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Romelu Lukaku, Anvers et contre tous

Par Romuald Gadegbeku
6 minutes
Romelu Lukaku, Anvers et contre tous

Depuis ses débuts avec les Diables rouges, Romelu Lukaku cristallise les critiques. Lors du dernier Euro, l'attaquant d'Everton a bien souvent été enfermé dans des clichés desquels il a dû mal à se dépêtrer. Pataud, maladroit, lourd, les qualificatifs à son égard sont souvent peu flatteurs. C'est oublier que l'animal a énormément progressé. Et qu'il n'a que vingt-trois ans.

7 octobre 2016, Bruxelles, stade Roi-Baudouin, 82e minute de jeu. Romelu Lukaku quitte la pelouse le visage marqué et est remplacé par Christian Benteke. Trois minutes plus tôt, le natif d’Anvers a parachevé le succès des Diables rouges face à la Bosnie (4-0) d’un but magnifique. À l’entrée de la surface, il apprend quelques pas de Ndombolo à Emir Spahić avant de nettoyer la lucarne gauche d’Asmir Begović du pied droit, lui le gaucher. Lukaku met alors sa main derrière son oreille comme pour mieux percevoir les sifflets qu’il a essuyés plus tôt dans la partie après avoir manqué l’immanquable. La relation amour-haine qu’entretient le joueur d’Everton avec les fans de l’équipe de Belgique est résumée en une soirée.

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Le cas Lukaku a souvent interpellé. Ariel Jacobs, l’entraîneur qui l’a lancé à Anderlecht, se souvient aussi avoir été troublé par son attaquant : « Je l’ai connu à quinze ans, avec la carrure qu’il avait à ce moment-là, et la différence qu’il faisait face à des adversaires qu’il dominait physiquement, je me posais la question de son développement à moyen terme :« Est-ce qu’il n’a que ses qualités physiques et que d’ici cinq ans ce sera la fin du trajet ? » » La fin du trajet avec les Diables, beaucoup la lui ont souhaitée au sortir du premier match de l’Euro 2016 perdu contre l’Italie (0-2). Un match au cours duquel le buteur des Toffees a connu les pires difficultés, empêtré entre Chiellini, Bonucci et Barzagli. Pas assez technique, pas assez décisif, après cette défaite le joueur d’origine congolaise s’est pris une rafale de critiques dans la face, le vent de l’Est certainement. Pour Jacobs, il faut comprendre le joueur qu’est Lukaku pour l’utiliser à bon escient : « La question qu’il faut se poser est :« Est-ce qu’il a les armes pour jouer dans une équipe qui fait le jeu ? » » Ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour ton pays. Lukaku a choisi : progresser.

