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Quand N’Golo Kanté et Riyad Mahrez s’affrontaient en Ligue 2

Par Matthieu Pécot
16 minutes
Quand N’Golo Kanté et Riyad Mahrez s’affrontaient en Ligue 2

Le Chelsea de N’Golo Kanté et le Manchester City de Riyad Mahrez s’affrontent ce samedi soir à Porto, en finale de Ligue des champions. Au top de leur forme, les deux jeunes trentenaires, respectivement héros des demi-finales face au Real Madrid (Kanté a été élu homme du match à l'aller et au retour) et contre le PSG (Mahrez a été buteur à l'aller et double buteur au retour), continuent d’entremêler leurs destins. Bien avant cette finale de Coupe d'Europe, bien avant d'en découdre sous les projecteurs de Premier League, et même bien avant d’être champions d’Angleterre ensemble avec Leicester, le champion du monde et le champion d'Afrique, alors âgés de 22 ans et champions de rien du tout, ont joué l'un contre l’autre. C’était le 27 septembre 2013, lors de la 9e journée de Ligue 2 et un choc entre Caen et Le Havre. Sept acteurs de ce derby normand reviennent sur ce match anodin que le temps a transformé en chef-d'œuvre.

Le casting

Felipe Saad (FS) : défenseur brésilien du SM Caen, recruté lors du même mercato que N’Golo Kanté // aujourd’hui recruteur pour Caen et consultant pour RMC SportAlexandre Raineau (AR) : défenseur du SM Caen, chargé de marquer Riyad Mahrez // aujourd’hui à la recherche d’un nouveau challenge après la fin de son contrat à ChâteaurouxLaurent Agouazi (LA) : milieu de terrain et capitaine du SM Caen, alors seul international algérien présent sur la feuille de match // aujourd’hui entraîneur adjoint de la réserve du FC Metz, fraîchement titulaire du DES (diplôme d’entraîneur supérieur)Erick Mombaerts (EM) : entraîneur du Havre AC // élu meilleur entraîneur du championnat d’Australie avec Melbourne en 2020, rapatrié en France par le City Football Group à cause de la pandémie mondiale, désormais conseiller technique de TroyesAlexandre Bonnet (AB) : milieu de terrain du Havre AC // légende du HAC, vient de boucler sa douzième saison au clubGuillaume Lainé (GL) : journaliste de Ouest-France, chargé de suivre Malherbe depuis 2005 Benoît Donckele (BD) : journaliste de Paris-Normandie, chargé de suivre le HAC depuis 2000


Un match comme un autre, ou presque

EM : Ah c’est un match qu’on perd ? C’est peut-être pour ça que je l’ai oublié…

AB : C’est une époque où on jouait bien au ballon, avec Mombaerts, c’est sûr, mais le match en lui-même…

BD : Alors là, désolé, aucun souvenir de ce derby.

GL : C’est le 1-0 avec le péno de Fajr ? Un match fermé, tendu, un derby quoi, mais pas le plus mémorable.

BD : Sans offenser personne, c’est surtout un derby pour les Caennais. Pour Le Havre, le vrai derby, c’est contre Rouen.

Je me suis très vite fait chambrer par un pote d’enfance : « Tu t’es fait casser les reins ! » Ouais je me suis fais casser les reins, mais avec du recul, j’en suis très fier ! Se prendre ça par Mahrez, ce n’est pas si grave…

FS : Je sais juste que ce match n’était pas un match comme les autres pour le club, car exceptionnellement, on avait fait une mise au vert. J’étais dans la chambre de Jérôme Rothen, qui revenait dans son club formateur pour boucler sa carrière (Rothen disputera son 8e et dernier match avec Caen lors de ce derby, avant de s’embrouiller avec Patrice Garande et de quitter le club bas-normand, NDLR).

