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Qui es-tu, le match de préparation ?

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Qui es-tu, le match de préparation ?

Souvent qualifié de purge, le match de préparation est riche en enseignements. L'occasion pour les gros de joindre l'économique au sportif, l'utile à l'agréable, le sérieux au fun. Analyse.

La Premier League anglaise. Terre paradoxale où dettes abyssales et marketing agressif, s’ils ne sont pas synonymes, cohabitent dans la joie boursière la plus totale. 19061 miles. Pas le nombre de miles sur la carte Air France de Roman Abramovitch, mais presque. Cet été, les joueurs de Chelsea parcourront plus de 30 000 kilomètres pour préparer la bataille 2011-2012. Une guerre sportive et commerciale. Une fois les marchés asiatique, américain et africain conquis, il faut les chouchouter. Alors les membres du “Gros Quatre” et les autres mettent le paquet. Matches contre les équipes locales, entraînements ouverts au public, tout est mis en place pour que ces oppositions amicales constituent la plus belle des vitrines. C’est ici la première des multiples facettes du match de préparation. Conquistadors modernes, les présidents de club les plus influents profitent de la trêve pour préparer la saison économique. Au détriment du sportif ?

Afrique du Sud, Bangkok, Los Angeles. Les destinations sont idylliques, les vacances pourraient être bonnes. Sauf que Rafael van der Vaart, Wayne Rooney et les autres, ont laissé les WAGS à la maison. Exit Venice Beach, Phuket et la biture, les gaillards sont là pour jouer au foot et se préparer à une saison qui s’annonce ardue. Difficile, comme prendre au sérieux des adversaires supposés moins doués. Eh oui, chacun sa définition du match de préparation. Chacun sa définition du professionnalisme. Pour Mario Balotelli, la défense des Los Angeles Galaxy ne mérite pas mieux qu’une frappe-roulette de lâche, ou de génie, face au but.

Retrouvailles avec le ballon

Pour Roberto Mancini, c’est plus sérieux. Dehors Super Mario. Considérer uniquement l’aspect commercial de ces matches de préparation serait toutefois une erreur. Foncier, retrouvailles avec le ballon et donc, opposition, même à l’autre bout du monde, les fondamentaux d’une préparation réussie sont respectés. D’ailleurs, le but d’une préparation étant également d’emmagasiner de la confiance et des repères, le décalage horaire subi par les globe-trotteurs modernes n’est pas totalement aberrant. Pas plus aberrant qu’en Italie, où les cadors, comme la Lazio, claquent plus d’une dizaine de buts à des équipes locales, à des sélections de bled, avant de se frotter aux gros. Onze buts, exactement, dont cinq pour Miroslav Klose. Idéal pour se mettre en confiance sous ses nouvelles couleurs. Garry Bocaly, latéral droit de Montpellier, a également commencé sa phase de préparation contre une petite équipe. Pas une mauvaise idée selon lui : « On a joué contre une sélection de DH. Contre ces équipes, on se régale, on profite et on se remet dans le bain. Ce n’est pas la même chose que contre des équipes pros, mais mine de rien, ces équipes en veulent. Elles sont surmotivées » . Pas la même chose que contre les équipes pros, donc. Différent de la baston du Montpellier Hérault contre l’OM.

Un Manet, un Wim Wenders, un Verdi, bref, chacun y voyait ce qu’il voulait, mais la courte victoire 1-0 des Montpelliérains face à l’OM était un classique du match de préparation. Difficile, donc, de savoir qui est donc le match de préparation sans s’attarder sur la traditionnelle purge violente. Le match de préparation offre deux scénarios. La victoire large et sans intérêt d’un côté, le match accroché, sans rythme et plein de fautes techniques et malsaines de l’autre. De ces luttes classiques découlent la peur principale du joueur lors du match amical : la blessure. Lucho il y a deux ans, Jovetic la saison passée, Alonso cet été, ou encore Cissé face à la Chine, les exemples sont nombreux et témoignent d’un destin tragique. Celui de la blessure qui ruine la préparation, moment-clé de la saison et qui condamne le joueur à une longue attente. « Honnêtement, on n’y pense pas, bien au contraire. On sait que les muscles sont durs, bien chauffés, qu’on risque moins la blessure que plus tard dans la saison. Cela étant, les blessures arrivent. Mais elles ne condamnent pas la saison du joueur. Elles l’obligent à plus de rigueur et à rattraper un retard sur les autres » poursuit Bocaly. Un gros retard. Car les matches de préparation servent également à l’entraîneur. Mise en place, équipe-type, conditionnement de la saison, le match de pré-saison, ce n’est pas seulement strass, paillettes et rigolade. C’est le début de la saison avant l’heure.

L’OL, Genk et Martin Solveig

« On est vraiment dans une phase où on bosse beaucoup. Les matches de préparation viennent conclure cette phase. Ils soulignent la forme du moment, et dictent une dynamique pour la suite. On dit souvent que le résultat importe peu, mais enchaîner les victoires est appréciable » pose Bocaly. Si on a déjà vu des équipes se relever après des matches de préparation catastrophiques, une spirale de défaites avant les vrais débuts n’est jamais souhaitée. L’année passée, les échecs en matchs amicaux ou au tour préliminaire de la Ligue des Champions ont fait du mal à l’AJ Auxerre et surtout à la Sampdoria. A contrario, enchaîner des bons matches peut mettre sur de bons rails. Outre les enjeux collectifs, ces oppositions sont également l’occasion pour des joueurs bannis de revenir en grâce aux yeux de leur entraîneur, ou vice-versa. L’exemple de César Azpilicueta, par exemple, auteur de deux bons bouts de matches avec l’OM, est intéressant. Difficile d’imaginer que Loïc Rémy, étincelant en pré-saison, fasse une sale saison. Pour l’Olympique Lyonnais par contre, ça sent mauvais. D’ailleurs, les Gones ont tout faux. Plutôt que de profiter du match de pré-saison pour aller faire du commercial ça et là à travers le globe, ils ont préféré perdre lamentablement contre Genk et faire scratch-stratch avec Martin Solveig à Gerland, en perdant Ederson sur blessure. Un beau résumé du match de préparation.

Swann Borsellino

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