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Reims, 51e État d’Amérique

Par Mathieu Rollinger, à Reims
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Reims, 51e État d’Amérique

Ce mardi, des centaines d'Américains se sont rués sur Reims pour faire ce qu'ils préfèrent : visiter des monuments, déguster quelques mets délicieux, faire la fête, parler fort, mais surtout s'exalter sur la force de leur équipe de soccer. La démonstration face à la Thaïlande annonce que les USA n'hésiteront pas à écraser tout sur leur passage. D'ailleurs, c'est comme ça qu'ils montrent leur respect envers une compétition.

Les Thaïlandais s’en doutaient peut-être, ils en auront plus tard la certitude. S’ils prennent la pose devant la cathédrale Notre-Dame de Reims, lieux des sacres royaux en France depuis le XIe siècle, ils savent que la couronne ne sera pas pour eux. En tout cas, pas pour leur sélection, 34e nation mondiale du foot féminin, qui entamait sa Coupe du monde au stade Auguste-Delaune, face aux États-Unis d’Amérique, champions en titre. Et s’ils se faisaient déjà tout petits dans les rues de la cité champenoise, ils paraissaient encore plus minuscules face aux géantes US. Treize buts dans le buffet, un record pour la postérité, mais ces dizaines de supporters venus de loin ont le mérite d’avoir poussé leur équipe, jusqu’au coup de sifflet final, mettant fin au supplice vécu par la gardienne Chor Charoenying et ses coéquipières.

D’ailleurs, l’attaquante thaïlandaise Suchawadee Nildhamrong, aka Miranda Nild, ne pouvait retenir ses larmes dans les coursives du stade. Native de Californie, elle a vécu cette rencontre comme un cauchemar. Elle voulait faire bonne figure face à son pays, tout en faisant honneur à celui de ses ancêtres. Mais la puissance américaine a ruiné ses ambitions. Et ce n’est pas faute pour Alex Morgan, passée par la même université qu’elle (Berkeley), d’avoir essayé de la consoler. « Je lui ai dit que c’est le rêve de toutes les joueuses de participer à ce genre de tournoi et qu’il est normal d’être triste après une telle défaite, relatait la quintuple buteuse. Mais elles ont encore deux matchs pour montrer ce dont elles sont capables et profiter de cette chance. » Autrement dit : prendre une telle valise face aux triples championnes du monde est un privilège.

Make Soccer great again

Cette domination, c’est l’ensemble des Américains de passage à Reims qui se sont appliqués à la démontrer, et ce, sur différents terrains. À commencer par celui de la fan zone, où un city stade a été installé. Quatre heures avant le coup d’envoi, Jill et Nate se dégourdissent les jambes, embarqués dans un 7×7 face à des adolescents du coin. Ce couple venu de Caroline du Nord jure ne jouer au foot que pour le plaisir, pourtant il tient la dragée haute aux locaux. « On est plus basket, mais on joue mieux qu’eux » , se vante Jill en regardant son homme enchaîner les dribbles vers le but, et profiter de son mètre 90 pour dominer sur corner tout le monde de la tête. Ceux-là ont pris un mois de leur vie pour suivre les Yanks en France et visiter le pays. Dans leur esprit, forcément, ce trip s’achèvera à Lyon pour le Final Four. Pourtant l’échange interculturel entre Jill, Nate et les loustics du quartier tourne court. Car tout ce petit monde se fait rapidement chasser du terrain par un groupe d’une vingtaine d’adolescentes toutes flanquées du même survêt.

Le L et le B brodés sur le cœur et les automatismes balle au pied ne laissent aucun doute : il s’agit là d’un club au complet. « Nous sommes l’équipe de soccer de l’université de Long Beach, en Californie, explique Aby. On est là pour 11 jours, avec des visites et un stage de préparation en vue de la prochaine saison. Et avant de rentrer, nous assistons au match de la Team US. On n’a pas à se plaindre ! » Sur le bord du terrain, un homme observe avec plus d’attention que les badauds l’action qui se déroule sur le tartan, où un match est improvisé entre « écharpes contre sans-écharpes » . Et pour cause, Joe est un des entraîneurs de l’équipe. Trentenaire blondinet, il pratiquait le football, « il y a bien longtemps maintenant » . Aujourd’hui, il veille sur la progression de ses filles, dont quelques-unes pourraient selon lui garnir prochainement l’équipe nationale. Prétentieux ? Pas tant que ça. En effet, une semaine plus tôt, son équipe servait de sparring-partner à la sélection argentine. Et lors des deux rencontres programmées à Noisy-le-Grand, Long Beach ne s’est incliné que 2-1. « On a même mené à la mi-temps du premier match. Mais on sent qu’elles ont plus d’expérience et plus d’exigence que nous » , analyse Joe, avant de confier avoir été subjugué par Estefanía Banini, « cette numéro 10 qui a quelque chose de spécial » .

Le Grand Prix d’Amérique

L’info est là : une équipe universitaire américaine moyenne a le niveau pour rivaliser avec une équipe concourant à ce Mondial 2019. Une nouvelle preuve de la suprématie américaine dont ne doute pas Dan, alors qu’il ignore comment prononcer « Reims » ou ce que valent vraiment les Thaïlandaises. « Je sais seulement qu’elles ne feront pas le poids » , assène-t-il sous son haut-de-forme en mode Oncle Sam. Attablé dans une brasserie prise d’assaut par les supporters yankees, le sexagénaire venu de Washington DC s’échauffe le gosier avec sa femme et ses fils. Le cadet, Mitchell, est fan d’Arsenal et de DC United, mais essaye de suivre au maximum les sélections américaines lors des grands tournois. « Notre séjour s’achève dans 15 jours et j’aimerais pouvoir le finir sur USA-France si possible, note le grand barbu, drapé dans un Star-Spangled Banner. Et évidemment, je ne compte pas partir sur une défaite ! »

Au stade, ce sont presque les deux tiers des 18 591 personnes qui partagent le même rêve : décrocher en France leur quatrième titre mondial. Les cris de dévotion lâchés sur chacune des actions américaines, dignes des cérémonies de remise des diplômes dans les facs, prouvent que la sélection de Jill Ellis peut compter sur une armée de fidèles. Pour eux, la fête sera la même après chaque but. Qu’importe si le spectacle ressemble plus à une exhibition, avec un score de hockey sur glace. « Moi, ça me va très bien » , s’exclame Mitchell retrouvé plus tard dans les rues de Reims, bière à la main et paternel déposé à l’hôtel. Comme plusieurs de ses compatriotes, il a décidé de finir la soirée à l’Ernest Hemingway. Et c’est sous la protection de l’écrivain américain le plus amoureux de la France qu’il peut serrer dans ses bras sa nouvelle conquête : une Rémoise qui s’appelle Céline. « Eh ouais, ce soir, on a mis 13 buts et j’ai trouvé une femme » , se marre-t-il. Les Bleues et l’ensemble des Français sont prévenus, il sera difficile de résister aux Américain(e)s.

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Par Mathieu Rollinger, à Reims

Tous propos recueillis par MR.

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