LA : Si je me souviens de ce match, c’est parce qu’on avait été mis en difficulté par Riyad Mahrez et ses dribbles chaloupés. Le public s’était levé plusieurs fois. Je suis désolé pour mon coéquipier Alexandre Raineau, mais il y a aussi ce dribble-là, un elastico/petit pont…

AR : Après le match, je me suis très vite fait chambrer par un pote d’enfance : « Tu t’es fait casser les reins ! » Ouais je me suis fais casser les reins, mais avec du recul, j’en suis très fier ! Se prendre ça par Mahrez, ce n’est pas si grave… Je suis latéral gauche, donc forcément, je suis exposé à des mecs qui vont tenter des dribbles, je vais prendre des petits ponts, des trucs, mais mon travail est d’être en face d’eux et de faire en sorte que ça passe le moins souvent possible. Et ça peut paraître paradoxal, mais je sais que sur ce match, j’avais été bon. Après, sur le coup, je ne pouvais lui faire aucun compliment. C’était un derby, je voulais juste qu’on les écrase.

(ne regardez pas cette vidéo, surtout ce qu’il se passe à 1’45 »)

LA : Pour le coup, je me souviens bien du match d’Alex et il avait été très solide. La preuve, on n’a pas pris de but ! Bon, globalement, on avait été costauds. N’Golo avait aussi été très bon, il avait ratissé plein de ballons et énormément couru. Ça faisait déjà partie de ses qualités alors qu’il venait de passer pro. Dès son premier match avec nous, il a montré tout ce qu’il savait faire, ces choses qui lui servent encore aujourd’hui.

Au centre, les Caennais Felipe Saad, Alexandre Raineau et Laurent Agouazi. À gauche, le Havrais Alexandre Bonnet (n°17 en blanc)


N’Golo Kanté : zéro limite, une trottinette et trois poumons

FS : J’arrive à Caen le même été que lui. Moi, je viens de Ligue 1, d’Ajaccio. Lui, il arrive de Boulogne en National. Vérifiez que je ne dise pas n’importe quoi, mais on jouait en 4-3-3 aves Seube, Agouazi et Kanté au milieu. Rothen jouait plus haut. Mais ce que je veux dire, c’est qu’il était le jeune qui devait courir pour les plus vieux. C’était notre poumon. Ça, on l’a vu dès son premier entraînement. Pour moi et pour plein d’autres gars, la première réaction, ça a été : « Mais il sort d’où, cet alien ? »

Encore cette semaine, alors qu’elle est au Brésil, ma mère m’a envoyé sur WhatsApp des captures d’écran d’articles qui concernent N’Golo. Elle est devenue supportrice de Chelsea à cause de lui ! C’est le seul joueur qui fait cet effet à ma mère !

LA : Je reviens d’un rassemblement avec l’équipe d’Algérie. J’arrive à Deauville, j’ai un peu de retard par rapport au reste du groupe. Alors j’observe quelques jours en civil. Puis je m’entraîne, on fait une opposition et, comme c’est sûrement encore le cas aujourd’hui, il y a une espèce de règle, de respect qui fait que le plus jeune ne va pas forcément au contact sur le mec plus expérimenté. J’ai le ballon, et là, N’Golo me fonce dessus. Je mets ma main pour faire opposition… Son corps, ce gainage, c’était si dur… Jamais vu ça.

AR : Son physique, son volume de jeu, c’était impressionnant, c’est certain. Mais c’est son attitude qui impressionnait le plus. Il était vraiment à l’écoute, dans le respect, avec intelligence. Sa vraie force, c’est tout ça.

FS : Évidemment qu’on peut parler de ses qualités de joueur. Je peux les réciter et ne jamais m’arrêter. Mais je peux aussi faire ça avec ses qualités humaines. J’arrive donc à Caen, j’ai 30 ans, je fais une fête pour mon anniversaire. J’invite N’Golo. Il vient, avec sa discrétion. Ma mère était là ce jour-là. Huit ans plus tard, elle me parle de lui. Encore cette semaine, alors qu’elle est au Brésil, elle m’a envoyé sur WhatsApp des captures d’écran d’articles qui concernent N’Golo. Ma mère est devenue supportrice de Chelsea à cause de N’Golo ! C’est le seul joueur qui fait cet effet à ma mère ! Il y a tellement de bonté chez lui, je ne sais pas comment vous expliquer. N’Golo fait l’unanimité ! Ce n’est pas un truc propre au football. Dans le foot comme dans le journalisme ou en médecine, je ne connais pas d’autres gens qui font l’unanimité. Un jour, à Évian, j’ai croisé Zidane. Il avait l’aura, le charisme, l’humilité. Mais à l’inverse de N’Golo, Zidane ne fait pas l’unanimité. Tu trouveras toujours des gens qui le critiquent. N’Golo ? Vas-y, cherche des gens qui vont le critiquer ou au moins mettre des nuances dans les compliments. Tu ne les trouveras pas…

