fin.
Avec quatre points, le Sénégal a l’avantage d’être maître de son destin.C’est un avantage. On veut éviter de se mettre trop de pression. Même s’il y en aura aussi. Le groupe vit bien, l’ambiance est bonne. On parle pas mal avec les membres du staff (Aliou Cissé, ses adjoints Omar Daf et Tony Sylva et Lamine Diatta, le team manager, N.D.L.R.) qui faisaient partie de l’équipe quart-de-finaliste en 2002. Ils ont connu comme nous cette situation il y a seize ans, puisque le Sénégal avait quatre points au bout de deux matchs et s’était qualifié après un nul contre l’Uruguay (3-3). On a montré depuis le début de la Coupe du monde que le Sénégal était une équipe soudée, disciplinée, capable de produire du jeu.
Il y a une grosse attente autour de Sadio Mané. Trop grosse, peut-être ?C’est un super joueur, un des meilleurs du monde et c’est vrai qu’il y a une grosse pression autour de lui.
Il l’assume, mais on ne peut pas lui demander de tout faire. Il apporte déjà beaucoup, il a marqué face au Japon, délivré une passe décisive contre la Pologne… On sait qu’on peut compter sur lui et qu’il peut encore plus nous apporter. Mais ce qu’il fait, il le fait très bien.
On a découvert Moussa Wagué, le jeune latéral droit de 19 ans qui évolue à Eupen…Nous, nous ne sommes pas surpris par ce qu’il fait. Il est international depuis un an et demi, on connaît ses qualités. Il a une belle marge de manœuvre.
En ce qui vous concerne, vous avez joué les deux premiers matchs en défense centrale avec Kalidou Koulibaly. Kara Mbodj, un des cadres, en a fait les frais.Vous savez, personne ne fait la gueule parce qu’il joue moins ou pas du tout. Il y a une grosse solidarité. Vraiment. Cheikhou Kouyaté, l’habituel capitaine, n’a pas débuté lors des deux premiers matchs. Moussa Sow non plus. Et pourtant, ce sont des cadres de l’équipe, des leaders. Moi, j’ai la chance de jouer à côté d’un des meilleurs défenseurs de Serie A. Cela rend donc les choses faciles.
Propos recueillis par Alexis Billebault