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- Portugal-France (2-2)
Rien de beau, chez les latéraux
Blessures de Lucas Hernandez et de son remplaçant Lucas Digne, contre-performance de Jules Koundé qui a concédé le penalty de l'égalisation, joueurs évoluant en tant que latéral alors que ce n'est pas leur poste... Contre le Portugal, les Bleus ont montré des problèmes défensifs sur les côtés. Et rien ne dit que ces soucis vont s'arranger, alors que les huitièmes de finale se présentent.
La scène a de quoi laisser perplexe, surtout quand on se pignole sur la profondeur de banc de l’équipe de France depuis plusieurs semaines : alors qu’il vient de prendre la place de Lucas Digne à la 52e minute pour occuper provisoirement le côté gauche de la défense laissé à l’abandon par les spécialistes du poste, Adrien Rabiot entend un membre du staff lui demander s’il se sent de rester dans cette position plus longtemps que prévu. Sans broncher, bien au contraire, le milieu répond par l’affirmative et s’exécute. Rabiot arrière gauche à l’Euro contre le Portugal dans un match serré, vraiment ? Oui, vraiment. Parce que s’il a des problèmes de riche concernant son secteur offensif, Didier Deschamps se retrouve considérablement appauvri à l’aube des huitièmes de finale pour ce qui est des latéraux défensifs.
Restons sur le côté de Jean-Luc Mélenchon, d’abord. Déjà pas brillant en première période durant laquelle il a été averti et parfois malmené par Nélson Semedo ou Bernardo Silva, Lucas Hernandez est resté aux vestiaires pour blessure à la pause… avant d’être rejoint à l’infirmerie par son remplaçant, Lucas Digne, sept minutes au compteur face aux Lusitaniens. Raisons pour lesquelles Rabiot, donc, a dû se transformer en Antoine Griezmann « cholesque » dans l’esprit et tenir un rang qu’il ne connaît guère. S’il aurait pu choisir de faire rentrer un autre défenseur central de métier pour déplacer Presnel Kimpembe sur son pied fort (mais pas touche à la charnière !), l’entraîneur des Bleus va sûrement devoir réfléchir à la problématique qui se présente pour le duel de lundi face à la Suisse. En attendant, le coach n’a pas rassuré face à la presse : « Pour Digne, il s’agit d’une blessure musculaire. Ça a tiré derrière de suite, ça va être très compliqué… Un ischio, ce n’est pas bon signe. Hernandez, lui, a un petit souci au genou. Ça a un peu réagi, donc je n’ai pas voulu prendre de risque. Et il avait un carton jaune, aussi. Dans un même match, j’ai donc perdu les deux. »
Pas mieux à droite
À l’autre extrémité du terrain, Deschamps n’a pas de bobo sérieux à déplorer. Pas sur le plan physique, du moins… Car dans la tête, c’est autre chose. Après Benjamin Pavard, qui a raté son match contre la Hongrie peut-être à la suite d’une « mauvaise chute » (selon son technicien) en début de partie et qui avait servi de punching-ball à Robin Gosens devant l’Allemagne, c’est en effet Jules Koundé qui a déçu ce mercredi soir. Pourtant, tout avait bien commencé. En quelques minutes, l’arrière central de formation semblait bien dans ses baskets et son apport offensif promettait une bonne performance à venir pour sa première titularisation avec sa nation. Raté. Pas toujours à l’aise face à Diogo Jota, l’ancien de Bordeaux a surtout concédé le penalty de l’égalisation à l’adversaire en étendant son bras dans une surface de réparation qui ne pardonne pas lorsque le ballon vient au contact. Un péno largement évitable, donc, et qui vient plomber une prestation finalement insuffisante.
Alors, comment faire pour la suite du tournoi dans ce couloir droit où Corentin Tolisso n’a pas non plus brillé devant ? Relancer Pavard, qui a forcément perdu un peu de confiance ? Maintenir le choix Koundé, bien plus productif en charnière ? Lancer Léo Dubois, dont les qualités demeurent sûrement un poil limitées aux yeux de Deschamps pour une compétition de cette ampleur ? Ou faire reculer un milieu (Moussa Sissoko, au hasard), comme l’exemple Rabiot (qui ressemble, au passage, à un pari réussi) ? Contre-nature, cette dernière possibilité reste peu probable. Toujours est-il que DD va devoir trouver ou inventer des solutions, vu comme la France a souffert sur les côtés par rapport à l’axe lors de cette dernière journée de poules, comme le montre la carte de chaleur suivante du Portugal. Didier, tu as quatre jours.
Par Florian Manceau