LA : Sa simplicité ? Bah oui, nous, on arrivait à l’entraînement en voiture, on ne frimait pas spécialement hein, mais c’était comme ça. N’Golo, lui, débarquait avec sa trottinette et son petit sac à dos… Sur le terrain, il a fait l’unanimité dès son premier match. Mais attention, ça ne veut pas dire qu’il était parfait. Tactiquement parfois… J’ai le souvenir d’aller avec Rothen voir le coach (Patrice Garande, NDLR) : « Eh coach ! C’est difficile de jouer avec N’Golo ! Il court partout, mais il court aussi n’importe où ! » Il dézonait, faisait des choses qui ne se font pas vraiment quand on a les codes d’une formation classique.

EM : N’Golo Kanté n’est pas passé par la case centre de formation. Il est passé de Boulogne-sur-Mer à Caen. À peu près dans le même temps, Riyad Mahrez est passé de Quimper à l’équipe réserve du Havre. Ce n’est ni mal ni bien, c’est comme ça.


Riyad Mahrez : contre-pied, rigolade et reconnaissance

EM : Quand j’arrive un an plus tôt, le Riyad que je vois, c’est un garçon sur lequel on ne compte pas beaucoup.

BD : Le talent de Mahrez était évident pour tout le monde au HAC, mais il y avait quand même des gens qui pensaient que ça ne suffirait pas pour percer. Et Erick Mombaerts est arrivé et il a fait partie des gens qui ont vraiment cru en lui. Walid Mesloub, qui était un titulaire installé à l’époque, l’a aussi beaucoup aidé dans son intégration et son évolution.

GL : Kanté a été une évidence dès ses premiers matchs, mais Mahrez, ça a été plus laborieux, il y avait plus de travail à faire.

EM : Son jeu m’intéressait, c’est tout ! Je n’ai rien fait de spécial, j’ai juste fait mon travail. Je lui ai fait comprendre que je voyais le joueur qu’il était. S’il était tombé sur un coach qui jouait avec un 4-4-2 défensif, je ne sais pas ce qui se serait passé.

AB : On jouait en 4-2-3-1, c’était fluide, il y avait des combinaisons, on prenait du plaisir, ça jouait quoi !

Benjamin Mendy, c’est Monsieur Carnaval ! Il a forcément eu une influence sur Riyad. Mais au-delà de la blague et du talent, ils ont le point commun d’être deux bons gars reconnaissants envers le HAC.

EM : Riyad correspondait à ce dont j’avais besoin à droite. C’est un joueur de contre-pied. Ce n’est pas un Kylian Mbappé qui va faire la différence par sa vitesse. Lui son truc, depuis le début, c’est de jouer sur le déséquilibre, la feinte, le dribble. Il adore ça.

AB : J’aimerais bien dire que je lui ai appris quelque chose, mais honnêtement, techniquement, j’ai l’impression qu’il est né avec ces dribbles-là. Ça fait douze ans que je suis au HAC, et lui, il est dans le top 5 des joueurs qui m’ont procuré ce sentiment du « waouh ok, y a vraiment un truc… » : il y a eu Riyad Mahrez, Benjamin Mendy, Ferland Mendy, Lys Mousset et Rafik Guitane. Je retiens aussi que c’était un phénomène au-delà du terrain. Avec Benjamin Mendy, qui était son grand pote, dès qu’ils ouvraient la bouche, je leur disais : « Putain, je devrais écrire un livre. » Je ne l’ai pas fait, je m’en veux… Ils sortaient de ces énormités… Des phrases sans verbe, des expressions sorties de nulle part… Ce n’est même pas intéressant pour vous, car je n’ai pas d’anecdotes précises, mais on se marrait vraiment, tous, tellement c’étaient des bons gars et que leur humour était communicatif.

