Autre illustration : la trajectoire de Florian Raspentino, pur produit de l’amateurisme, aujourd’hui cible de nombreux clubs de L1. Né en juin 1989 à Marignane d’un père algérien et d’une mère française, le gamin prend sa première licence à l’AS Gignac, non loin de chez lui, dans la banlieue marseillaise. A sa majorité, il tente une première incursion dans le monde pro, à Ajaccio, sans succès. Retour à la case départ, Marignane, où il fait ses débuts avec les seniors en CFA. Il s’y aguerrit deux ans, avant de partir pour la concurrence, au RCO d’Agde, toujours dans le Championnat de France Amateur, à l’été 2010. Positionné attaquant axial, il y réalise une belle saison, inscrivant 17 des 37 buts de son équipe.
Un profil à la Moussa Sow
Sébastien Pérez, l’ancien joueur de l’OM (qui vient d’être nommé directeur sportif à Dijon), repère le talent et en parle à une connaissance, Jean-Carl Tonin, ami de Guy Hillion, alors directeur sportif du FC Nantes. Tonin va le voir à Agde, en revient convaincu et lui obtient un essai en Loire-Atlantique. Deux jours seulement suffisent à séduire Hillion, pas le moins réputé pour repérer des futurs très bons… Avec un bien maigre CV, Raspentino débarque sur la pointe des pieds, et l’on ne sait pas bien au départ s’il a été recruté pour la réserve ou l’équipe première. L’interrogation va vite être levée.
Après une bonne préparation à l’intersaison et quelques semaines à attendre qu’on lui donne sa chance, il est lancé dans le grand bain de la L2 le 22 août à la Beaujoire, lors d’un match face à Guingamp. Score final, 4-0 pour les locaux, dont un amour de but du petit nouveau : aligné au poste d’ailier, il est trouvé côté gauche, fixe son défenseur, se décale vers l’axe avec élégance, trouve un angle de tir et saisit l’occasion pour nettoyer la lucarne. La suite de la saison permet de confirmer qu’on a bien affaire à un sacré talent offensif. Un joueur d’instinct, spontané, que son entraîneur Landry Chauvin n’hésite pas à comparer aux meilleurs éléments qu’il a eus sous ses ordres au centre de formation du Stade Rennais : Moussa Sow, Jimmy Briand, Jirès Kembo.
La prudence de Kita
Avec déjà 10 buts inscrits toutes compétitions confondues, Florian Raspentino a d’ores et déjà atteint l’ambitieux objectif qu’il s’était fixé l’été dernier, au moment de débuter sa première saison chez les pros. Débarqué chez les Canaris avec un modeste contrat d’un an, il attire forcément aujourd’hui la convoitise de nombreux clubs. Caen, Saint-Etienne, Lorient, Brest et l’Udinese ont dégainé les premiers dès la fin d’année dernière, mais rien n’est encore fait. Le joueur a récemment clamé son désir de disputer la L1 avec Nantes. Mais de une, la montée du club ligérien est loin d’être acquise (le FCN compte 5 points de retard sur le podium avant le match de ce soir), de deux, les négociations coincent avec les dirigeants, qui estiment le joueur trop gourmand. Waldemar Kita serait peu enclin à signer un gros chèque pour un indéniable talent, certes, mais qui n’a pas encore une saison de professionnalisme derrière lui.
Depuis début 2012, c’est donc le statu quo. Raspentino continue d’être aligné par Landry Chauvin en attaque au côté de Filip Djordjevic, Kita et l’agent du joueur campent sur leurs positions respectives et la drague des clubs de l’élite se poursuit. Dernier en date à tenter le coup : l’OM. Ce serait un retour dans les Bouches-du-Rhône par la grande porte pour Raspentino, qui a toujours évoqué son amour du maillot marseillais.
Par Régis Delanoë
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