L'ambiance régnant au sein des deux camps n'a résolument rien de semblable. La Roma est revenue d'Ukraine mercredi, avec une cuisante élimination en Ligue des Champions. Bafouée, humiliée, la Louve a plutôt fait figure de louveteau apeuré face à des Ukrainiens (des Brésiliens) pimpants et talentueux. En plus du score, sévère, les giallorossi ont perdu la face. De Rossi a pété un plomb en collant une manchette à Srna, Borriello a foiré un pénalty que Pizarro aurait dû tirer, et Montella, nouvel entraîneur après les démissions de Ranieri, a connu la première défaite de son aventure. Pourtant, son arrivée avait ramené un semblant d'équilibre dans une équipe qui en manque cruellement. Deux victoires et un nul en championnat avaient permis à la Roma de se relancer dans la course à la quatrième place. Une course que l'équipe romaine pensait avoir totalement abandonné après trois revers consécutifs, dont le dernier, face au Genoa, a coûté son poste à Ranieri. Quelques jours après avoir claqué la porte, le coach qui a remporté 4 derbys sur 4 en moins de deux ans, tire à boulets rouges sur le club. « Personne ne te regarde dans les yeux. L'an dernier, il y avait une unité, et cette année, c'est chacun pour soi. Je pars pour donner un électrochoc, pour que les joueurs arrêtent d'avoir des excuses et un bouc émissaire » déclare-t-il dans un entretien à L'Espresso. Mais visiblement, le mal est profond. Ces Romains, si robustes mentalement l'an dernier, ne réussissent plus à tenir un score. Rattrapée trois fois de 2-0 à 2-2 par Bologne, Chievo et Parme, et même battue 4-3 à Gênes après avoir mené 3-0, la Rome semble vidée, sans essence, rongée par les égos de certains cadres. La prise de bec entre Pizarro et Borriello, à Lecce, puis à Donetsk, n'est que l'emblème d'une situation préoccupante. A l'aube de ce derby, la Roma est sixième, avec 15 points de retard sur le Milan AC, et 5 sur la quatrième place, occupée justement par la Lazio.
La Lazio, elle, va plutôt bien. Les biancocelesti ont retrouvé l'enthousiasme, qui faisait cruellement défaut depuis plusieurs saisons. Il faut dire qu'ils ont trouvé en Hernanes un phare, capable d'éclairer le chemin jusqu'à des objectifs inespérés en début d'année. Partie pour tenter de décrocher une place en Europa League, l'équipe de Reja se retrouve aujourd'hui 4ème, sans n'avoir jamais quitté les quatre premières positions du classement. Le jeu est certes moins spectaculaire que celui d'un Napoli et les joueurs moins stars que ceux du Milan AC ou de l'Inter. Pourtant, cette équipe s'est imposée comme une belle réalité du championnat, bien décidée à jouer sa chance jusqu'au bout pour décrocher le précieux passeport pour la C1. Toujours à l'aise cette saison lorsqu'il s'agit de défier les gros (deux nuls face au Milan AC, victoires face à l'Inter et au Napoli), la Lazio conserve deux talons d'Achille. Un pour chaque pied. Les matches face aux petites équipes, d'une part. Le derby, de l'autre. Battue deux fois l'an dernier déjà, elle n'a pas non plus été capable de venir à bout de sa rivale lors des deux confrontations cette année (une en championnat, une en Coupe d'Italie) malgré des prestations toujours convaincantes. Un véritable blocage psychologique, cumulé à un manque de détermination au moment d'attaquer ce match trop spécial pour être aborder normalement.
De l'issue de ce derby pourrait donc dépendre la suite de la course à la Ligue des Champions. Une victoire de la Lazio relèguerait les giallorossi à 8 points. Autant dire, trop. Une 5ème victoire consécutive dans un derby permettrait en revanche à Totti & Cie de revenir à 2 points de sa rivale. Autant dire, très peu. La Roma est blessée et la logique voudrait que la Lazio lui assène le coup de grâce. Mais dans un derby, la logique n'a pas droit de cité. Même quand cette cité est éternelle.
Eric Maggiori
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