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Quand le régime fasciste faisait disparaître l’US Milanese

Par Éric Maggiori
Quand le régime fasciste faisait disparaître l’US Milanese

Dimanche dernier, l'Inter et le Milan AC se sont neutralisés dans un derby de Milan des plus tristes. Or, il fut un temps où une autre équipe agitait les derbys de la ville : l'US Milanese. Une époque en noir et blanc, comme son maillot.

Cederna, Colombo, Sutter, Kilpin, Trerè, Bianchi, Ermolli, Pedroni, Carrer, Rizzi, Angeloni d’un côté. Francesconi, Pirovano, Lanfranchi, Ghinelli, Cremonesi, Franziosi, Meazza, Recalcati, Varisco, Bojocchi, Magni de l’autre. Nous sommes le 12 février 1905, au Campo dell’Acquabella de Milan. C’est le derby milanais. Mais pas entre le Milan AC et l’Inter. Non non. Ce jour-là s’affrontent Milan et l’US Milanese. Les Noir et Rouge contre les Blanc et Noir. Pas de victorieux au terme des 90 minutes, un match nul 3-3 avec, entre autres, un triplé d’Agostino Recalcati pour l’US Milanese. Le cadre est planté : nous sommes au début du siècle et trois équipes se partagent la scène milanaise du football. Le SEF Mediolanum, fondé en 1896, le Milan, créé en 1899 et, donc, l’US Milanese, dernier rejeton de la famille. Un club qui existera officiellement jusqu’en 1946, et qui aura une importance capitale dans l’histoire de l’évolution du football à Milan, et de ce qu’il est encore aujourd’hui.

« Un jeu de société avec les pieds importé d’Angleterre »

Tout commence dans la cour du Castello Sforzesco, à Milan. C’est là que se tient le siège du SEF Mediolanum, un groupe de sportifs qui se réunit essentiellement pour pratiquer la gymnastique (d’ailleurs, le premier nom officiel du club est Ginnastica Mediolanum). Mais en 1898, certains membres du club commencent à pratiquer ce nouveau sport venu tout droit d’Angleterre : le football. L’engouement est tel que les joueurs du SEF Mediolanum donnent une représentation publique d’un match en mai 1898. Parmi eux, on trouve un certain Umberto Meazza (aucun lien de parenté avec le Giuseppe qui donnera son nom au stade). Très enthousiaste à l’idée de pratiquer ce nouveau sport, Meazza décide de fonder une véritable section football du SEF Mediolanum. Problème : cette initiative n’est pas du tout du goût des dirigeants/fondateurs du club, qui ne voient absolument pas d’un bon œil le fait de « pratiquer un jeu de société avec les pieds importé d’Angleterre » . Pas démotivé pour un sou, Meazza décide donc de quitter le SEF Mediolanum, et de monter sa propre équipe. On peut ainsi lire dans la Lettura Sportiva de l’époque : « Sur ordre du conseil de la Mediolanum de cesser ce jeu qui distrait les gymnastes de leur activité habituelle, Umberto Meazza et quelques-uns de ses disciples ont préféré abandonné le club pour faire partie d’une autre équipe qui va pouvoir se perfectionner sérieusement dans ce jeu que certains considèrent comme meilleur que tout autre » .

Finalement, plutôt que de fonder un nouveau club, Meazza et sa troupe se tournent vers une autre formation milanaise qui pratique déjà dans une moindre mesure le football : l’US Milanese. Cette équipe a été fondée en 1902 par un groupe d’amis qui se retrouvaient tous les soirs au Caffè Verdi de Porta Nuova pour jouer aux cartes et au billard. Ces gaillards, emmenés par un trio Marley, Buni et Ferrario, décident finalement de fonder une società sportiva, qu’ils baptisent Unione Sportiva Milanese. Les premiers exploits ont toutefois lieu dans la section cyclisme, Buni et Ferrario ayant été, auparavant, champions dans cette discipline. La section football est ajoutée en 1903, et va véritablement exploser en 1905, lorsque Meazza, Recalcati et Cie en intègrent les rangs.

