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RIP le catenaccio italien

Eric Maggiori
RIP le catenaccio italien

Associé depuis de longues années à l’équipe d’Italie et aux clubs italiens, le désormais célèbre « catenaccio italien » a été aboli une bonne fois pour toutes par Cesare Prandelli. Mais est-il vraiment aussi facile de rompre avec ses traditions ?

C’est Gigi Buffon, lui-même, qui le dit. « Nous reculons lorsque nous menons au score ? Oui, mais il est difficile d’effacer en deux ans les habitudes du passé » , assurait le portier de la Nazionale après le match nul 1-1 contre la Croatie. L’Italie venait alors de concéder deux nuls 1-1, en ayant ouvert le score les deux fois. Depuis, l’Italie n’a plus encaissé le moindre but et s’est hissé jusqu’en demi-finale de l’Euro, qu’elle disputera ce soir contre l’Allemagne. Or, si l’équipe d’Italie conserve en elle ses racines, à savoir une défense robuste (la deuxième meilleure de l’Euro derrière l’Espagne), force est de constater que la mentalité a évolué. Désormais, la Squadra fait le jeu, attaque, crée des choses, et peu importe si l’adversaire en face s’appelle Espagne, Irlande ou Angleterre. D’ailleurs, il est intéressant de voir que l’Italie joue souvent au niveau de son adversaire. Face à l’Espagne et l’Angleterre, elle a offert deux magnifiques prestations. Face à la Croatie et l’Irlande, c’était beaucoup plus laborieux. Dans tous les cas, il semble loin le temps où la Nazionale se braquait devant sa surface, en attendant l’adversaire. Oui : Cesare Prandelli a renoncé au catenaccio, au profit d’un jeu inspiré, selon son propre aveu, de celui du FC Barcelone. Si l’Italie n’est pas encore une machine à marquer des buts (4 seulement depuis le début de la compétition), il faut admettre que lors de cet Euro, ses matches ont souvent été les plus agréables à regarder. Qui l’eut cru ?

Victoire à l’italienne

Le catenaccio, donc. Un beau bébé made in Italy, dont la Nazionale et les clubs italiens continuent de porter la réputation sur leurs épaules. Et cette réputation est coriace. Quand une équipe gagne 1-0, comme Chelsea en Ligue des champions contre le Barça, on parle sans vergogne d’une « victoire à l’italienne » . Si un club italien a, pour sa part, le malheur de faire 0-0, alors là, on prend des couches et des couches de catenaccio, de bus devant les cages, de 10 joueurs derrière, etc. Mais depuis l’arrivée de Prandelli, la musique a changé. Après le 0-0 contre l’Angleterre, l’Italie a reçu les louanges de la presse du monde entier, tandis que les Three Lions, eux, ont été quelque peu raillés pour leur stratégie totalement défensive. Le monde à l’envers. Pourtant, et tout le monde ne le sait pas, malgré son nom italianisant, le catenaccio n’a pas été inventé en Italie. Non, non. Les origines de ce système de jeu se trouvent en Suisse, dans les années 30. À l’époque, un certain Karl Rappan, entraîneur autrichien du Servette de Genève, a l’idée de modifier son schéma tactique.

Dans ce que l’on appelait à l’époque le « système » , un schéma de jeu en 3-2-2-3 instauré par l’Anglais Herbert Chapman, les trois défenseurs (deux ailiers et un stoppeur) étaient impliqués sur du marquage individuel. Rappan a alors l’idée d’enlever un milieu de terrain, pour le faire reculer derrière la ligne des défenseurs, le rendant libre (d’où le mot « libéro » ) de tout marquage fixe. Le libéro pouvait alors servir à doubler le marquage ou à récupérer des ballons perdus par les coéquipiers de l’arrière-garde. Promu sélectionneur de l’équipe de Suisse, Rappan se présente avec ce système de jeu au Mondial 1938 en France. Ce schéma, alors rebaptisé « verrou » , lui permet d’éliminer l’Allemagne et d’arriver jusqu’en quarts de finale, où la Suisse est éliminée par la Hongrie de Sarosi et Zsengeller, future finaliste. Fin du catenaccio suisse. Mais l’Italie, vainqueur de la compétition, a pris des notes.

Nereo, Helenio, Cesare et Giovanni

1946. La Guerre vient de se terminer et le football recommence petit à petit. Un certain Nereo Rocco, nouvel entraîneur de la Triestina, va remettre au gout du jour le catenaccio, avec une formation en 1-3-3-3, voire en 1-4-4-1. Avec ce schéma, Rocco réussit à mener la très modeste Triestina à la deuxième place du championnat d’Italie, avec 42 buts encaissés en 40 journées, ce qui en fait la deuxième meilleure défense derrière l’invincible Torino de Valentino Mazzola. Après un passage à Padova, Rocco atterit finalement sur le banc du Milan AC en 1961. Il y restera jusqu’en 1974, avec, entre temps, une parenthèse de quatre ans au Torino. Mais c’est bien à Milan que Rocco impose le catenaccio, ce qui lui permet de remporter deux Scudetti, deux Ligues des Champions, une Coupe intercontinentale et une Coupe des Coupes. Face aux succès de Rocco et de son Milan AC, le nouvel entraîneur de l’Inter, Helenio Herrera, va réagir. La catenaccio, ça marche ? Bah alors, faisons du catenaccio.

L’Inter de Herrera va être le plus « bel » interprète du catenaccio. Des victoires dégueulasses 1-0, peu voire pas de spectacle, une défense à quatre avec un libero plus un milieu de terrain défensif (souvent Suarez) et un jeu souvent fait de longs ballons pour sauter le milieu de terrain adverse. Mais le pire, c’est que cela marche. De fait, entre 1962 et 1966, l’Inter remporte trois fois le titre national, deux fois la C1 et deux fois la Coupe intercontinentale. Drôle : le cycle de la grande Inter, maîtresse du catenaccio, s’est achevé lors de la finale de la C1 1967, face à un Celtic Glasgow qui proposait alors un football total, instauré à partir de 1965 par l’Ajax de Jack Reynolds. Depuis, certaines équipes italiennes, comme la Nazionale de Cesare Maldini ou même celle de Giovanni Trapattoni, n’ont pas hésité à reproposer le bon vieux catenaccio. Aujourd’hui, Prandelli veut rompre avec cette tradition. Et il le fait plutôt bien. Bon, après, si ce soir, face à Gómez, Podolski, Reus, Müller et Klose, le sélectionneur veut faire honneur aux traditions historiques, personne dans la Botte n’y verra d’inconvénient, hein…

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Eric Maggiori

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