Progresser pour calciner les préjugés

Trop grand, trop fort. C’est par ce prisme-là qu’on a toujours observé Romelu, à commencer par l’adolescence et cette image de « présu » . « Les autres parents disaient que je n’avais pas mon âge » , se souvient le joueur de vingt-trois ans. Aujourd’hui, beaucoup l’observent encore comme un grand pataud. Pourtant, l’attaquant possède une technique que son gros gabarit (1,91 m, 94 kg) ne laisse pas forcément supposer. Et chaque année, il progresse. Lors de sa saison à dix-sept pions à West Brom (2012-13), Lukaku montre surtout des qualités de renard. Il est désormais plus complet. Après son arrivée à Goodison Park en 2013, Roberto Martínez lui concocte un programme spécial. « La première semaine à Everton, on m’a pris à part avec un entraîneur adjoint et pendant une semaine, c’était appel contre appel, premier poteau deuxième poteau, contrôle, remise. Je n’avais jamais eu ça. À Anderlecht, je n’avais pas fini ma formation, j’étais arrivé trop tôt en équipe première. Quand je suis arrivé à Chelsea, je n’étais pas prêt. Dans le jeu, les mecs étaient plus malins que moi. » Son passage chez les Blues entre 2011 et 2014, jonché de prêts, le fait grandir. « L’année que j’y passe, j’ai dix-huit ans, l’âge du permis, j’habite tout seul à Londres. J’ai beaucoup appris. Il y avait Didier Drogba à côté de moi dans le vestiaire. » Du côté de Cobham, le Belge apprend surtout à apprendre. Et désormais, il est plus malin que beaucoup, capable de jouer target-man pour les autres, le fan de basket joue au foot avec ses mains. À la manière d’un pivot de basket avant un post-up, il prend la position préférentielle à l’aide de ses grandes paluches, comme l’affirme Graeme Jones, fidèle adjoint de Martinez hier à Everton, aujourd’hui avec la sélection belge : « Ses mains sont ses yeux. » Ariël Jacobs observe lui-même les progrès réalisés par son ex-poulain : « Au fil du temps, ses qualités techniques se sont améliorées ou plutôt il a gommé les défauts qu’il avait précédemment, je pense notamment à sa première touche de balle. Maintenant quand il est en confiance, sa première touche de balle est bonne, c’est le baromètre de son jeu. » Mais l’ancien coach du VAFC se souvient d’une aptitude que le joueur a toujours eue : « Il a une toute première qualité, et ce n’est pas sans importance pour un attaquant axial, c’est qu’il ne lui faut pas dix occasions pour marquer. » Une réalité qui ne l’empêche pas d’ajouter quelques sucreries à son assiette : il part de plus en plus en dribble et offre de plus en plus de sucreries à ses partenaires (six l’année dernière, trois déjà cette saison) et sa réputation de bourrin en prend aussi un coup quand on souligne sa réussite nouvelle au coup franc. Crystal Palace et Steve Mandanda peuvent en témoigner.

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Un homme à entraîneur

Depuis le début de sa carrière, Romelu Lukaku affiche une constante. Celle d’avoir une relation privilégiée avec la plupart des coachs qu’il a rencontrés. D’Ariël Jacobs à Anderlecht, à Roberto Martínez en passant par Marc Wilmots avec la sélection qui en a fait son numéro neuf envers et contre tous pendant l’Euro, le Belge écoute et apprend de ses coachs. C’est encore le cas avec Ronald Koeman, arrivé sur les rives de la Mersey cet été. « Il a été très clair sur ce qu’il voulait que j’améliore. Ça m’aide énormément, je n’avais jamais démarré une saison aussi bien » , a-t-il expliqué. Le début de saison de Lukaku confirme sa progression : sept buts en dix matchs. Des débuts dans la lignée de sa Premier League 2015-2016, où il avait planté dix-huit fois. Depuis la saison 2012-2013, seul un joueur a marqué plus de buts que lui en Premier League : Sergio Agüero. Tous les autres sont dans le rétroviseur. Où l’on en vient à la précocité. « Quand on regarde le nombre de buts que j’ai marqués avant vingt-trois ans, je suis devant tout le monde. Il n’y a que Ronaldo « Fenomeno » et Messi qui ont plus marqué que moi. »

Et si beaucoup l’ont déjà oublié, Romelu a déjà été décisif à plusieurs reprises avec les Diables. Auteur de vingt buts en cinquante-quatre sélections à vingt-trois ans, c’est lui qui qualifie son pays pour la Coupe du monde 2014 en marquant deux fois contre la Croatie. C’est encore lui qui fut le fer de lance de la Belgique, meilleure attaque des qualifs de la Coupe du monde 2018, à Chypre le 6 septembre dernier. Des buts marqués avec West Bromwich ou Everton, des buts marqués face à la Croatie ou contre Chypre. Trop grand contre les petits, trop petit contre les grands, c’est désormais le reproche en vogue pour cibler Lukaku. Une critique qui annonce la suite, comme le précise Jacobs : « Un aspect que j’ai appris à connaître chez lui et que beaucoup ne connaissent pas, c’est quelqu’un de très intelligent, qui connaît ses qualités et ses défauts. Et qui saura choisir l’équipe, l’entraîneur et le contexte qui lui conviennent. » Lukaku sera-t-il capable de s’imposer dans un grand club ? Et de franchir le pas qui le sépare du très haut niveau. S’il y parvient, les Diables rouges ne seront pas loin de nous envoyer leurs bons baisers de Russie.

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