Un come-back face à Bilbao : « L'histoire le voulait »
La courte histoire de Maradona avec le Sánchez-Pizjuán résulte avant tout des problèmes de drogue du Pibe. Condamné à 15 mois de suspension à la suite d'un contrôle positif à la cocaïne enregistré le 17 mars 1991, il est contraint de ranger les crampons. Malgré les appels et autres recours judiciaires, il reçoit même une peine de 14 mois de prison avec sursis de la part des autorités italiennes. Autant de signaux qui, juxtaposés à une bisbille avec le fisc local, le pressent à quitter son Italie adoptive. Premier club intéressé par sa venue, le FC Séville doit faire avec la concurrence de l'Olympique de Marseille. Un combat de séduction de plusieurs semaines que remportent les Andalous grâce à la présence sur leur banc de Carlos Bilardo, sélectionneur victorieux du Mondial 1986. Alors que ce dernier présage que « si Diego ne vient pas, je fais ma valise et je retourne à Buenos Aires » , Maradona débarque bien sur les bords du Guadalquivir le 22 septembre 1992. Des heures de tractation entre la FIFA, le Napoli et la direction sevillista plus tard, il jure alors « n'avoir que 45 minutes dans les jambes, mais, si le public me soutient, il me donnera la force qui me manque » .
Plus que ses kilos en trop, Diego Armando Maradona coûte la rondelette somme de 750 millions de pesetas - soit 4,5 millions d'euros. Un montant record pour le fanion de Nervion, auquel il faut ajouter de nombreuses dépenses superflues pour le bien-être de la diva. Mais l'important se trouve ailleurs pour les supporters du FC Séville. Aux côtés de Diego Simeone et Davor Šuker, le Pibe de Oro complète un effectif excitant. Excitant comme ses retrouvailles avec une Liga qu'il avait quittée sur un pugilat contre les Leones : « J'ai regardé le calendrier et j'ai vu ce match du dimanche 4 octobre. Ce jour devait être celui de mes débuts, l'histoire le voulait ! Il n'y a aucun adversaire plus significatif pour moi, aucun ! Il y a tant de choses qui m'unissent et me séparent de ce club basque qu'il ne pouvait pas y avoir d'autre adversaire. L'Athletic reste le club qui m'a enlevé l'opportunité de remporter deux Ligas alors que j'étais à Barcelone. » Une référence à sa jambe hachée menue par Andoni Goikoetxea en 1983 qu'il retrouve dès son entrée dans la Cathédrale. Une mise en bouche qui se conclut par une sortie sur blessure et une défaite. Pas les dernières.
Monchi : « Maradona d'un côté, nous de l'autre »
De mémoire de Sevillistas, l'arrivée de Diego Maradona répond, toute proportion gardée, à celle de Dieu. Monchi, alors gardien remplaçant, se souvient pour Jotdown : « Un soir, après avoir mangé, Carlos nous a tous emmenés dans une chambre et nous a expliqué qu'à partir de ce jour, l'équipe allait être divisée en deux groupes : Maradona d'un côté, nous autres de l'autre. » La saison avançant, l'Argentin perd quelques kilos et retrouve ses dribbles chaloupés. Comme face au Real Madrid, lorsqu'il réduit les reins merengues en bouillie et offre un succès 2-0 au Sánchez-Pizjuán. Ou face au Sporting Gijón, lorsqu'il envoie un missile se loger dans la lucarne adverse. Ces quelques coups d'éclat laissent ensuite place au côté obscur du Pibe de Oro. Plus festif que sérieux, il commence par s'abstenir de quelques séances d'entraînement. Puis arrivent la fin de saison et une réception de Burgos. Obligé de jouer sous infiltration, il est remplacé à la 53e. Hors de lui, il insulte de façon véhémente son entraîneur avant de faire des portes du Sánchez-Pizjuán son punching-ball. Une dernière saillie de Del Nido, alors vice-président - « Il n'est pas même prêt à jouer au golf » - suffit à lui faire dire, après seulement 20 apparitions et 4 buts : « Séville, plus jamais » . Ce fut bref, mais intense.
Par Robin Delorme, à Madrid
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