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Real-Barça, comme un air de 2008
Pour ce dernier Clásico de la saison, le Real Madrid va accueillir un FC Barcelone dans le dur, et peut prendre un avantage quasi définitif sur le titre en Liga. Une situation d’infériorité que le Barça n’avait plus connue depuis le 7 mai 2008.
C’est un jour que le Barça aimerait pouvoir effacer de sa mémoire. Un jour avec beaucoup de noir à broyer dans la tête. Un jour avec beaucoup de blanc à stopper dans cette fête. Trop de blanc, même. Dans cette antépénultième journée de la Liga 2007-2008, les dés sont d’ores et déjà jetés pour connaître l’identité du futur champion d’Espagne. Au classement, le Real Madrid est sacré depuis son succès contre Osasuna trois jours avant ce Clásico au Santiago-Bernabéu. L’élimination merengue dès les huitièmes de finale de C1 contre l’AS Rome fait partie du passé, et les hommes de Bernd Schuster peuvent recevoir le Barça sans aucune pression extérieure, bien au contraire. Car comme le veut la tradition en Liga, le vainqueur déclaré du championnat doit être salué par une haie d’honneur au match suivant son sacre. Hasard du calendrier, le club chargé d’accueillir le Real Madrid par un « pasillo » sera… le Barça.
La punition
Si aujourd’hui, les Culés sont dans une situation délicate avant de se rendre à Madrid pour disputer un Clásico qui pourrait leur être fatal, la dynamique du moment invite à songer à cette fameuse rencontre de 2008, où le Real roule sur une Liga dans laquelle les Barcelonais ne sont même pas considérés comme leurs dauphins attitrés. En effet, le Villarreal de Juan Roman Riquelme réalise dans le même temps une excellente saison. Tout juste éliminé de la C1 par Manchester United et la frappe lumineuse de Paul Scholes à Old Trafford, le FC Barcelone va connaître une saison blanche et la fin du Barça de Frank Rijkaard. D’ailleurs, le Batave est le premier à serrer la main des Blancos au moment de leur entrée sur le terrain, avant que ces derniers ne soient applaudis par un Barça bientôt classé au rang de victime. « C’est un geste de sportivité, expliquait Rijkaard avant la rencontre. Après, c’est clair que ça fait mal, mais l’équipe qui gagne la Liga le mérite. » Si son Barça est en mauvaise posture avant d’attaquer ce match décisif, Luis Enrique pourra quant à lui garder ses mains bien enfouies dans ses poches.
Dans les tribunes du Bernabéu, certains socios madrilènes photographient ce moment historique avec des Kodak jetables. Marcelo a les cheveux courts, Arjen Robben a des cheveux tout court, mais surtout, le Real Madrid est en avance rapide dès les premières minutes. En conférence de presse d’avant-match, Schuster avait été clair : « Il nous reste une chose à faire cette saison : battre le FC Barcelone. » L’objectif est rapidement mis à exécution, puisque le capitaine Raúl (12e) puis Robben (20e) mettent la Maison-Blanche sur la voie royale. Dans cette rencontre sous une forte pluie, le Barça subit, et les petites nattes de Rijkaard ne peuvent rien face à l’ouragan madrilène. Robben est ovationné à sa sortie, remplacé par Gonzalo Higuaín, buteur trente secondes plus tard pour assommer le Barça (64e). Raúl est ovationné à sa sortie, remplacé par Ruud van Nistelrooy, qui transforme la défaite catalane en véritable gifle (79e). Et si Henry sauve l’honneur en fin de match (4-1, 87e), le revers blaugrana résonne comme un couac monumental. À ce jour, c’est toujours la plus grosse défaite connue par le Barça contre le Real au cours du XXIe siècle.
Schuster-Zidane, même sentence ?
Comble du comble, la rencontre voit le stratège du Barça Xavi Hernández récolter un second carton jaune synonyme d’expulsion, à la suite de paroles déplacées envers l’arbitre central Alfonso Pérez Burrull. Un match à définitivement oublier pour le Més que et ses 4 Fantastiques. De l’autre côté, la rencontre est à placer dans toutes les têtes madrilènes dès ce dimanche. Car si le Real de Zidane est en position de force, son style porté vers l’avant avec cinq joueurs à vocation offensive pourrait bien être comparé à celui de Schuster, aussi connu pour avoir occupé le poste de meneur de jeu au cours de sa carrière. Kroos, Modrić, Isco, Cristiano Ronaldo et Benzema sont-ils les nouveaux Gago, Guti, Sneijder, Robben et Raúl ? Peut-être. Et si certains peuvent imaginer que les trois astres Messi, Suárez et Neymar sont capables de toutes les merveilles possibles, il ne faut pas omettre que le Real possède l’avantage du nombre. Derrière Benzema se trouve Morata, derrière Isco se cache Vasquez, derrière Cristiano Ronaldo apparaît Asensio… Un détail qui, poste par poste, finit par peser dans la balance.
Par Antoine Donnarieix