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Quand Saragosse marchait sur la petite Europe

Par Robin Delorme, à Madrid
Quand Saragosse marchait sur la petite Europe

Il y a de cela vingt ans, le Real Saragosse trônait au sommet du Vieux Continent. Vainqueur de la Coupe d'Europe des vainqueurs de Coupe, grâce à un but de cinquante mètres au bout de la prolongation, le club aragonais réalisait alors l'un des plus retentissants exploits continentaux. Flashback.

La guerre d’Espagne n’a pas frappé toutes les provinces d’outre-Pyrénées du même glaive. L’Aragon, région coincée entre la Catalogne côtière et la Navarre agricole, a ainsi payé un lourd tribut en vie humaine. Car, terre fertile pour les anarchistes et leur Conseil régional de défense d’Aragon, elle a subi de plein fouet la répression franquiste. De cette rébellion face aux pouvoirs établis et inamovibles, chantée par Léo Ferré, les habitants aragonés ont gardé une certaine empreinte. Leur ambassadeur footballistique, le Real Saragosse, réussissait ainsi il y a vingt ans l’un des exploits les plus retentissants qu’ait connu le Vieux Continent. Finaliste à la surprise générale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, il avait tout de la victime expiatoire face au grand Arsenal. Raté, la faute à une victoire 2-1 acquise au bout du bout de la prolongation grâce à un obus de cinquante mètres du bien nommé Mohammed Ali Amar, alias Nayim. « Le hasard n’existe pas, ça a été un produit du destin. C’est très difficile qu’un tel but soit inscrit, mais ça m’est arrivé au bon moment et au bon endroit » , philosophait l’intéressé en 2013.

Cedrun : « En 1991, le maintien était plus qu’un titre »

L’aventure victorieuse du milieu des nineties s’entame quelques années auparavant. En 1991, alors en queue de peloton de Liga, le Real Saragosse obtient son maintien lors de la dernière journée. « Ce match contre Murcie a été le plus important. C’était plus qu’un titre, se souvient Andoni Cedrun, alors portier de la Romareda, dans les colonnes de Marca. Nous avons tous eu le sentiment d’avoir survécu. Et à partir de là, un projet incroyable a pu être mis en route. » Sauvés sur le gong, les grands travaux prennent place chez les Blanquillos. Victor Fernandez, entraîneur tout juste trentenaire, offre à des supporters jusqu’ici habitués à l’ombre – trois petites Coupes d’Espagne et une Coupe des villes de foires dans l’armoire à trophées – la joie des lumières. D’abord finaliste malheureux de la Copa del Rey en 1993 face au Real Madrid, Saragosse récidive l’année suivante. Face au Celta de Vigo, l’autre Real doit attendre la séance des penaltys pour soulever le trophée et s’autoriser à rêver d’un parcours homérique sur le continent. « Nous sommes passés de la galère du maintien au bonheur européen » , confirme leur coach.

« Lors de la fête qui a eu lieu sur le balcon de la mairie, Andoni a lancé à la foule :« L’année prochaine, nous reviendrons avec la Coupe d’Europe » » , en sourit aujourd’hui Jesus Solana, central de cette équipe. Ce à quoi l’intéressé, Andoni Cedrun, répond par un « si, j’y croyais » : « Je l’ai dit parce que, dans la vie, il y a toujours une deuxième chance. En 1987, nous avons joué une demi-finale de la Coupe des vainqueurs de coupe. L’Ajax de Cruijff nous avait éliminés. J’ai pensé que nous devions gagner la suivante. Nous devions être comme les« Magnificos », écrire notre propre histoire. » L’aventure commence par une série de déplacements. Avec une enceinte en travaux, le Real Saragosse joue son premier tour face aux Roumains de Gloria Bistrita, puis son huitième face aux Slovaques du FC Tartan Presov à Mestalla. « Notre meilleur match, nous l’avons fait contre Feyenoord après avoir perdu l’aller 1-0, se remémore Alberto Belsué. La Romareda était un enfer pour nos adversaires. Nous y gagnions toujours avec nos supporters. » À ce succès 2-0 succède un 3-0 face à Chelsea en demies. Le retour, souffrance pour tout bon Maño, se conclut par un 3-1 et ouvre les portes de la finale.

« Je l’insultais, je lui crachais dessus, je lui mettais des coups »

Avec en guise de théâtre le Parc des Princes, Saragosse fait figure d’outsider face à Arsenal. Cette différence prétendue de niveaux est réduite à peau de chagrin dans le temps réglementaire, le Londonien Hartson répondant à Esnaider. L’ambiance, elle, frôle la guerre de tranchées. Jusqu’ici seul buteur espagnol, Esnaider se rappelle : « J’essayais de déconcentrer Adams par tous les subterfuges, mais il remportait chaque duel. Je l’insultais, je lui crachais dessus, mais il ne me comprenait pas. Je lui mettais de vilains coups et lui me serrait la main » . Imperturbable, la défense anglaise le reste jusqu’à la dernière minute de la prolongation. Le moment choisi par Nayim, esseulé sur la gauche du milieu, pour envoyer un obus passé à la postérité. « J’ai vu que Seaman était avancé, raconte celui qui évoluait précédemment à Tottenham. Je savais qu’il jouait ainsi, j’avais déjà joué beaucoup de matchs contre lui. Aragon avait déjà essayé en prolongation, mais sans succès. J’ai tenté et j’ai fait de ce but un souvenir immortel. » De cette équipe, qui a notamment influencé Guardiola de par son contrôle du milieu, en reste « un groupe humain extraordinaire » . Et des souvenirs en pagaille pour une Romareda aujourd’hui en Segunda Division.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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