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Rostov, le Leicester russe

Par Régis Delanoë
Rostov, le Leicester russe

Il n’y a pas qu’en Angleterre où le championnat est dominé par un leader surprise. En Russie aussi, c’est un club initialement censé se battre pour le maintien qui occupe la tête du classement. Comme chez les Foxes, c’est sans star, mais avec application et une grande discipline tactique que l’équipe parvient à appliquer les consignes d’un génial entraîneur sexagénaire.

Incroyable mais vrai : en s’imposant 2-0 samedi à domicile face au CSKA Moscou, le FK Rostov a pris pour la première fois de la saison la tête du classement de la Premier League russe, à égalité de points (et une différence de buts identique de +10) avec son adversaire du week-end, qui occupait seul le fauteuil de leader depuis la 5e journée. Au sortir de l’interminable trêve hivernale de trois mois, la dynamique est clairement en faveur de cet improbable outsider du championnat local, qui va néanmoins devoir encore s’arracher pendant les 10 journées restantes d’ici la fin de saison pour tenir en respect la meute des habituels prétendants au titre : le CSKA, donc, mais également le Lokomotiv, en 3e position avec 5 points de retard, Krasnodar et le Zénith, qui comptent 6 unités de moins que les deux équipes de tête, voire le Spartak, 7 points derrière.

Comme en Angleterre avec Leicester, ça va être désormais du « tous à la chasse à Rostov » pour un épilogue de saison en forme de fable de La Fontaine, ou bien encore un énième épisode à la David et Goliath revisité version football. Et forcément dans pareil cas, c’est le petit qui récolte la sympathie et les encouragements des observateurs extérieurs. Il faut dire aussi que comme avec les Foxes anglais, le FK Rostov revient de très loin et n’a jamais prétendu pouvoir se mêler à la lutte pour le titre, en tout cas pas à court terme.

D’un entraîneur raciste à un entraîneur christique

Il y a quinze mois, la situation du club phare de Rostov-sur-le-Don, ville de plus d’un million d’habitants située dans le sud-ouest du pays et baptisée « la porte du Caucase » , était la suivante : une dernière place au classement de la Premier League russe, seulement deux victoires grattées sur l’ensemble de la phase aller de la saison 2014/2015, des déroutes violentes (3-7 contre le Dynamo, 0-6 contre le CSKA, 0-5 contre le Zénith…), un effectif en déroute et un entraîneur, Igor Gamula, contesté à la fois en interne et en externe, notamment pour ses commentaires racistes (par exemple, sa réponse aux journalistes demandant de justifier la non-titularisation d’un de ses joueurs camerounais : « J’ai déjà six joueurs noirs sur le terrain, vous voulez que j’en prenne un septième ? » Il a ensuite prétexté l’humour incompris…).

C’est là que le président Vitor Goncharov, par ailleurs gouverneur de la région, décide d’engager un nouveau coach en la personne de Kurban Berdyev. Un drôle de personnage ce Kurban, sexagénaire de nationalité turkmène, très peu connu en dehors des frontières russes, mais qui jouit alors d’une belle aura pour avoir amené précédemment le Rubin Kazan à un double titre de champion national en 2008 et 2009. Avant lui, le club du Tatarstan n’avait jamais connu l’élite et s’est ainsi retrouvé à disputer la Ligue des champions, et même à y signer un exploit fou lors de la phase de poules de la compétition en octobre 2009 : une victoire 2-1 au Camp Nou face à une équipe de Barça pourtant composée de ses cadres de l’époque (Messi, Ibra, Iniesta, Xavi, Yaya Touré…).

L’immuable défense à trois, les apôtres de Kazan

Kurban Berdyev est un personnage introverti, mystérieux, à la limite du christique, lui qui se trimbale en permanence avec un chapelet qu’il triture fréquemment sur le banc de touche ou face aux journalistes. Sa religion, c’est le 3-5-2, organisation tactique qui avait contribué au succès de son Rubin Kazan et qu’il va tout de suite décider d’appliquer à son retour à Rostov en tant qu’entraîneur (il y avait disputé une saison en tant que joueur au début des années 80). Avec cinq victoires obtenues lors de la phase retour, Rostov parvient à éviter la relégation directe et réussit finalement à se maintenir en remportant les barrages de promotion/relégation au printemps 2015.

Si bien qu’au moment de préparer l’actuelle saison l’été dernier, la dynamique est clairement intéressante pour cette équipe de sans-grade qui a vu la mort de près et qui joue désormais sans complexe, portée par les certitudes de son coach gourou. Contrairement à la concurrence, le FK Rostov ne peut néanmoins pas s’appuyer sur les ressources financières d’un grand argentier. Sa comptabilité comme ses actions sur le marché des transferts restent régulièrement surveillées par la DNCG locale. Tant pis, le Ranieri local bricole et recrute deux de ses anciens apôtres de l’époque Kazan : le milieu équatorien Noboa et le vétéran espagnol de la défense Cesar Navas. Un troisième élément de l’époque des deux titres en 2008 et 2009 est là aussi : l’attaquant Bukharov.

Dans un an, un stade tout neuf de 43 000 places…

L’effectif très cosmopolite de Rostov (13 nationalités différentes) a la particularité d’être très homogène, avec 10 buteurs différents sur les 20 journées de championnat disputées jusqu’alors. Offensivement, en plus de Bukharov, Berdyev peut compter sur le meilleur buteur Dmitry Poloz (7 buts) et la révélation Sardar Azmoun, la nouvelle star du football iranien, prêté par le Rubin Kazan, comme par hasard… Mais c’est surtout avec sa défense à trois que l’équipe bâtit ses succès : 16 buts encaissés seulement depuis l’été dernier et 9 clean-sheets. Ce miracle réjouissant va-t-il pouvoir tenir jusqu’à la fin de saison ? Suspense.

Si aucun joueur de Rostov n’a été appelé dans la sélection élargie de la Russie pour disputer l’amical face à la France le 26 mars, il se pourrait bien qu’il faille compter à l’avenir sur ce club et cette ville niveau football. Le FK Rostov, qui n’a jamais obtenu mieux jusqu’à présent en championnat qu’une 6e place finale (en 1998) et a pour seul palmarès une Coupe de Russie (décrochée en 2014), sera très prochainement doté d’un tout nouveau stade de 43 000 places. La Levberdon Arena, actuellement en construction, dont l’inauguration est prévue en 2017, sera l’une des enceintes qui accueillera la Coupe du monde un an plus tard. Niveau timing, la montée en puissance de ce club a tout bon.

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Par Régis Delanoë

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