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Romain Saïss, capitaine courage

Par Maxime Renaudet
Romain Saïss, capitaine courage

Malgré sa blessure à la cuisse gauche, Romain Saïss, 32 ans, devrait disputer ce mercredi une demi-finale de Coupe du monde, avec le brassard de capitaine du Maroc autour du bras. Pas banal pour un Drômois qui jouait encore en Ligue 2 il y a dix ans.

Le 14/12/2022 à 20h
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Après avoir fini le match contre l’Espagne sur une jambe, puis celui face au Portugal sur le banc, toujours à cause de cette foutue cuisse gauche, Romain Saïss est en pleurs après la qualification des siens pour les demi-finales de la Coupe du monde. Rejoint un peu plus tard par son fils, dont les joues sont elles aussi perlées de larmes, le joueur de Beşiktaş savoure ce moment historique. Et ce, peu importe sa sortie sur blessure, qui aurait pu le priver du match contre la France ce mercredi. « Je vais tout faire pour être là, j’ai envie d’aider mon équipe, confessait le capitaine marocain après la victoire contre la Seleção. Mais il y a des moments où il faut savoir être raisonnable et ne pas être un poids juste pour sa fierté personnelle. » Un discours de patron, à l’image de ses prestations depuis le début de la compétition. Pourtant, au départ, rien ne laissait présager qu’il jouerait un jour une demi-finale de Mondial, et encore moins avec un tel statut de leader.

Drôme de parcours

Né dans la Drôme d’un père marocain et d’une mère française, Saïss commence le foot en plein Vercors, dans le petit club de Saint-Laurent-en-Royans, 72 licenciés au compteur à l’époque. « Ensuite, en U13, lui, mon fils et d’autres joueurs sont allés à l’Olympique de Saint-Marcellin, un club un peu plus gros, rembobine Christian Soublin, alors dirigeant et accompagnateur aux côtés du papa Saïss, Redouane. Mais je n’aurais vraiment pas parié sur le fait qu’il ferait une carrière internationale. À l’époque, il était relativement frêle et il n’aimait pas trop aller au contact. » Malgré tout, ce fan de l’OM gravit encore un échelon supplémentaire quand il signe dans LE club du département : l’Olympique de Valence. Là-bas, l’étudiant en commerce évolue en CFA2, et travaille en parallèle dans le restaurant familial, où il fait la plonge et le service. Une double vie qui ne l’empêchera pas de filer à Clermont-Ferrand à l’été 2011. Initialement recruté pour jouer avec la réserve, il tape dans l’œil de Michel Der Zakarian, qui le fait alors grimper en équipe A et lui offre ses premières minutes de jeu en Ligue 2 en janvier 2012, soit quelques semaines avant la signature de son premier contrat pro, et ses 22 ans.

Romain (en bas, deuxième à gauche) sous les couleurs de l’Olympique de St Marcellin, aux côtés de son père Redouane (en haut à gauche), et Christian Soublin (en haut à droite).

Mais c’est surtout au cours de la saison suivante que le transfuge va éclater.« Ce que j’appréciais chez lui, c’est qu’il était très respectueux du travail, de l’entraîneur et de ses coéquipiers, explique Régis Brouard, qui a remplacé Der Zakarian en juin 2012. Peut-être parce qu’il venait du monde amateur. En tout cas, le choix de Clermont était judicieux afin de voir où il pouvait se situer. » La barre ne sera pas trop haute pour le grand gaucher d’1,88m. Habitué au poste de milieu défensif, celui qui porte alors une crête et un bracelet éponge va reculer d’un cran sur les ordres de Brouard, et réussir une saison pleine. « Il avait joué une demi-saison avec Der Zakarian au poste de milieu, et ça se comprend, car il était très propre techniquement et capable de percuter, explique Brouard. Mais pour moi, son vrai poste c’est défenseur axial, et à l’époque, on a eu de longues discussions à ce sujet. »

