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Renard, l’Algérois des Éléphants

Par Vincent Riou
Renard, l’Algérois des Éléphants

Si son passage à l'Union sportive de la Médina d'Alger en 2011 fut court (10 mois), Hervé Renard en a gardé un souvenir « merveilleux » et « beaucoup d'amis ». Mais d'Algérie, le coach des Ivoiriens est peut-être bien parti avec quelque chose d'encore plus précieux dans ses bagages : la baraka !

« L’Algérie ? Une très, très bonne équipe, avec beaucoup de talents offensifs. J’y ai passé dix mois merveilleux » , a répondu Hervé Renard à propos de l’adversaire de la Côte d’Ivoire, en quart de finale de la CAN. Puis il n’a pu s’empêcher de faire une petite dédicace à l’intention des supporters des Fennecs : « Je vais essayer de leur faire quelques misères. » Les sachant un chouia susceptibles, il a pris soin de préciser : « Ce n’est pas une provocation, c’est une blague, parce que j’ai beaucoup d’amis en Algérie. »

Coup de pouce à Velud

En Algérie, Renard a surtout un ami, qui lui-même a beaucoup d’amis, et à qui on reproche d’ailleurs parfois d’en avoir un peu trop : Ali Haddad. Profitant de la professionnalisation du football, ce dernier devient l’actionnaire majoritaire de l’USM Alger en 2010, investissant 707 millions de dinars algériens, soit 83% des parts de la SPA (Société par action). Une paille quand on sait que son groupe de BTP ETRHB affiche un chiffre d’affaires de 40 milliards. M. Haddad possède aussi deux journaux (Waqt El Djazaïr et Le Temps d’Algérie) et deux chaînes de télévision (Dzaïr TV et Dzaïr News). Et est devenu depuis deux mois environ le Pierre Gattaz algérien, élu avec 100% des voix à la tête du FCE, la plus importante organisation patronale algérienne. Ce qui n’est pas pour rassurer un certain nombre de rabat-joie, qui dénoncent déjà depuis plusieurs années sa – trop – grande proximité avec des ténors du pouvoir, politiques ou militaires. Hervé Renard n’est pas du genre, lui, à voir le mal partout. De Haddad, il déclarait lors de la préparation estivale, en 2011, dans un entretien vidéo accordé au site Footafrique.com : « Il n’y a que M. Haddad qui est capable de me faire rester en Algérie, il a une vision et un professionnalisme qui est tout autre que ce qui se fait dans ce pays. Chacun est libre de faire ce dont il a envie, mais moi, je ne peux travailler que de cette façon, donc je suis ravi de travailler avec un président comme ça. »

Lorsque nous étions allés le voir à Sochaux en janvier 2014, pour un entretien paru dans le magazine, il nous avait redit tout le bien qu’il en pensait, allant même jusqu’à comparer leur relation avec celle qu’il entretenait avec le président de la Fédération zambienne de football : « Kalusha Bwalya, c’est un type exceptionnel comme président. Jamais d’interférences, toujours ouvert, en quatre ans, il ne m’a jamais imposé quelqu’un. On a pu avoir des discussions, mais en cas de défaite par exemple, c’est pas lui qui vient faire trembler les murs. Il va rester calme, analyser, et presque tout le temps faire la bonne analyse, il est intelligent. C’est important qu’il y ait une certaine fusion entre le coach et le président, et j’ai souvent connu ça, à l’USMA particulièrement. » Depuis son départ d’Alger, Renard semblait avoir gardé d’excellentes relations avec Haddad, puisqu’il nous avait confié avoir poussé la candidature d’Hubert Velud à l’USMA – l’entraîneur qui l’avait précédé à Cherbourg – alors qu’il s’embarquait dans l’opération maintien doubiste : « Il a été champion avec le Sétif en Algérie, ils l’ont pris quand Rolland Courbis est parti… Je ne vais pas dire que c’est un mauvais choix, puisque j’ai soufflé son nom au président de l’USMA. » Bonne pioche, puisqu’après la victoire en Coupe avec Courbis en 2013 (permettant à l’USMA de redevenir avec huit victoires le recordman national), Velud met enfin un terme en mai dernier à près de dix ans de diète en championnat.