BD : Benjamin Mendy, c’est Monsieur Carnaval ! Il a forcément eu une influence sur Riyad. Mais au-delà de la blague et du talent, ils ont le point commun d’être deux bons gars reconnaissants envers le HAC.

AB : Il est entier, sincère et reconnaissant. Il ne l’étale pas, mais c’est un mec généreux. Ça lui arrive d’envoyer des maillots ou des places à un intendant du club avec qui il est resté en contact. Ça résume bien le bonhomme.


Le trophée des Normands

À la fin du match, Riyad est venu me voir : « Ouais, ça se passe comment l’équipe d’Algérie ? Tu crois que j’aurai ma place un jour ? »

LA : Quelques semaines plus tôt, durant l’été, on avait déjà joué contre Le Havre en amical, lors du trophée des Normands. On avait perdu aux tirs au but (14 juillet 2013, 2-2, 5-6 tab, le Caennais Thomas Lemar réussira son tir au but, mais N’Golo Kanté ratera le sien, NDLR). À la fin du match, Riyad était venu me voir : « Ouais, ça se passe comment l’équipe d’Algérie ? Tu crois que j’aurai ma place un jour ? » Je lui ai répondu : « Bah écoute, tu as du talent, faut que tu continues, il y a de la place pour tout le monde. » De là à vous dire qu’il allait participer à une Coupe du monde et qu’il allait être le joueur phare de l’équipe qui allait gagner la Coupe d’Afrique des nations avec l’Algérie…

AB : Attends, dans le vestiaire, alors qu’il était à peine passé pro, on voyait déjà qu’il avait une énorme confiance en lui. Pas de l’arrogance, de la confiance. Très tôt, on l’a entendu dans le vestiaire parler du FC Barcelone, de son ambition de jouer un jour une Coupe du monde. On ne se moquait pas du tout de lui, mais on lui disait : « Du calme, on est en Ligue 2… » Pour revenir à ce trophée des Normands, c’est lors de ce match que j’ai découvert Kanté. Il avait été suffisamment énorme pour qu’on sache que ce n’était pas un coup de chance, pas l’histoire d’un match. Vraiment impressionnant, il était partout.

Très tôt, on l’a entendu dans le vestiaire parler du FC Barcelone, de son ambition de jouer un jour une Coupe du monde. On ne se moquait pas du tout de lui, mais on lui disait « Du calme, on est en Ligue 2… »

EM : La force mentale de Riyad lui a permis d’être là où il est aujourd’hui. Avant, il y avait des ajustements à faire, c’est sûr, mais rien de grave. Des choses qui relèvent de la tactique, du domaine athlétique.

GL : Même chose pour Kanté. Tu le voyais au début, il était foufou, il y avait du déchet, des courses qui ne servaient à rien. Mais il était tellement fort qu’à la 95e minute, il était encore là, à faire des appels de balle dans tous les sens.


Leicester, le terrain d’entente

BD : Si j’avais dû mettre un billet sur le fait que Mahrez devienne une mégastar en Premier League ? Jamais ! Quand il arrive à Leicester, je te dis la vérité ? Je me dis : « Mais attends, il est taillé comme un i, il va se faire découper en Championship ! » Après, j’ai vu qu’il s’en sortait, j’était trop content, mais avant ça, j’avais peur pour lui ! Aujourd’hui, je lui tire mon chapeau, je sais qu’il a dû sacrément bosser ! Et c’est un mec profondément gentil, alors je suis simplement content pour ce qui lui arrive.

GL : La progression de Mahrez est plus spectaculaire que celle de Kanté. Honnêtement à l’époque, Mahrez, c’était un bon joueur, mais sans plus. Le déclic, il est venu après.

FS : Avec N’Golo, c’est simple : il n’a jamais arrêté de nous impressionner. Dès le premier entraînement, il nous a bluffés. Le premier match amical ? Il est le plus fort. Le premier match de championnat ? Il est au-dessus du lot. Le premier derby ? Il est là. On monte en Ligue 1, premier match ? Il porte toute l’équipe. Ce sentiment, je l’ai encore aujourd’hui. Le niveau a beau s’élever, il continue de maîtriser les situations sereinement. J’imagine que c’est la marque des très grands.

