Un 4-2 pour un 7 contre 1 à Bernabéu
Certes, l'AS Monaco a déjà accompli un exploit cette saison en Ligue des champions. Au tour précédent, les hommes de Leonardo Jardim ont infligé un 3-1 à Arsenal dans son Emirates Stadium. Mais tout second de Premier League que soit le club de Londres, les Monégasques vont devoir puiser encore plus dans leurs ressources s'ils souhaitent s'imposer face à la Juventus, en particulier dans un stade Louis-II qui ne leur réussit pas forcément cette année. Après tout, on parle du futur champion d'Italie, capable d'écraser de quinze points ses concurrents en Serie A. Il y a onze ans de cela, le Real Madrid campe aussi en tête de la Liga. Mais avec sa tripotée de Galactiques (Zidane, Figo, Ronaldo, Beckham, Roberto Carlos, Raúl), le Real Madrid n'a qu'une seule idée en tête, qui vire presque à l'obsession : gagner sa Décima, sa dixième Ligue des champions. De son côté, l'AS Monaco a éliminé poussivement le Lokomotiv Moscou en huitièmes de finale, qualifiée grâce à une victoire 1-0 à domicile après avoir perdu 2-1 en Russie.
De fait, on se demande à quelle sauce vont être mangés les petits Princes de Monaco, dont la cote est fixée à 7 contre 1, face à l'ogre du roi Juan Carlos. À Santiago-Bernabéu, contre le cours du jeu et juste avant la pause, les Monégasques ouvrent le score grâce à Squillaci sur un cafouillage dans la surface, et Jean-Michel Larqué commence à pousser des « Oh ! Oh ! Oh ! » de vieux monsieur en extase. Même si Helguera égalise au retour des vestiaires sur corner, l'AS Monaco tient le match nul jusqu'à la 70e. En dix petites minutes, le Real plante trois banderilles par Zidane, Figo puis Ronaldo. Morientes réduira bien le score dans la foulée, mais les hommes de Didier Deschamps entrent sur le Rocher avec quatre buts dans la valise dont deux d'écart. Autant dire que le match retour s'annonce mission impossible.
Une Madjer pour disqualifier le Real
OK, Monaco, ce n'est pas la France, mais c'est tout comme, tout du moins en matière de football. Et impossible n'est pas français, comme le disait Napoléon en 1808 lorsqu'il s'avançait dans la Sierra Guadarrama pour prendre Madrid d'assaut. Malgré l'ouverture du score de Raúl à Louis-II, l'AS Monaco repart au combat et finit par égaliser d'une frappe croisée de Giuly à l'entrée de la surface. Un timing parfait pour faire douter les visiteurs. Le timing, Morientes sait ce que c'est mieux que quiconque, lui qui claque une tête, comme suspendu dans les airs, dans la lucarne de Casillas au tout début de la seconde mi-temps. Derrière, Giuly glisse une Madjer entre les jambes de Helguera, et l'AS Monaco est qualifiée par les demi-finales de la Ligue des champions.
Vidéo
Ce match du 6 avril 2004 fera l'effet d'un déclencheur pour l'AS Monaco. Si le club rouge et blanc s'effondre à la photo finish en championnat de France, il réussit une nouvelle prouesse : battre à plate couture le Chelsea fortuné de Roman Abramovitch (3-1 à l'aller, puis 2-2). Malheureusement pour les Monégasques, ils retrouveront en finale le Porto de José Mourinho, autre équipe sensation de la compétition. Défaite 3-0, l'AS Monaco sort néanmoins la tête haute en Ligue des champions, principalement parce que le club s'est offert le scalp du champion d'Espagne en titre en quarts de finale. Avant d'affronter la Juventus à Louis-II, les hommes de Leonardo Jardim savent donc ce qu'il leur reste à faire : réviser leurs classiques.
Par Matthieu Rostac
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