« Ma femme m’a dit « Si tu pars pas du pays, je divorce » »

S’il a échoué à Sochaux, de peu, et avec panache, Renard, appelé en janvier 2011 par Haddad pour jouer les pompiers, avait déjà connu à l’USMA l’expérience d’une dernière journée fatidique, contre Annaba, finalement relégué. Dans un championnat hyper serré en queue de classement, l’USMA finissait finalement neuvième sur seize, avec deux points de plus, seulement, qu’Annaba ! Dans ce même entretien de Footafrique.com visible sur Youtube, Renard rendait hommage à la force de caractère de ses joueurs tout en réglant quelques comptes avec les mœurs locales : « Il y a des choses que beaucoup de gens savent et qui se passent dans les dernières journées du championnat algérien… Nous, on ne nous a pas fait de cadeaux. Beaucoup de gens le savent : nous, on a dû se battre. Certains ont eu des points généreusement, on en est sorti grandis. Beaucoup voulaient nous voir relégués, ça n’a pas eu lieu, c’était laborieux, mais il y a eu du cœur. »

Le recrutement pour l’année 2011-2012 faisait de l’USMA le « PSG algérien » , et le favori pour le titre, avec l’arrivée notamment d’internationaux ou anciens internationaux comme Lemmouchia, Bouazza, Yekhlef et Laïfaoui, Djediat, Zemmamouche, Meftah et Bezaz. Mais le 21 octobre, après cinq journées pour autant de victoires, la nouvelle tombe : Renard s’en va. Un petit match nul à Tlemcen plus tard, il rejoint la Zambie, qu’il avait quittée à peine 18 mois plus tôt, le cœur gros, suite à un ultimatum : « Ma femme m’a dit « Si tu pars pas du pays, je divorce », nous avait-il expliqué. En Zambie, les gens n’ont pas compris et m’en ont voulu, mais avec la Fédération, tout s’est passé à l’amiable. » Les supporters de l’USMA auront aussi du mal à digérer son départ – surtout que Ollé-Nicolle, son successeur, manquera le titre et même la qualification en Champions League, finissant un point derrière Béjaïa et Sétif, sacré au goal average pour un but en plus. Mais Ali Haddad, lui, ne lui en voudra pas : « Le président avait accepté ma condition, qu’il y ait une clause dans mon contrat qui me permette de partir si j’avais une proposition d’équipe nationale, nous avait-il confié. Ce n’est pas tant les équipes nationales qui m’attirent, ce sont les compétitions. Imaginez vous en 2007, ma première fois en Afrique noire, arriver au Ghana, pays organisateur de la CAN, l’effervescence… Moi, j’arrivais de Cherbourg, où il y avait parfois 300 personnes au match. C’est éblouissant pour un petit Savoyard qui ne rêve que de football. »

Doublé par Sven-Göran Eriksson

Annoncé en Égypte, au Maroc, en Tunisie, et on en passe, c’est finalement donc en Zambie, qualifiée grâce au technicien italien Dario Bonetti, que Renard partira vivre une nouvelle fois l’émotion d’une CAN, en 2012 : « Ça ne se passe pas très bien avec lui, et ils décident de s’en séparer en octobre. Donc mon contrat commence le 1er novembre, et le 12 février, on gagne la CAN. Le groupe était resté exactement le même que celui que j’avais laissé. » Cette victoire des Chipolopolos fait entrer Renard tout à coup dans une autre dimension, mais pas forcément assez à son goût. « Ça fait partie du jeu, c’est comme pour les musiciens, tant qu’on n’a pas fait de tube… Et encore, c’était Orange à l’époque, il y aurait eu des retombées encore plus importantes si ça avait été diffusé sur Canal, de même qu’elles l’auraient été encore plus si, au lieu de gagner avec la Zambie, j’avais gagné avec la Côte d’Ivoire. »

Gagner avec les Éléphants, cela fait un petit moment que ça lui trotte dans la tête. C’est en Côte d’Ivoire qu’il dispute sa première compétition internationale en tant que coach principal, avec la Zambie. C’était en 2009, la CHAN, la CAN qui ne se dispute qu’avec des joueurs évoluant dans les championnats locaux : « On joue la Côte d’Ivoire à Abidjan, le stade est plein, Laurent Gbagbo est là, et on gagne 3-0. Donc les Ivoiriens ont tout de suite une bonne opinion de moi » , nous avait-il assuré, de son inimitable sourire carnassier. D’ailleurs, le président de la FIF, Jacques Anouma, lui avait proposé en son temps l’équipe olympique : « J’ai dit « Ça ne m’intéresse pas », j’ai mon caractère, je savais ce que je voulais. Puis en 2010, quand Vahid part (sic), je l’ai rencontré à Paris… On m’a dit « De toute façon, on va prendre un entraîneur de renom pour la Coupe du monde » (ce sera Sven-Göran Eriksson, ndlr). Moi, j’avais répondu « Je peux la prendre, l’équipe ! », on a dû me prendre pour… Enfin, je le pensais sincèrement, mais on m’a fait comprendre « Il faut patienter un peu ». Du coup, on s’entend sur certaines choses quand même, mais faute de recevoir des confirmations écrites de ce dont on a parlé, je n’ai pas été patient, et je signe en Angola. » D’où il est parti au bout de six mois, pour rejoindre Alger, et faire le plein de baraka.

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