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Raheem Sterling, le détonateur anglais

Par Tom Binet
4 minutes
Raheem Sterling, le détonateur anglais

L'Angleterre ne peut plus se passer de Raheem Sterling. Déjà auteur des deux seuls buts des Three Lions en phase de poules, le Citizen a encore débloqué la situation face à l'Allemagne pour ouvrir la voie des quarts de finale à son équipe et faire chavirer Wembley. Certes Harry Kane a de nouveau entendu un filet trembler, mais c'est bien lui le métronome offensif de l'équipe de Gareth Southgate, qui n'a plus qu'une chose en tête : revenir jouer dans sa capitale dans une semaine.

Un gros quart d’heure. C’est le temps qu’il a fallu à Raheem Sterling pour tester une première fois Manuel Neuer, pour la première des quatre frappes cadrées de l’Angleterre face à l’Allemagne. Un bel enroulé de l’entrée de la surface sur lequel le portier du Bayern se détend bien. Surtout, une première cartouche pour des Three Lions jusqu’alors asphyxiés et qui commencent à gagner leurs premiers duels de la partie et toucher quelque peu le ballon. Pendant de longues minutes, l’ailier de Manchester City sera le principal pourvoyeur de danger dans le camp de la Mannschaft, Harry Kane décidant de garder sa cape d’invisibilité pour mieux surgir dans les dernières minutes, tandis que Bukayo Saka n’avait pas les jambes aperçues face aux Tchèques.

Cinquante et un ans plus tard

Dans une rencontre longtemps gagnée par l’ennui malgré une quantité impressionnante de talent disposée aussi bien sur le pré que sur le banc, il allait être l’étincelle qui enflammerait Wembley. Déroutant par ses dribbles, c’est finalement de près qu’il trouve la faille, sur une offrande de Luke Shaw pour délivrer une équipe d’Angleterre qui attendait d’éliminer l’Allemagne en tournoi majeur depuis son sacre mondial en 1966. C’était il y a 51 ans. Depuis ? Des éliminations en Coupe du monde en 1970, 1990 et 2010 couplées à cette défaite aux tirs au but, à domicile, en demi-finales de l’Euro 1996. Un tournoi dans lequel les Anglais n’ont encore jamais expérimenté le goût d’une finale.

Heureusement cette fois, ils ont pu compter sur un jeune garçon de 26 ans né à Kingston avant de débarquer dans le Royaume à l’âge de 7 ans pour les sortir du piège allemand. « Raheem prouve à beaucoup de gens qu’ils ont tort », pouvait savourer au coup de sifflet final son coéquipier Declan Rice, alors que son pote a été plusieurs fois critiqué ses derniers mois pour des performances fluctuantes. Et l’intéressé d’enchaîner : « Nous savions que nous devions réaliser une grosse performance.(…)Marquer pour son pays est toujours spécial et c’est vraiment un moment spécial pour moi », avant de renvoyer l’ascenseur en soulignant le travail colossal de ses copains du milieu de terrain, Declan Rice et Kalvin Phillips.

Monsieur 75%

Être décisif, le bonhomme sait faire, merci pour lui. Et particulièrement depuis le début de cet Euro. Dans un secteur offensif à faire pâlir l’équipe de France, le Skyblue a été le seul à marquer dans une phase de poules ennuyeuse à mourir du côté de Londres. Un but victorieux contre la Croatie en ouverture, un autre de la tête contre la Tchéquie et une première place décrochée aux forceps pendant que les tabloïds pointaient du doigt le rendement décevant de Harry Kane. Mieux, en ouvrant le score face à l’Allemagne, Sterling est devenu le premier joueur à inscrire les trois premiers buts de son pays dans un grand tournoi depuis un certain Gary Lineker lors de la Coupe du monde 1986.

Avec trois des quatre buts des hommes de Southgate et un statut d’indiscutable au sein d’un secteur offensif mouvant (Foden, Mount, Grealish, Saka alignés à tour de rôle au coup d’envoi), celui qui a terminé la saison de Manchester City sur le banc à chaque gros rendez-vous s’offre une belle revanche. Surtout, avec lui, cette Angleterre plus solide que géniale – quatre clean sheets pour entamer une grande compétition, une autre première depuis le Mondial 1966 – recommence à faire sérieusement peur. Du haut de ses quinze buts lors de ses vingt dernières sélections, Sterling ne rigole plus du tout. Ça tombe bien, l’Angleterre non plus : après un léger détour par Rome samedi, le football pourrait cette fois rester bien au chaud, à la maison.

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