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Quand la Belgique pleure ses arbitres

Par Émilien Hofman
Quand la Belgique pleure ses arbitres

Physique, ennuyeux, le classico Standard-Anderlecht est néanmoins fort attendu en Belgique. Mais ce dimanche, c'est le 23e acteur présent sur le terrain qui a fait parler de lui en excluant un joueur... trop rude dans son fair-play.

Le temps béni de Frank De Bleeckere et d’Alexis Ponnet est désormais bien loin. L’Audenardais, élu troisième meilleur arbitre du monde par la FIFA en 2009, et le Bruxellois, arbitre de nombreuses finales européennes, devraient désormais s’enfouir la tête dans leur main en se demandant : « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » En effet, dimanche, lors de ce que la Belgique appelle son Classico, l’arbitre Alexandre Boucaut est devenu l’homme du match : héros pour les Standarmen, maudit par les Anderlechtois, mais surtout la risée de toute l’Europe qui va avoir du mal à comprendre sa décision. L’arbitre de 34 ans a en effet exclu Steven Defour, Anderlechtois et ex-Standarman, pour ce qu’on ne peut définir que par un « excès de fair-play » , saisissant. Retour en arrière pour (tenter de) tout comprendre…

Defour-Standard : d’amour à haine

Steven Defour, formé à Genk, est passé à 18 ans dans les rangs du Standard de Liège. Rapidement intégré dans l’équipe première, le milieu de terrain explose littéralement au point de devenir capitaine et chef d’orchestre des Rouches. Avec les Liégeois, Defour va remporter deux championnats et une Coupe de Belgique, mais surtout, il va représenter tout ce que les supporters locaux adulent : la combativité, la hargne et, semble-t-il à ce moment-là, la fidélité. En 2011, sous les vivats de ses fans, Defour file à Porto. Ce départ se fait en parallèle d’un changement radical au sein du Matricule 16. Le mafieux mais néanmoins passionné Luciano D’Onofrio quitte le club et laisse sa place au millionnaire et avide Roland Duchatelet, une des fortunes les plus importantes du Royaume. Pendant que Defour passe du banc au terrain presque un match sur deux au Portugal, le Standard de Liège perd son identité et devient progressivement consternant.

En quelques mois, les supporters voient Witsel, Mangala, Carcela, Benteke, Bolat, Batshuayi ou encore William Vainqueur quitter le navire et être remplacés par des joueurs au talent aussi prononcé que George Tucudean, Ron Stam ou Astrit Ajdarević. Résultat : les Liégeois, qui espéraient enfin être redevenus un grand club de Belgique après 25 ans de disette, végètent régulièrement autour de la cinquième place. À raison, les supporters n’en peuvent plus de la situation et deviennent fous. Juin 2013, environ 4000 fans débarquent à Sclessin pour foutre le brin et montrer leur mécontentement à Duchâtelet. Avril 2014, après une phase classique impressionnante, le Standard commence à perdre le titre au profit d’un Anderlecht relégué à une époque à plus de 10 points des Rouches. Après une défaite, quelques supporters entrent dans la zone de presse, agressent un cameraman et vont jusqu’à tambouriner à la porte du vestiaire rouche.

Dans le même temps, Steven Defour sent progressivement que faire sa place à Porto sera plus que difficile. Après un Mondial réglé en 45 minutes – Defour est exclu pour son seul match face à la Corée du Sud – l’ancien capitaine des Rouches prend une décision qui, bien qu’impensable, se généralise fortement dans le monde du football. 13 août 2014, Steven signe pour cinq ans à Anderlecht. Enfin titulaire, le milieu de terrain prend directement de l’importance dans ce groupe bruxellois qui étonne en Europe, mais joue à la carte en championnat.

Un retour attendu

Depuis le dévoilement du calendrier de la Jupiler Pro League, les supporters des Rouches attendaient encore plus que d’habitude la venue d’Anderlecht et de son nouveau maître à jouer. Avant ça, ils ont néanmoins dû se taper des 3-5 contre Ostende, 1-4 contre Lokeren et surtout ce 5-2 asséné par Mouscron. Mais peu importe, le jour de Standard-Anderlecht, tout le monde redevient supporter pour l’occasion, et si Steven Defour s’y attendait sûrement, il a eu droit à un accueil plus que glacial. À son entrée sur la pelouse, le barbu découvre ainsi un énorme tifo représentant sa tête décapitée dans les mains d’un « vengeur » anonyme, image qui a indigné le monde du football (et pas seulement).

