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Raphaël Varane, meilleur défenseur dans un second rôle
À seulement 25 ans, Raphaël Varane dispute ce samedi soir sa troisième finale de Ligue des champions face à Liverpool (20h45). Et si le Nordiste, calme et raisonné, s’est finalement imposé comme le partenaire idéal à Sergio Ramos à Madrid, la France en attend toujours plus de lui. Certainement trop.
Après Lisbonne en 2014 et Cardiff en 2016, Raphaël Varane va découvrir Kiev et son stade olympique ce soir. À chaque fois, l’international français est accompagné du même colocataire en défense centrale. Un type à peu près aussi barge que charismatique, et dont le joueur formé à Lens est, finalement, aussi différent que complémentaire. Un type qui l’a aidé, lorsqu’il est arrivé dans l’une des plus grandes institutions européennes à tout juste 18 piges, et duquel il continue à apprendre, sans tenter de copier systématiquement pour autant. Parce que Sergio Ramos est unique, et qu’il est difficile de faire du Sergio Ramos en étant aussi performant que l’Espagnol peut l’être. Et parce qu’il fallait bien quelqu’un pour tempérer un minimum les excès du capitaine madrilène.
Partenaire particulier
Lors du quart de finale retour de cette même C1 face à la Juve (1-3), Varane est contraint d’endosser le rôle de patron en charnière centrale. Ramos est suspendu, Nacho blessé, et c’est le jeune Jesus Vallejo (21 ans) que le Français doit prendre sous son aile. « Je ne vais pas me transformer en un joueur qui va aboyer partout et crier pour rameuter les troupes, je vais le faire avec ma personnalité, comme d’habitude. L’important, c’est que mes coéquipiers puissent compter sur moi tel que je suis. Je ne vais pas changer » , explique-t-il pourtant juste avant la rencontre. Une rencontre que le natif de Lille ponctue moyennement, par manque de leadership, de personnalité, d’aura, aussi, mais que la qualification des siens fait rapidement oublier.
Ce soir-là, Varane devait être le patron et n’a pas su l’être, une fois de plus. Même sans aboyer partout, il avait enfin l’occasion de prouver à chacun qu’il était capable d’assumer cette étiquette, qu’il se refuse régulièrement. Peut-être parce que ce rôle lui correspond moins bien, et que les qualités qui sont les siennes sont bien éloignées de celles dont peut se targuer un véritable leader.
Big Sam is watching you
Contre Liverpool, Raphaël Varane disputera donc sa dernière rencontre de la saison sous le maillot merengue, et devra ensuite se projeter le plus rapidement possible dans son Mondial. Et également laisser son costume de second à Madrid, pour enfiler celui de vice-capitaine de l’équipe de France. Problème : à chaque fois qu’il a été amené à enfiler cette tenue, elle a semblé mal taillée, trop grande et peut-être trop flashy pour un défenseur timide, réservé, mais ô combien précieux pour l’équilibre d’une équipe. Et si sa dernière sortie sous les ordres de Didier Deschamps face à la Colombie (2-3) n’a guère rassuré à ce sujet, c’est peut-être à Samuel Umtiti de saisir cette place dont personne ne veut.
Après tout, le défenseur du Barça, lui aussi couvé en Espagne par le charisme de Gerard Piqué (qu’il avale pourtant parfois sur le plan sportif), semble plus à même de diriger la charnière des Bleus en juin prochain. À Lyon, lors de sa dernière saison dans son club formateur, Big Sam assumait parfaitement son rôle de pilier, et présente des caractéristiques certainement plus proches de cette mission que Raphaël Varane. À moins de trois semaines du début de la Coupe du monde, il est désormais nécessaire qu’un leader naturel se dégage derrière. Patrice Évra n’est plus là, les quatre arrières latéraux français sont encore jeunes, et Adil Rami ne pourra pas endosser à lui seul ce statut depuis le banc de touche.
Par Jérémie Richalet