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Radja Nainggolan, l’homme à tout faire
Faire une début de saison en demi-teinte, s'infliger une énorme cuite au Nouvel An, s'engueuler avec son sélectionneur Roberto Martínez, refuser de partir pour Chelsea et atteindre contre toute attente les demi-finales de la C1 avec la Roma : Radja Nainggolan a réussir à faire tout ça, en même pas une année. La marque d'un type qui continue de ne rien faire comme tout le monde.
À l’aller face à Liverpool, il avait longtemps été le seul joueur romain à ne pas regarder ses chaussettes. À Anfield, la Roma sombre, mais Radja Nainggolan refuse de couler. Et envoie une passe longue pour Edin Džeko, qui bat Karius, et rallume une lueur d’espoir. La Louve finira par revenir à 5-2. Et si elle conserve un petit espoir de voir sa première finale de C1 depuis 1984, elle le doit en grande partie à son Ninja maison, qui réalise une fin d’exercice 2017-2018 en boulet de canon. De bon augure pour les Giallorossi, alors que la saison de Nainggolan a parfois pris un contour bordélique.
Radja ne répond plus
Retour en août 2017. Nainggolan, pas convoqué avec les Diables rouges pour affronter Gibraltar et la Grèce, sort la sulfateuse pour marquer son incompréhension vis-à-vis de son sélectionneur, Roberto Martínez : « Martínez trouve que je ne suis pas assez concentré… Il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Une fois parce que je bois, une autre parce que je fume… C’est toujours moi. Mais ce sont toujours des raisons extra-sportives. » Problème : sur le terrain, le Belge ne livre pas ses meilleures partitions. Toujours aussi combatif et exemplaire sur le pré, il est moins inspiré et créatif balle au pied, comme en attestent ses deux petits buts inscrits au soir de la 19e journée de Serie A. Pas brillant, surtout au regard de son passif récent : souvent aligné en retrait de l’attaquant par Luciano Spalletti la saison passée, le Ninja avait alors inscrit onze pions en Serie A. Le 4-3-3 plus rigide du nouveau Mister romain, Eusebio Di Francesco, semble a contrario moins lui correspondre. Un problème pointé du doigt par Edin Džeko, qui fait savoir mi-septembre qu’il n’est pas ravi de ce nouveau système : « Avant, Radja Nainggolan jouait plus proche de moi … Maintenant, il y a plus de distance entre nous sur le terrain, mais on va s’y habituer. »
En attendant, Radja décide de se changer les idées en s’offrant une beuverie mémorable avec ses potes lors du Nouvel An. Mais a la mauvaise idée de filmer sa soirée sur Instagram. Un moment de partage intégral, où le Belge descend verre sur verre, enchaîne les clopes et lâche un bon paquet de « Je suis bourré » en jouant au padel, le tout à 2h du matin. La Roma n’apprécie pas, suspend son joueur un match et lui colle 100 000 euros d’amende. Sans lui, la Louve s’étale contre l’Atalanta, lors de la 20e journée de Serie A. En tribunes, Nainggolan assiste au match et se fait même sermonner par un tifoso qui lui assène un très sérieux : « C’est de ta faute. » Radja, d’ordinaire du genre à répliquer, encaisse, comme s’il faisait cette fois-ci aveu de culpabilité.
« J’aurais pu partir à Chelsea ou dans d’autres clubs »
Coup de pot, le mercato d’hiver va remettre le Belge au top du hip hop romain. En janvier, Chelsea vient faire ses achats dans les rangs de la Louve, en délicatesse financière. Džeko et Nainggolan sont annoncés partants. Mais l’un comme l’autre s’accrochent à Rome. Une belle preuve d’engagement envers le club de la capitale. Il faut dire que, depuis son arrivée dans la Ville Éternelle en 2013, Nainggolan a attiré les convoitises de plusieurs gros clubs européens. Sans jamais succomber aux chants de sirènes étrangères. Tout simplement parce que Radja est plus que bien dans ses baskets dans la Botte : « J’aurais pu partir à Chelsea… Mais j’ai préféré rester là où je me sens bien… L’Italie est l’une des plus belles choses qui me soit arrivée… Ma femme est italienne, ma fille Aysha y est née… Telles que sont les choses, je peux me voir vivre à Rome plus tard dans ma vie. »
Le gladiateur Nainggolan a parlé. Et aiguise ses lames dès début février. Irréprochable dans les grands rendez-vous, comme face au Napoli début mars, (victoire 4-2 de la Roma), il assiste impuissant à la défaite des siens en quarts de finale aller de C1 face à Barcelone. Avant de muscler l’entrejeu lors du match retour, participant à l’un des succès les plus historiques de l’histoire des Giallorossi. Depuis, la machine Nainggolan est inarrêtable : le Belge reste sur trois passes décisives et un but lors de ses quatre derniers matchs. Et ce ne sont pas ces trois buts à rattraper face aux Reds qui risquent de l’effrayer : « Nous devons croire que nous pouvons le faire. » Logique, pour un type qui préfère décidément les virages épiques aux lignes droites sans saveur : « Je n’ai pas choisi de rester à la Roma car je savais qu’on serait arrivés en demi-finales de Ligue des champions. Je suis resté, car gagner ici serait inoubliable. Moi, je n’aime pas prendre le chemin le plus facile, voilà. »
Par Adrien Candau
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