Un surdoué qui doit apprendre à bosser
Bien entendu, le jeune Lusitanien n’est pas devenu naze en deux ans. S’il erre de prêt en prêt, c’est principalement parce qu’il y a autant d’attaquants à Benfica que de gens sur la ligne 13 aux heures de pointe. Cardozo – bien que ce dernier soit sur le point de partir -, Lima ou Rodrigo sont autant d’obstacles freinant l’épanouissement de Nélson Oliveira dans son club formateur. Le futur buteur de la Selecção est en outre victime de l’hispanophilie dont fait preuve Jorge Jesus, mais aussi de sa suffisance et de son sale caractère. Son talent certain le dessert à l’heure où on lui demande de faire son trou dans les hautes strates du football professionnel. Et pour cause, pour la première fois de sa jeune carrière, ses qualités sont remises en question par un entraîneur et d’autres joueurs a priori meilleurs que lui. Une chose que l’intéressé n’arrive pas à comprendre, du moins pour le moment, tant il a passé son adolescence à entendre ses formateurs dire qu’il était le meilleur. Nélson Oliveira a besoin de mûrir et d’accepter la concurrence, qui, bien que moins grande qu’à Benfica, existera tout de même un peu à Rennes où il débarque avec une longueur d’avance sur Erding et Montaño. Mieux, et à en croire les dires de Philippe Montanier, Oliveira était la « priorité » du club breton cet été. Une déclaration dont la véracité n’a que peu d’importance. Le but de la manœuvre étant de booster l’égo surdimensionné d’un bonhomme en mal d’amour.
Un attaquant complet
Tout ça, c’est bien joli, mais pourquoi lui ? Pourquoi Montanier a-t-il jeté son dévolu sur le Portugais ? D’abord, parce qu’il le connaît plus ou moins bien. Ok, Oliveira a ciré le banc en 2012-2013, mais l’entraîneur français a tout de même eu le temps de jeter un œil sur ses prestations en Liga. Et de remarquer que, contrairement à un certain attaquant du Stade rennais passé par le Paris Saint-Germain, sa nouvelle recrue n’avait pas besoin de dix mille occasions avant de foutre un ballon au fond des filets. Balle au pied, l’attaquant appartenant à Benfica n’est pas une quiche. Ce n’est pas le genre à dribbler quinze joueurs avant de marquer, mais il est capable de faire la différence en un contrôle ou un dribble et a la faculté de se mettre très rapidement en position de frappe, quel que soit son angle de tir. Ce n’est pas non plus le genre de gars que le Stade de la route de Lorient a eu l’habitude de côtoyer ces dernières saisons ; c'est-à-dire ni un tout-droit qui court super vite, ni une armoire à glace, et encore moins les deux. Nélson Oliveira est un faux lent qui résiste plutôt bien aux chocs avec ses 83 kg et est doté de certaines aptitudes dans les airs grâce à son mètre 86. Intrinsèquement, c’est donc un très bon attaquant dont les Rennais vont pouvoir profiter pendant un an. Ou pas. Car pour le moment, le Portugais n’a évolué que dans deux championnats où les défenses étaient souvent ouvertes – voire avec les jambes complètement écartées. En France, il devra composer avec moins d’espace et un peu moins d’occasions. À moins qu’il ne soit titulaire toute la saison, auquel cas il aurait forcément plus de chances de marquer qu’en restant assis sur la banquette…
Par William Pereira
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