Le Duce s’en mêle

Ainsi, l’US Milanese, armé d’un maillot à damier blanc et noir, prend part au championnat de Lombardie 1905. C’est à cette occasion que se dispute justement le derby face au Milan de Herbert Kilpin (3-3). Au retour, l’US Milanese s’impose 7-6 (bah quoi ?) et se qualifie donc pour la phase finale du championnat. Battu par la Juventus et tenu en échec par le Genoa, le club de Meazza termine à la troisième place du classement. Un résultat qui sera encore amélioré en 1908 et 1909, l’US Milanese terminant à deux reprises à la deuxième position, juste derrière la Pro Vercelli. Autre fait notable, elle devient la première équipe italienne de l’histoire à battre une équipe belge à l’extérieur : un succès 2-1 face à l’Union Saint-Gilloise. Ce qui, à l’époque, était une sacrée perf. À cette époque, l’USM est clairement le deuxième grand club de la ville, derrière le Milan. Une troisième formation, l’Internazionale, commence toutefois à émerger. Aucune autre ville du pays, pas même Turin (le troisième club de la ville, la Ginnastica Torino, disparaît en 1905, ndlr), ne peut alors se vanter d’avoir trois clubs au plus haut niveau du football italien.

Mais la Première Guerre mondiale vient chambouler tout ça. Le football passe au second plan, et tous les championnats s’interrompent entre 1914 et 1918. Lorsque le foot reprend ses droits, une fois les affrontements terminés, les effectifs ont été complètement chamboulés. Il s’agit d’une période charnière du football italien : le régime fasciste de Benito Mussolini souhaite réorganiser le football, d’abord en passant à un championnat unique (avant cela, il était divisé en deux groupes), puis en exigeant des fusions entre clubs, de façon à réduire le nombre d’équipes par ville et ainsi éviter la « dispersion des forces » . À Rome, par exemple, le régime ordonne la fusion entre la Lazio, la Fortitudo, la Roman et l’Alba Roma. La Lazio refuse, les trois autres acceptent, et ainsi naît en 1927 l’AS Roma. À Milan, l’US Milanese tente dans un premier temps de conserver son identité. En vain.

Tentative de renouveau en 1945

De fait, en 1928, la pression de Benito Mussolini devient trop forte. Le Duce veut que les deux clubs fusionnent, et souhaite également que le nom « Internazionale » , trop international et pas assez nationaliste à son goût, disparaisse. Malgré une dernière tentative des fans de l’Inter, la fusion est ratifiée le 8 septembre 1928. Ernesto Torrusio, membre du parti fasciste de Mussolini et par la même occasion président de l’US Milanese, officialise la chose. « Le secrétaire du Parti a ratifié la fusion des deux clubs, laquelle évite la dispersion des forces footballistiques et consent l’entrée de la Fiumana en première division(un club de la ville de Fiume apprécié du régime parce symbole d’italianité, ndlr). Le nouveau club ainsi fondé prend le nom de SS Ambrosiana. Le maillot sera blanc. » Finalement, il ne sera pas tout blanc. Dans un premier temps, la tunique est blanche frappée d’une immense croix noire. C’est avec ce maillot que l’Ambrosiana remporte, en juillet 1930, le tout premier Scudetto de l’histoire de la Serie A, le championnat unique ayant été instauré en octobre 1929.

Mais on n’efface pas les souvenirs aussi facilement. De fait, dès 1930, l’Ambrosiana récupère les rayures noires et bleues de l’Inter, et adopte un col à damier noir et blanc en souvenir de la tunique de la défunte US Milanese. Une défunte qui tentera de ressusciter en 1945, juste après la Seconde Guerre mondiale. Profitant de la chute du régime fasciste, l’Ambrosiana reprend son nom originel d’Internazionale, et la section football de l’US Milanese renaît de ses cendres. Mais ses moyens financiers limités ne lui permettent pas de participer à un championnat de Serie B auquel elle est pourtant invitée par l’avocat Giovanni Mauro, ancien dirigeant de la FIGC. L’US Milanese redémarre à un niveau local, dispute un championnat milanais de la Section Propaganda (passons) et, faute de motivation, met un point final à son histoire à la fin de l’année 1946. En ayant laissé son damier dans les mémoires.

C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

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