Sur un terrain très difficile, Rouches et Mauves se créent extrêmement peu d’occasions et restent dans les habitudes du classico belge : niveau faible, engagement physique et nervosité. Defour est bien entendu hué à chaque touche de balle, et la joie envahit beaucoup de supporters locaux quand leur ancien protégé récolte un carton jaune mérité pour avoir dégagé le ballon après le coup de sifflet de l’arbitre. 53e minute : la minute décisive. Débordant sur le flanc, l’arrière gauche anderlechtois Olivier Deschacht joue des coudes avec Milec. Après une dernière manchette (sûrement fautive), Deschacht voit son opposant s’écrouler, mais son centre n’aboutit pas. Alors que le Liégeois reste au sol, ses camarades vont partir à toute allure et de manière incompréhensible en contre-attaque. Mais Carcela chipote trop, il est contré, et Anderlecht peut de nouveau enclencher son contre. Sauf qu’au milieu du terrain, Steven Defour, certainement nerveux, mais surtout énervé par l’action, envoie le ballon de manière bien franche en tribunes. Mais le fair-play (bien qu’à contrecœur, précisons-le) ne paie pas toujours. À peine retourné, Defour se voit brandir un deuxième carton jaune, il est exclu au plus grand bonheur de la majorité des spectateurs du Maurice Dufrasne. Et au plus grand étonnement de beaucoup de commentateurs qui affirment ne jamais avoir vu un joueur se faire exclure après avoir rendu le ballon.

La justification du sifflet

Sur les réseaux sociaux, c’est la cohue. Les défenseurs de l’Anderlechtois hurlent au scandale, les supporters rouches jouissent littéralement. Dans les tribunes, les supporters anderlechtois se montrent presque pitoyables en arrachant les sièges. Sur le terrain, les Mauves n’en reviennent pas. Ils discutent pendant de longues minutes avec Alexandre Boucaut, sûr de lui et, il faut le dire, probablement satisfait de pouvoir affirmer son pouvoir. Au micro des journalistes, l’homme en noir se justifiera en disant qu’il a sifflé avant le dégagement de Defour, ce qui expliquerait sa sanction. Il est néanmoins permis d’en douter. Si Milec était vraiment sévèrement touché, pourquoi Boucaut n’aurait-il pas mis un terme au jeu plus tôt dans l’action, par exemple au moment où le Standard est en possession de la balle ? Deuxième élément, en envisageant que le coup de sifflet ait bien été donné, M. Boucaut a alors de lui-même mis le feu aux poudres en excluant Defour sans beaucoup de psychologie. Ne peut-il pas comprendre que 30 000 sifflets peuvent tout à fait masquer un autre bien plus discret sur le coup de l’homme en noir ? Honnêtes ou non, les autres Anderlechtois affirment également ne rien avoir entendu. Quant à la force du tir de Defour, elle est certes déplacée, mais difficile de retenir sa frustration après qu’une équipe refuse de mettre le ballon dehors pour soigner un de ses joueurs.

Pour l’anecdote, le Standard, déjà quelque peu meilleur avant l’exclusion, s’imposera bien entendu au final 2-0. La seule réjouissance de la rencontre sera d’ailleurs le premier but, inscrit par Laurent Ciman, patron de la défense qui vient d’annoncer son départ à l’Impact Montréal pour des raisons familiales. Les plus fervents supporters mauves argueront également qu’il aurait dû être exclu quelques minutes plus tard, mais la décision de Boucaut sur ce coup se justifie plus facilement, vu que son tacle correspond à un fait de match récurrent. Une semaine après une grosse erreur d’arbitrage à Ostende-Courtrai où l’arbitre n’avait pas signalé une sortie de but plutôt évidente, le tout entraînant un but, quelques semaines après avoir vu un but se transformer en un corner et trois mois après un but accordé dans des circonstances totalement opposées à celles de Lampard à la Coupe du monde 2010, les arbitres belges continuent de faire rire hors de leurs frontières. À une époque où la Belgique tente par tous les moyens de faire considérer son championnat, peut-être faut-il tout d’abord régler des questions comme l’arbitrage avant de penser à améliorer le niveau de jeu. Mais bon, de ce côté-là, même Frank De Bleeckere estime que « nos arbitres ont pris 84% de décisions correctes dans les moments clés. » Alors, ça va…

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Par Émilien Hofman

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