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Quand Antonetti était nissart et sanguin

Par Eric Carpentier
Quand Antonetti était nissart et sanguin

Il ne veut plus « faire la une », car il fut un temps où Antonetti était le régal des best-of, des zappings et des médias. Ça, c'est pour l'extérieur. Et de l'intérieur ? Retour sur la période niçoise de Fred le Corse, avec ses joueurs et ses supporters.

À Nice, personne n’a oublié les quatre saisons d’Antonetti. Il y a les résultats branchés sur courant alternatif (55 victoires, 53 nuls, 50 défaites entre 2005 et 2009), les huitièmes places et le souffle de la relégation, la finale de Coupe de la Ligue et la défaite contre Vannes en demies de Coupe de France. Et puis, il y a le personnage. Abrupt et chaud comme son île, lui le natif de Venzolasca, au sud de Bastia. Aujourd’hui dans le Nord, il le jure, il s’est assagi. Fini l’entraîneur impulsif, explosif, volcanique. Une image d’Épinal colportée par les amateurs de clashs ? Pas seulement, pour Matt Moussilou et Bakari Koné, ses attaquants aux destins divers. Ni pour Guillaume, alors membre du bureau de la défunte Brigade Sud Nice. Parce qu’il faut au moins un Joe Pesci au top de sa forme pour réussir à faire dégoupiller un mec comme Marama Vahirua.

Le père et les fils

« Volcanique ? Ah carrément, carrément !(rires) » Matt Moussilou se souvient très bien de « coach Antonetti » . L’attaquant signé en 2005 pour une somme record, à l’époque, n’a pas confirmé les espoirs placés en lui : « Et ça, ça le révoltait. Il me bousculait, il me disait des choses, pas méchantes, juste pour piquer. Mais tout ce qu’il disait était vrai » , replace l’homme au hat-trick le plus rapide de l’histoire de la Ligue 1. Une méthode confirmée par le petit, par la taille, Baky Koné : « Il connaît la valeur de ses joueurs, il veut tellement qu’on soit à 100%, qu’on donne le meilleur, que parfois on a l’impression que ça va loin. Mais c’est pour faire progresser, jamais pour faire mal. » Alors, tant pis si ça sort, si « on a l’impression d’un papa qui gronde son fils » , dixit Moussilou, qui a senti passer quelques soufflantes. « Il avait sa façon de procéder, très spéciale, de vous exploser même en public, sur le terrain ou lors d’un entraînement ouvert. Une façon bien à lui, parce qu’il y croyait. Ça a marché avec d’autres, moins avec moi. Je le comprends avec le recul » , concède l’ancien Lillois, qui préfère mettre en avant un entraîneur « franc et honnête, avec qui(il s’)‘entend encore très bien » .

« Un gentil, appuie Koné, un sanguin, oui, parce que c’est un gagneur. Mais aussi quelqu’un de très gentil, qui donne tout pour faire avancer les joueurs, l’équipe. » Si, aujourd’hui, Antonetti dit avoir appris de son passage dans les médias, en tant que consultant pour J+1 notamment, à l’époque, « ce que les gens pensaient de lui, ce n’était pas grave » , pose Koné. « C’est ce que ses joueurs pensent de lui qui est important. Et il a toujours été suivi par son groupe. » Même quand ça se fritte sévère avec Florent Balmont ? « Ah mais Antonetti, Balmont, c’est deux forts caractères ! » , rigole le petit Éléphant. « C’est normal que ça ait pu clasher à un moment ou à un autre ! Mais ça réussit, c’est ça qui compte, et au final il y a plus de bons que de mauvais moments. » D’ailleurs, « Antonetti fait partie de (m)es préférés. J’aime les entraîneurs passionnés, vrais. Lui, il est de ceux qui disent ce qu’ils pensent à voix haute. »

« Ferme ta gueule, t’as compris, espèce de con, oh ! »

Une qualité moins répandue qu’il n’y paraît, ce qui « a le mérite d’être clair » pour Moussilou. « On sait où on va. C’est le patron, faut l’écouter, il a toujours procédé comme ça. » Des paroles qui ne valent pas que pour son groupe. Aujourd’hui, Guillaume est un capo interdit de stade. À l’époque de la Brigade Sud Nice, soit avant 2010, il était au bureau de la BSN et il se souvient de la piteuse élimination contre Vannes, alors en Ligue 2, au stade du Ray (1-1, 3 tab à 4) : « On était allés au centre d’entraînement à 300-400. Avec quelques responsables de la Brigade Sud, on monte dans son bureau. Et quand je dis qu’il était très têtu, là, il persistait à dire qu’on avait fait un bon match. On n’était pas d’accord, ça chauffait un peu, et lui restait sur ses positions. » Et si, à son arrivée, Antonetti le Corse avait « tout à prouver » aux habitués du Ray, il a vite réussi à se mettre les Nissarts dans la poche. Mais pas par calcul : « C’était un gars sanguin, mais sincère. À partir de là beaucoup de choses peuvent être excusées. Dès qu’on voulait le voir, il n’y avait pas de souci. On connaissait son tempérament, il connaissait le nôtre, on pouvait ne pas être d’accord, ce qui est arrivé pas mal de fois, mais on a toujours eu une relation franche et sincère. Pas comme avec Puel, par exemple. »

Et quand l’entraîneur sort, à un spectateur mécontent, un sonore « Ferme ta gueule, t’as compris, espèce de con, oh ! » , Guillaume kiffe : « Ça lui plaisait, le côté chaud du stade, l’ambiance, la ferveur, plutôt que des mecs qui boivent du champagne en tribune honneur. Alors nous, qu’il s’embrouille avec les présidentielles, on n’en avait rien à foutre ! Au contraire, avec lui, les joueurs venaient nous voir, ils étaient à son image. » Façonner un groupe à sa manière, avec ses méthodes tonitruantes, était donc une véritable marque de fabrique d’Antonetti le Niçois. Ce qui lui a permis d’écrire de belles pages de l’histoire du club. Ce qui a aussi marqué positivement ses joueurs. Entre un Matt Moussilou qui situe un coach « à part, ouais ! Unique, une exception !(rires)Une personne sympa, honnête et authentique » , et un Koné qui le « remercie, avec Jean-Marie (de Zerbi, son adjoint encore à Lille, ndlr), ils ont compté énormément pour moi, en tant que joueur et en tant qu’homme » , le portrait dressé par ceux qui ont connu Frédéric Antonetti il y a une dizaine d’années est celui d’un homme dont on se souvient, en bien. Après tout, quand ça fait du bruit, c’est souvent que c’est bon.

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Par Eric Carpentier

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