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Ricky Hatton: « Il fallait avoir de l’humour pour supporter City »

Propos recueillis par Ronan Boscher, à Hyde, en périphérie de Manchester
Ricky Hatton: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il fallait avoir de l&rsquo;humour pour supporter City<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Sa maison est connue sous le nom de Heartbreak Hotel. On le surnomme le Mexicain de Manchester. Joey Barton a envoyé du jab dans sa salle. Wayne Rooney a porté sa ceinture de champion du monde à Vegas et Vincent Kompany a trinqué avec lui en mai dernier. Lui, c'est Ricky « Hitman » Hatton, fan de City et figure emblématique de Manchester. Punchlines en bord de ring, avec une toux grasse.

Dans votre salle, on vous voit poser avec Rio Ferdinand ou Wayne Rooney, mais on ne voit personne de City. Ils vous boycottent ou bien ?Non non. J’ai ouvert cette salle il y a 4-5 ans, après un combat à Vegas contre Jose Luis Castillo. Wayne Rooney, un très bon ami à moi, m’accompagnait sur le ring en portant ma ceinture de champion du monde. Au passage, c’est vraiment quelqu’un de bien. Il fait partie des rares footballeurs que je pourrais croiser au coin de ma rue. Il a les pieds sur terre, il n’est pas « m’as-tu vu » . Autant, il est super agressif sur un terrain de foot, autant dans la vie, c’est une crème. Bref. Rio Ferdinand était aussi du voyage à Vegas. Donc quand on a ouvert la salle de gym, on a mis les photos en bas de l’escalier et comme Manchester City n’avait rien gagné, on ne pouvait pas trop mettre des photos de victoires de City. Depuis mai dernier, j’ai une photo avec Vincent Kompany et Liam Gallagher, lors de la fête du titre.

Elle était comment cette teuf ?Je ne m’en rappelle pas trop, sauf que c’était top. Surtout avec le scénario du dernier match. Bon, on se doutait qu’on pouvait remporter le titre, avec un dernier match à la maison contre QPR. Mais quand on était menés, qu’on n’arrivait toujours pas à marquer, ça faisait « so Manchester City » , les losers quoi. A la soirée, il y avait tous les joueurs de City, Liam Gallagher, les femmes, les managers. C’était un énorme privilège d’être de la partie, j’étais honoré franchement. Liam m’avait dit : « Viens à la fête, pousse la porte, tout le monde sera content de te voir là » . Bon, trois jours plus tard, ça a été difficile avec ma copine. Mais bon, ça faisait 44 ans quoi ! C’est long ! Il fallait bien fêter tout ça, non ?

Qui a le plus fêté ça chez les joueurs ?Il y avait les femmes, donc ils se sont tenus. Liam et moi avons sans doute fêté le plus le titre, comme des têtes de nœud. J’ai bu quelques coupes avec Vincent Kompany avec lequel j’ai pris des photos. Et puis, il y avait les joueurs qui me demandaient des photos parce que j’étais champion du monde. « Putain de merde, que je leur disais, tu peux en prendre cinq si tu veux » !

Joey Barton était venu s’essayer à la boxe dans une de vos salles en 2007…Oui, quand il jouait pour Newcastle. Il aimait bien ça. D’ailleurs, c’est peut-être pour ça qu’il a eu quelques problèmes ça et là… Mais bon, c’est un bon mec, un pote à moi depuis longtemps, un des mecs les plus cool que j’ai rencontrés dans ma vie. Il n’est pas prétentieux comme dans certains cercles de footeux, les « Tu sais qui je suis ? » . Il vit le football de façon passionnée, un peu comme Wayne Rooney ou Roy Keane. Avant que le nom de Ricky Hatton soit connu, j’étais abonné à Manchester City. J’étais assis en tribunes, à manger une tourte et boire mon café. Maintenant, j’ai l’opportunité de rencontrer ces joueurs, et tous me regardent avec des grands yeux pour ce que j’ai accompli. Ça me touche vachement.