LA : C’est un peu la même chose avec Mahrez. Le décor a beau changer, les dribbles qu’il réussissait avant, il les rentre avec autant de facilité avec Manchester City. C’est ça qui me fait dire qu’il a même une marge de progression !

LA : N’Golo et Riyad, ce sont deux talents différents, mais oui, quand on les voyait, on sentait qu’il y avait un truc un peu exceptionnel qui allait les amener plus loin.

EM : Il faut être honnête, l’étape Leicester a été nécessaire pour que Riyad affirme son talent. En quelque sorte, le travail qu’on a fait au Havre a été validé à Leicester.

FS : On sait tous ce qu’ils doivent à leurs passages à Caen et au Havre. Mais je suis recruteur aujourd’hui et au niveau du scouting, je ne peux que saluer le travail de Leicester. Accorder autant de confiance à un mec de Caen et un mec du Havre, c’est très fort.

Je ne dirais pas qu’il y a des Mahrez à tous les coins de rue. Mais en tout cas, je suis sûr qu’il y en a quelques-uns et qu’on n’arrive pas tous à les repérer.

BD : Erick Mombaerts vous a dit qu’il avait failli faire venir Kanté au Havre ? J’avais entendu l’histoire à l’époque. Demandez-lui de vous raconter.

EM : Un jour, Patrice Bergues (inutile de préciser qui est Patrice Bergues, NDLR) me dit : « Je viens de voir un match de Boulogne, il y a un joueur extraordinaire. » J’ai immédiatement transmis l’information aux dirigeants, on a essayé de le faire signer, mais c’était trop tard. Ça s’est joué à quelques heures près. À rien du tout en fait. Mais N’Golo Kanté avait donné sa parole à Caen. Avec le temps, vous pouvez deviner ce que ça veut dire quand N’Golo Kanté donne sa parole.

FS : C’est bizarre de se dire que Kanté et Mahrez se sont croisés en Ligue 2 il n’y a pas si longtemps. Enfin non. À première vue, des Mahrez et des Kanté, il y en a 200 en France. Des joueurs qui ont leurs qualités et leurs profils, oui, il y en a 200. Mais ce qui fait la différence, c’est l’aspect humain.

Le talent de Kanté a sauté aux yeux immédiatement. Mais de là à deviner qu’il y aurait l’équipe de France et compagnie, il ne faut pas exagérer !

EM : Je ne dirais pas qu’il y a des Mahrez à tous les coins de rue. Mais en tout cas, je suis sûr qu’il y en a quelques-uns et qu’on n’arrive pas tous à les repérer. Aujourd’hui, je suis conseiller technique à Troyes, je travaille auprès des formateurs. Je me sers de l’exemple de Riyad pour dire aux formateurs : « Soyez patients, ne jugez pas trop vite un jeune joueur, parfois, son talent a besoin d’un certain temps et d’un certain contexte pour s’exprimer, accompagnez-le ! » Je veux que ce que j’ai vécu avec lui serve à quelque chose. On me demande si je suis fier du parcours de Riyad. Oui, je suis fier. Mais surtout, je me dis qu’on est là pour ça. On a des yeux évolutifs qui permettent de voir l’avenir. Je n’ai fait que mon métier. J’ai trouvé son point fort, je lui ai dit que j’avais confiance en lui, je l’ai accompagné. Mais je n’ai aucun mérite. Avec lui, c’était trop facile, il n’y avait qu’à s’appuyer sur son amour du foot.

BD : Pour Mahrez, qui n’avait pas fait de centre de formation, croiser la route de Mombaerts à cette époque, c’était un peu la rencontre idéale. Après, la suite de l’histoire, c’est sûr qu’elle est incroyable.

GL : Le talent de Kanté a sauté aux yeux immédiatement. Mais de là à deviner qu’il y aurait l’équipe de France et compagnie, il ne faut pas exagérer !

LA : On était là en 2013, on était au premier rang, on vivait le truc avec eux. Celui qui te dit qu’il savait ce qui allait se passer pour N’Golo et pour Riyad, c’est le plus gros menteur du monde.

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Par Matthieu Pécot

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