Coltescu dans le pétrin, Ba siffle la fin
Tandis que Thomas Tuchel apparaissait désemparé, Demba Ba, remplaçant au coup d’envoi, a longuement pris à partie Coltescu. Avant d’inviter les 22 acteurs à quitter le terrain. Appel suivi par les Parisiens, Neymar, Marquinhos, Kimpembe et Mbappé en tête, eux aussi prompts à réclamer des explications au quatrième arbitre roumain. Le match n’a jamais repris. Que s’est-il donc passé ? Selon Webó, Ba et le banc stambouliote, Coltescu a ainsi désigné le premier au moment de le balancer à l’arbitre central : « C’est le negro » . Défense officielle du quatrième arbitre : en roumain, « noir » se dit « negru » , et il n’y avait à son sens rien de péjoratif ou insultant dans son propos.
Argument inacceptable pour Demba Ba, pour qui le Roumain n’aurait jamais, à circonstances égales, dit « C’est le blanc là-bas » . N’était-il simplement pas possible, comme tout arbitre de haut niveau qui se respecte - et prépare ses matchs - de l’appeler « Monsieur Webó » , comme le font tous ses homologues, et même certains arbitres amateurs qui bossent sérieusement leurs fiches ? Toujours est-il que Parisiens et Stambouliotes ont rejoint leurs vestiaires respectifs, dont ils devaient sortir pour une reprise du match à 22 heures tapantes. Le temps de dissiper les malentendus, et d’exfiltrer Coltescu vers le car-régie, où l’attendait le siège encore chaud de l’un de ses collègues italiens appelé à le remplacer au bord du terrain.
Paris qualifié, l'UEFA aphone
Cette solution, les joueurs de l’İstanbul Başakşehir ne voulaient pas en entendre parler, conditionnant officiellement leur retour sur la pelouse à une exclusion pure et simple du quatrième arbitre roumain. Si les Parisiens ont temporairement rejoint le tunnel, y prolongeant mollement leur échauffement, les Turcs ne sont eux jamais sortis de leur vestiaire. Remplissant eux-mêmes le vide des règlements sur la questions des éventuels comportements racistes de la part du corps arbitral. En effet, si les textes stipulent qu’une défaite peut être prononcée par l’arbitre en cas de match suspendu en raison de comportement racistes de la part d’un joueur ou du public, rien n’y est prévu si ces incidents sont commis par l’un des quatre arbitres... Peu avant 23 heures, la confirmation est tombée : match arrêté et vraisemblablement remis à demain, Paris quoi qu’il en soit qualifié à la faveur du succès de Leipzig sur Manchester United.
Dans ce laps de temps, pas mal de monde s’en est mêlé, du président turc Recep Tayyip Erdoğan appelant dans une communication officielle « l’UEFA à réagir fermement » à Emanuel Roşu, journaliste roumain ayant notamment collaboré avec The Guardian ou Four Four Two. Également jury roumain du Ballon d’or, ce dernier a notamment publié sur Twitter la traduction officielle des échanges entre les deux arbitres roumains. Traduction accablante pour Coltescu, fraîchement retiré des listes FIFA et qui vit donc - il vient de l'apprendre - cette saison sa dernière campagne européenne, laquelle risque fort de s'achever avant l'heure. Et l’UEFA, dans tout ça ? En attendant que l’instance ne communique, l’İstanbul Başakşehir l’a fait à sa place, via son compte Twitter officiel. Ce, en publiant une photo issue de la dernière campagne antiracisme de l’UEFA, barrée du slogan « No to racism » . Trois mots qui sonnent ce soir terriblement faux.
Par Simon Butel * « Le noir qui est là, allez voir qui c'est, le noir là-bas, ce n'est pas possible de se comporter comme ça. »
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