Vous étiez à la Manchester City School of Excellence. Pourquoi avez-vous fait votre vie en gants et pas en crampons ?J’y ai joué deux ans. Ils m’avaient recruté alors que j’étais dans l’équipe du comté du Tameside. Mais au même moment, ma boxe était en train de décoller. Je gagnais les championnats nationaux amateurs. J’étais imbattable, un sacré puncheur. Je boxais dans tout le pays et ce sport devenait ma priorité. Voilà. J’étais bon footballeur, droitier, un milieu de terrain box-to-box, je taclais et je passais bien. Mais je ne faisais pas partie de ceux qui éclaboussaient les matches. Alors que quand je boxais, j’impressionnais le public.

Certains joueurs lors de votre passage à la School of Excellence ont réussi à percer ?Pas beaucoup. Jim et Jeff Whitley seulement. Tu sais, quand tu as entre 12 et 14 ans, même si t’es le meilleur jeune de ta catégorie, t’as encore un très long chemin à faire. Tu peux aller un peu trop souvent courir les filles, au pub…

Quel meilleur souvenir vous gardez de votre temps d’abonné au Maine Road ?Probablement le premier match que j’ai vu de ma vie dans le stade : un derby. J’avais 10 ans et je n’étais pas encore sûr de qui je supportais : United ou City ? Et City a gagné ce derby 5-1. Là, je n’avais plus aucun doute. J’ai vécu tellement de bons moments au Maine Road.

Vous regrettez cette époque ?Un petit peu, parfois. L’ambiance était probablement meilleure, parce que le stade était plus petit, plus compact. Mais on doit évoluer avec son temps. City est devenu de plus en plus populaire et se devait de changer de stade. C’est indispensable pour les grands clubs de Premier League. Mais, ouais, Maine Road me manque un peu quand même. Plus jeune, je devais quand même me farcir cinq bus différents pour y arriver. Pour un match à 15 heures, je partais à 9-10 heures. Et pareil au retour. Une vraie vie, à la dure, d’un supporter de City. J’y ai appris toutes les chansons que les fans chantaient. C’était vraiment top.

Des chants préférés ?Blue Moon je crois bien (ndla : titre sur lequel Ricky faisait ses entrées sur le ring). Mais les chansons, ça s’invente à chaque match en Angleterre. Aujourd’hui, celle sur les Touré me fait bien marrer. « Ya-Ya, Ya-ya-ya-ya, ya-ya-ya-ya, Ya-Ya-Tou-Ré, Kolo, kolo kolo, kolo kolo, kolo kolo Tou-Ré » (nlda : Sur cet air magnifique de No Limit, des 2 Unlimited). Tous ces chants sont marqués par un certain sens de l’humour. Pendant très longtemps, on n’a rien gagné, alors il fallait bien avoir de l’humour pour supporter City.

Maintenant que City se remet à gagner, vous avez peur de le perdre ?Naaan. Mais maintenant qu’on a goûté au succès, on en veut toujours un peu plus. A United, ils disent qu’ils nous ont prêté le titre pour une saison et basta. A considérer la saison actuelle, ils n’ont pas forcément tort. Ça va être coton de rattraper ces 12 points de retard. Mais on veut tous que l’Etihad devienne une forteresse, un peu comme Old Trafford. Et ça prend du temps de construire cette réputation.

Votre grand-père et votre père jouaient pour City aussi…Oui, mon grand-père pour l’équipe B durant la guerre, mon père pour la réserve. Mon père, quand il était stagiaire, lavait les pompes de Franny Lee, l’époque où City avait gagné le championnat en 1968, avec les Summerbee et Colin Bell.

Vous avez une idole en particulier à City, récente ou passée ?Georgi Kinkladze. Meilleur que n’importe qui quand j’ai commencé à aller au Maine Road. Un très bon technicien, capable de dribbler quatre-cinq joueurs. Et c’était un habitué de la salle de boxe aussi. Quand j’avais 18 ans, je partageais la salle d’entraînement avec Steve « the Viking » Foster, boxeur professionnel de Manchester. Foster était un ami de Summerbee. Et Summerbee ramenait parfois Kinkladze. Imagine un peu comme j’étais fier de m’entraîner devant lui !