D’amateur à leader

Toutefois, quand Romain Saïss signe au Havre en juillet 2013, le coach normand de l’époque, Erick Mombaerts, le fait évoluer au milieu. « À l’époque, quand tu parlais de Romain Saïss, tu pensais automatiquement à ses qualités techniques, alors qu’aujourd’hui, quand tu en parles, tu penses à un défenseur de classe mondiale, constate Issam Chebake, coéquipier de Saïss au HAC. Même s’il a gardé ses qualités techniques, c’est devenu complètement un autre joueur. Je trouve qu’il a pris de l’ampleur au niveau du leadership et du caractère. » Un constat partagé par Régis Brouard : « Son rôle de leader est une découverte pour moi, mais parce qu’il débutait dans le monde pro, et qu’il était relativement discret. En revanche, il faisait l’unanimité dans le groupe, et tout le monde était d’accord pour dire que c’était un vrai joueur. Et quand vous faites l’unanimité dans un vestiaire quand vous venez du monde amateur, c’est que vous êtes un leader dans l’âme quelque part. »

Ses qualités de leader vont éclater au grand jour quand il va quitter la France pour l’Angleterre. Mais avant ça, à l’été 2015, après deux saisons au HAC (dont une avec Riyad Mahrez et l’autre avec Ferland Mendy), le Drômois s’engage au SCO d’Angers, alors promu en Ligue 1. Puis au bout d’une saison, il file à Wolverhampton, où il va prendre encore plus d’épaisseur, et vivre la montée en Premier League avec le club des West Midlands. C’est à ce moment-là qu’il va s’imposer comme un défenseur central de grande qualité, devenant titulaire indiscutable dans le onze de Nuno Espírito Santo, et qu’il va être de nouveau convoqué en sélection nationale, quatre ans après sa première cape. « On arrivait un peu sur la pointe des pieds, raconte Issam Chebake, qui l’a également croisé en sélection marocaine. Mais il a réussi à s’imposer, et c’est totalement mérité, car c’est un joueur talentueux et un super mec, le Maroc a de la chance d’avoir un capitaine comme ça. » Capitaine exemplaire, Romain Saïss a beaucoup appris de son ami et comparse de défense centrale en sélection, Mehdi Benatia. Pourtant, en sélection, sa place n’était pas gagnée d’avance non plus. « L’adjoint d’Hervé Renard, Patrice Beaumelle, avec qui j’ai travaillé à Nîmes, m’a appelé à l’époque pour me demander ce que je pensais de Romain, rembobine Régis Brouard. J’avais dit à Patrice : « Je ne comprends même pas pourquoi vous réfléchissez. Il faut que vous le preniez ! » » Ce que Renard et Beaumelle feront, avant d’en faire un élément central de l’équipe qu’ils emmèneront au Mondial 2018 en Russie.

Intronisé capitaine par Vahid Halilhodžić

Pour le voir récupérer le brassard de capitaine, il faudra attendre l’arrivée de Vahid Halilhodžić. Un choix confirmé par Walid Regragui, débarqué sur le banc des Lions de l’Atlas en août dernier. Adjoint de Rachid Taoussi à l’époque où Saïss fêtait sa première cape avec le pays de naissance de son père, l’ancien joueur de Grenoble a construit son imperméable défense à quatre autour de celui qui s’est engagé en juillet dernier à Beşiktaş. Ce dernier est incontournable sur le terrain, puisque lors de ce Mondial, il a remporté 100% de ses duels aériens dans la surface, et qu’il est le deuxième joueur avec le plus de dégagements (30), juste derrière la révélation croate Joško Gvardiol (32). Décrit comme sobre et discret, Saïss est tout aussi incontournable en dehors du terrain. La preuve lors du match contre le Portugal quand, sorti à la 57e minute, il s’est retrouvé debout aux côtés de son coach, distillant remarques et conseils à ses coéquipiers, comme s’il était adjoint. Mais avant de songer à se reconvertir sur un banc de touche, le capitaine marocain a une demi-finale de Mondial à jouer contre la France.

Maroc ou France ? Walid Regragui attend une réponse claire de Neil El Aynaoui

Par Maxime Renaudet

Tous propos recueillis par MR, sauf mention.

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