L’encanaillement de la citation érudite
Que beaucoup aient recours à son patronage ne fait pour autant pas de l’art de la citation un exercice de style aisé. De fait, l’usufruit d’une référence, qu’elle appartienne aux tréfonds les plus disparates des gouffres obscurs où s’amoncellent les références populaires ou aux alcôves les plus secrètes des pâturages dorés où reposent les mythes classiques, peut s’avérer par essence et par principe périlleux. En effet, s’il peut conférer un éclat, celui du firmament de l’érudition, il verse parfois dans le sibyllin, parfois dans le pusillanime.
Une recrue énergisante au #SDR... ⚡ pic.twitter.com/EK8NP3jjdL
— Stade de Reims (@StadeDeReims) July 9, 2020
Si les réalisateurs rémois s’affranchissent de l’insaisissable en offrant au regard désappointé du spectateur un symbole des plus encanaillés, ils s’abîment cependant sur l’écueil non moins dramatique de la pudeur artistique. En d’autres termes, pour balayer précisément toute opacité sémantique, les cinéastes oublient de se hisser aux hauteurs insoupçonnées, plaines virginales, que permettent d’atteindre la créativité la plus hardie et l’inventivité la plus téméraire, en ne prenant pas la peine de transfigurer totalement une référence prosaïque.
L'épure et le vacillement
Or, le principal enjeu de la proposition cinématographique réside dans la solidité intrinsèque et hermétique de la citation qui sert de fondement au complexe symbolique dans lequel devaient s’organiser les systèmes de référence déployés. Si bien qu’en laissant entrevoir des fondations vacillantes, la cathédrale voulue, et que laissait suggérer au fond un plan en vérité bien senti, se transforme plutôt en un château de cartes à la merci des vents, que la précision du geste des réalisateurs ne permet pas de préserver.
De fait, le film champenois peut se targuer d’une mise en scène et d’un montage soigné, autrement dit d’une caresse technique qui atteint son épiphanie en visant l’épure absolue et en atteignant la simplicité la plus totale. Ainsi, l’esthétique, qui n’est rien de plus (ou de moins) qu’une manière de figurer des signes, et le montage, un moyen d’associer des réseaux de signification, atteignent des sommets de justesse. Mais reste malheureusement à l’esprit l’adage qui veut que l’art de la citation soit celui de ceux qui ne savent réfléchir. Cinéma-citation, situation précaire.
Valon Berisha
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Par Valentin Lutz
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