Vidéo

Qui est la star à Manchester : les footballeurs ou vous ?Honnêtement, les footballeurs, même s’ils n’aiment pas trop descendre dans la rue. Moi, j’en ai rien à foutre, je vais toujours à mon pub, on peut m’approcher. La boxe reste un sport mineur comparé au cricket, au rugby, au football. Mais je pense que j’ai sublimé la boxe en Grande-Bretagne. Je ne dis pas que je suis le plus grand boxeur que le pays ait connu – je n’y crois pas un seul instant – mais j’ai réussi à attirer des milliers de fans autour de ma boxe. Rends-toi compte, 58 000 personnes à l’Etihad Stadium, un record depuis la guerre. Pour mon dernier combat, 20 000 billets ont été vendus en quatre heures, sans connaître le nom de mon adversaire. C’était sold out en trois jours. A Las Vegas, près de 25 000 britanniques avaient traversé l’Atlantique pour me voir sur le ring du MGM Grand. Ils chantaient tous « There is only ooooone, Ricky Hatton, only ooone Ricky Hatton » . Comme dans un stade de foot. Ce n’est pas commun dans le monde de la boxe.

J’ai entendu que dans votre pub, vous taquiniez de la fléchette. Robin van Persie se débrouille aussi. Ça vous tente un petit duel ?Oh non, ou alors ce serait lui que je viserais avec ma fléchette.

Plus sérieusement, les sportifs parlent d’une « petite mort » quand ils arrêtent. Comment ça s’est passé pour vous ?En 2008, je remplis l’Etihad Stadium, avec près de 58 000 personnes pour voir le combat contre Laczano. J’ai gagné mais ma performance n’était pas extraordinaire. Dans ma tête, je me suis demandé s’il fallait que j’arrête là-dessus ou pas. Contre Malignaggi, je fais un super combat que je gagne. Et ensuite, c’est la défaite contre Pacquiao (mai 2009), qui me détruit en deux rounds. C’était très dur. Toute ma vie s’écroule et je suis dépressif. Tu vois bien : des hauts, des bas, etc. J’ai dû combattre un tas d’autres problèmes (ndla : les tabloïds l’ont chopé, comme Kate Moss, en plein rail). Je suis alors revenu aux fondamentaux, à la salle, à retrouver les potes, les collègues d’entraînement, les habitudes de la salle, à transmettre mon expérience. J’ai eu un nouvel enfant aussi et à partir de là, j’ai décidé de faire mon comeback, trois ans après. Bon, j’ai perdu mais c’était plus une question de montrer que tout allait mieux, que j’étais revenu de loin. Je suis heureux maintenant.

Maintenant, vous êtes entraîneur et promoteur…Oui, l’adrénaline n’est pas la même mais ce n’est pas très loin. J’ai connu beaucoup de coaches, des bons, j’ai boxé dans le monde entier et aujourd’hui je pense que je suis un bon professeur de boxe. Parce qu’être entraîneur de boxe, ce n’est pas seulement ce qu’il se passe à l’intérieur de la salle. Là, je prépare un boxeur biélorusse, Sergey Rabchenko. Il est champion d’Europe, à deux combats de prétendre à la ceinture mondiale. Avec seulement 25-26 combats dans les gants. Il a un énorme potentiel. Comme pour tout sportif qui commence une nouvelle vie, c’est important pour moi de réussir ce nouvel objectif. Le prochain, c’est le 30 mars à Monte-Carlo, avec Sergey.

Vous aurez le temps d’aller voir un match à Louis-II ?Non, je dédie tout mon temps à Sergey. En plus, je suis promoteur du combat. Je veux qu’il soit dans la meilleure forme possible, qu’il impressionne les supporters, le public de Monte-Carlo. Et le public, vous devez les divertir. Ils méritent bien ça, non ? Sans fans, il n’y a pas de sport.

Après la trêve internationale, place au festin !

Propos recueillis par Ronan Boscher, à Hyde, en périphérie de Manchester

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