- C1
- Tottenham/Real
Quelques si et plein de bémols
Avec cinq buts à marquer sans en encaisser un seul, et même si on compte un Lennon dans son groupe, il faut avoir la foi pour dire : « Imagine... »
Assou-Ekotto n’est pas un rêveur. Pour lui, le foot est un métier, pas une machine à fantasme. Alors quand on le branche sur ce match retour face au Real Madrid, le Camerounais ne fait même pas semblant. « Il faudrait leur marquer cinq buts. Impossible. Ok Barcelone l’a fait mais il n’y a qu’un Barcelone. Si on peut marquer plein de buts, tant mieux, mais si on gagne 1-0, ça nous ira aussi très bien. Aujourd’hui, on n’a plus rien à perdre, et c’est ce qui me rend optimiste. On veut sortir la tête haute pour nous et nos supporters » . Qui pourrait blâmer l’ancien Lensois de ne pas se raconter de fable ? Personne… sauf les Anglais. Car on peut en être à peu près sûr, si les Spurs ont bien conscience que l’affaire est une mission quasi impossible, ils vont mettre tout ce qu’ils ont pour la tenter. Parce que c’est typiquement anglais. Et parce que Tottenham est aujourd’hui le plus anglais des représentants d’Albion en Ligue des champions.
Redknapp croit au miracle
Et il se trouve qu’en plus, il est cornaqué par le plus anglais des coaches actuels : Harry Redknapp. Celui-là même qui attend qu’on lui démontre que la diététique serrée aide vraiment à faire de meilleures passes. Ouais, ultra-anglais on vous dit. Et au moment de convaincre son auditoire que son équipe a encore une chance de passer, Dirty Harry ne se démonte pas: « On sait bien que ce serait un miracle mais vous savez, les miracles existent. En jouant extrêmement bien, on ne sait jamais. Je vais même vous faire une confidence : on s’est entraîné à une éventuelle séance de tirs au but » . Du bluff forcément mais pas uniquement car Redknapp détaille même un peu la méthode pour espérer réaliser le casse du siècle. « Tout le monde dit qu’il va falloir attaquer à tout va. Oui, il faudra mettre du rythme, de l’intensité mais on ne peut pas faire n’importe quoi et se découvrir inconsidérément en offrant trop d’espaces à des joueurs de classe mondiale. Non, il va surtout falloir être précis et lucide : le but n’est pas d’avoir quarante situations chaudes mais de trouver cinq fois les filets adverses. Donc, pas besoin de faire n’importe quoi » .
Puiser dans l’irrationnel
Si les Spurs n’ont pas tout à fait renoncé, comme cela a pu être le cas pour Donetsk mardi face au Barça dans une situation très voisine à celle des Londoniens, c’est que, selon eux, le score fleuve de la première manche porte une explication évidente : l’expulsion de Peter Crouch dès le premier quart d’heure. Certes l’entame avait été totalement merengue mais au moment de la sortie du double-mètre anglais, il n’y avait qu’un but de retard. Et être réduit à dix c’est déjà un handicap lourd mais quand le puni en question s’appelle Crouch, c’est encore pire. Car par sa capacité à être disponible sur les longues relances et à conserver la balle, l’ancien de Liverpool permet à son équipe de souffler, de remonter le bloc et de créer le danger en un minimum de préparation. Sans lui, Tottenham a rendu la balle dans la seconde et s’est mangé vague sur vague. En clair, les Spurs veulent croire qu’une grosse partie de la domination madrilène a été le résultat de ce fait de match, pas d’une supériorité absolue et inéluctable. Il faut puiser dans cette conviction et dans d’autres choses irrationnelles qui rendent le foot imprévisible.
Comme l’ambiance de White Hart Lane, peut-être la plus belle du royaume actuellement. Comme, allez savoir, un léger relâchement du Real, sûr d’être qualifié et la tête déjà tourné vers son enchaînement de quatre Clasico. Prudence, Madrid, prudence, car Tottenham n’a pas tout à fait renoncé à en effacer deux du calendrier…
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