- Coupe du Monde 2014
- Qualifications
Quelle qualification pour la France ?
L'Espagne, le Bélarus, la Georgie, la Finlande. Les obstacles de la France sur le chemin de la Coupe du Monde 2014 sont connus. Mais en habituée des scénarios rocambolesques, la sélection tricolore risque bien d'emprunter un chemin déviant. Hypothèses.
Scénario 1 : deuxième, barrage, qualif’
Au sortir d’un Euro ukraino-polonais encourageant qui s’est achevé en demi-finale, les Bleus de Laurent Blanc entendent bien bousculer l’Espagne dans la course à la qualification directe au Mondial. Malheureusement, ils sont cueillis à froid à la fin du mois d’août pour le premier match et la réception des Ibères. Avec un contre-éclair de Pedro en fin de partie, c’est déjà l’automne. Dans le Téléfoot spécial du dimanche suivant, Ribéry annonce pourtant en direct de Clairefontaine que « même si beaucoup dur, il ne faut pas tuer notre chance avant de l’avoir tirée » . Bien vu. Un Hleb en folie viendra à bout de l’Espagne dans la confusion quelques mois plus tard, et toute la France du foot se met à rêver d’une revanche pour le match retour à Bernabeu qui les verrait passer in fine à la première place. TF1, trop heureux d’avoir les droits de la rencontre, entame même un compte à rebours visible à l’antenne à 100 jours du match lancé par JP Pernaut. Pour la ménagère, c’est toujours plus sympa en haut à droite de l’écran que deux portraits de deux journaleux emprisonnés on ne sait trop où. Galvanisés, M’Vila et ses copains martyrisent les autres sélections en pensant à cette finale. Mais le jour J, tout s’effondre. Eh oui, l’Espagne, c’est encore bien au-dessus, et ça s’impose 3-1. A la fin du match, Noël Le Graët file sur la pelouse. Visiblement dans une période de flottement, le président de la FFF a pris l’appellation finale au pied de la lettre et fait le siège pour obtenir sa médaille d’argent. Pour ceux qui suivent, ça fait quand même barrage. Comme les “grosses” nations sont protégées par l’indice FIFA (c’est qu’il ne faut pas perdre l’Italie, en grand danger), ça sera la Suisse et ça passera sans trop d’encombres. Avec deux matchs nuls.
Scénario 2 : deuxième, barrage, qualif’
Au sortir d’un Euro ukraino-polonais encourageant qui s’est achevé en demi-finale, les Bleus de Laurent Blanc entendent bien bousculer l’Espagne dans la course à la qualification directe au Mondial. Ça démarre plutôt bien, avec des victoires à l’arraché à l’extérieur en Georgie et en Finlande. Pour la confrontation directe, Blanc chamboule ses habitudes et bétonne. 0-0 au Stade de France, 1-1 en Espagne. Fabregas est écœuré, Ramos avoue désormais ne jurer que par Mamadou Sakho. Visiblement dans une période de flottement, Noël Le Graët se félicite après le match d’éliminer cette grande nation du football, même si c’est au bénéfice du but à l’extérieur. Problème, ce qui compte, c’est le goal-average général, et à ce petit jeu, les champions du monde sortants sont encore devant à la faveur d’un 8-0 passé aux Georgiens pour la dernière journée. Il faudra donc retourner par les barrages et, chance, la France tire le Pays de Galles (dans le groupe A, la Serbie et la Croatie ont été exclues par la FIFA pour « actes de barbarie à répétition lors des confrontations directes » , comme s’il y avait un passif entre les deux nations). C’est donc la Belgique qui finit première, et les Gallois seconds. Ça passe, finger in the nose.
Scénario 3 : premier, qualif’
Au sortir d’un Euro ukraino-polonais encourageant qui s’est achevé en demi-finale, les Bleus de Laurent Blanc entendent bien bousculer l’Espagne dans la course à la qualification directe au Mondial. Et il faut dire qu’en 2012, la sélection d’Unaï Emery, qui succède à Del Bosque, elle ne fait plus peur à grand monde. C’est qu’à raison de dix affrontements annuels entre Barcelone et le Real Madrid (Liga, Copa del Rey, Supercoupe, Ligue des Champions, en poule et en demie, ainsi qu’en Qatar Fondation Trophy) le climat est vite devenu irrespirable à l’Euro. De plus, les révélations du procès Fuentes éclaboussent chaque jour un peu plus les stars de la sélection. Emery essaye de faire table rase du passé, mais ce n’est pas facile. Thiago Alcantara a finalement opté pour le Brésil et les touches de César Azpilicueta ne servent pas à grand-chose, vu que personne ne fait plus d’1m70. Sans particulièrement briller, la France finit donc première de son groupe et s’envole sereinement pour le Brésil. Seule ombre au tableau, Noël Le Graët, qui, dans une période de flottement, a vendu les droits des matchs de barrage, puisqu’on lui a expliqué dès le tirage que ça allait se passer comme ça.
Scénario 4 : premier, troisième tour de la zone Afrique, qualif’
Au sortir d’un Euro ukraino-polonais encourageant qui s’est achevé en demi-finale, les Bleus de Laurent Blanc entendent bien bousculer l’Espagne dans la course à la qualification directe au Mondial. Mais faut être honnête, c’est quasi-impossible. Alors autant être pragmatique et contourner la difficulté. Avec l’aide de Patrick Vieira et de l’association Diambars, Laurent Blanc investit la sélection du Sénégal. Parfait pour enterrer l’affaire des quotas. Pour prouver qu’il n’est pas raciste et que ce qui l’intéresse, c’est le sportif, Blanc charge même Smerecki de lui trouver des profils de joueurs pouvant s’intégrer dès le plus jeune âge au projet des coqs de la Teranga. Noël Le Graët reçoit le soutient du MRAP tandis que Lionnel Luca, député de la droite populaire, se plaint « que la France se rabaisse au niveau de ses colonies d’antan » . Pour cette nouvelle sélection, Nike a gardé le maillot marin et brocardé dans toute la France des pancartes “Nos différences nous unissent”. Domenech, à l’origine de cette phrase, les attaque en justice et demande 1 million d’euros d’indemnités. Accordés. Opposés à l’Angola, l’Ouganda et le Liberia, puis au Mali pour le troisième tour, les Bleus (et verts, jaunes, rouges) surclassent leurs adversaires avec une facilité déconcertante. Une fois au Brésil, ils tomberont sur l’Espagne en phase de poules. Saleté de chapeau.
Scénario 5 : qualification sur tapis vert
Au sortir d’un Euro ukraino-polonais encourageant qui s’est achevé en demi-finale, les Bleus de Laurent Blanc entendent bien bousculer l’Espagne dans la course à la qualification directe au Mondial. Après une entame poussive en Finlande et un revers face à l’Espagne, la bande à Lolo ne désespère pas de gratter des points en Biélorussie. Seulement, le pays est au bord de l’implosion. Il faut dire que dix-sept ans de dictature, ça pèse. Même en Europe de l’Est. Le match débute malgré les soulèvements et une répression musclée que le président Loukachenko qualifie de « maintien de l’ordre dans le respect de la dignité humaine. Que Staline m’en soit témoin ! » Dans un pays où applaudir est vu comme une menace potentielle, le match est interrompu à la troisième minute sur décision gouvernementale. Le stade est purgé et les Bleus au grand complet terminent la soirée à la prison de Minsk. Ils y passeront six mois, en fait. Jusqu’à ce que Noël Le Graët et l’ONU dépêchent Domenech en émissaire. Les Tricolores sont accueillis en grande pompe au Bourget par un Sarkozy fraîchement réélu qui les promeut chevaliers de la Légion d’honneur. De son côté, la FIFA qualifie directement la France au Brésil 2014 et c’est l’Espagne qui se tape les barrages. Ah la géopolitique !
Par Adrien Rodriguez-Ares et Romain Canuti
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