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Quand Alexi donne le la

Par Fausto Munz
Quand Alexi donne le la

Un mélange de Chuck Norris, de Tormund de Giantsbane et de David Gilmour. Entre le footballeur rugueux, le capitaine hargneux, le voyageur curieux et le musicien talentueux, Alexi Lalas a eu le temps de vivre mille et une vies.

1 m 91 de de muscles, une dégaine de baroudeur, de long cheveux roux tenus par une ficelle, de fines pattes qui descendent le long des joues, et l’une des plus belles barbichettes de l’histoire du ballon rond. Avant même de connaître son parcours, le look d’Alexi Lalas suscite la curiosité, si ce n’est pas déjà de la fascination. À première vue, on l’aurait davantage imaginé sur une petite plage de hippies perdue en Équateur, parcourant le monde sac sur le dos et guitare en main plutôt que sur un terrain de football. Pourtant, c’est bien sur le rectangle vert que ce Barberousse américain s’est fait un nom, devenant l’une des plus grandes icônes nationales du sport dans un pays qui ne jurait à l’époque que par le football US, le baseball et le basket. Et puisque devenir une légende du « soccer » ne lui suffisait pas, Alexi a décidé de combiner sa carrière de sportif avec une vie de rocker, multipliant les albums et les tournées pendant plus de vingt ans, en groupe ou en solo, toujours en chantant son amour du voyage et sa fierté d’être roux. De ses débuts dans le football à l’université de Rutgers à ses interventions sur Fox News en passant par ses concerts avec les Gypsies, l’histoire d’Alexi Lalas a son lot de fantaisies.

Hockey sur glace, appendicite et football universitaire

Tout commence en 1981 à à Bloomfield Hills, petite bourgade du Michigan située non loin de Détroit. Alexi a 11 ans et touche ses premiers ballons dans l’équipe de Cranbrook Kingswood School. À l’époque, il partage son temps entre le football et le hockey sur glace, deux sports dans lequel il surpasse déjà tout ses camarades, au point d’être nommé joueur du Michigan en « soccer » et d’être convoqué pour la Ligue de Hockey de l’Ontario. Il privilégiera finalement le football mais sa formation de hockeyeur lui permet de se tailler un physique de bucheron. Ses adversaires lui reprocheront d’ailleurs de jouer comme un joueur de hockey, du fait de ses coups d’épaule rugueux et de son impact physique permanent.

C’est à l’université de Rutgers, l’une des plus prestigieuses du New Jersey que Lalas révèle tout son potentiel. En tout juste un an, il devient le meilleur stoppeur et l’une des principales attractions du championnat universitaire. Pourtant, Alexi n’est même pas défenseur au moment où il débarque dans l’équipe. « Le premier jour de la pré-saison, je lui ai demandé s’il avait déjà joué défenseur central, se souvient son entraîneur Bob Reasso. Bien sûr, il m’a dit que oui mais en vérité, il ne l’avait jamais fait. Il jouait attaquant au départ. Mais vous savez, il est tellement compétitif… Il a travaillé très dur sur sa technique, son physique, et il est devenu l’un des meilleurs défenseurs du pays » . Un leader, un bosseur, mais surtout un vainqueur. « La première chose que je retiens de lui, c’est que c’était un gagnant, poursuit Bob. Il savait comment gagner dans n’importe quel situation. C’était un vrai leader charismatique. Sa passion pour le jeu et pour la victoire se répandait sur toute l’équipe » . Lalas correspond à ce défenseur guerrier, presque kamikaze même, qui n’abandonne jamais et qui serait prêt à mourir sur le terrain. Et l’expression est particulièrement bien choisie dans le cas d’Alexi Lalas. L’histoire de sa saison 1990 parle d’elle même. Souffrant de sérieux maux de ventre, Alexi se persuade d’aller bien et décide de ne pas se soigner. Un jour de match, Alexi se tord de douleur et se met à vomir violemment sur le terrain. Son appendicite vient d’exploser. « Il avait un abcès de la taille d’une orange dans son intestin, raconte Reasso. Il ont du utiliser des tuyaux pour le vider. Ça a duré des heures et il a perdu une dizaine de kilos » . Après avoir frôlé la mort, Alexi se soigne pendant un mois (seulement) avant de retrouver l’équipe, juste avant le début du grand tournoi universitaire de fin de saison. Déterminé comme personne, le capitaine Lalas retrouve sa condition physique et mène les Rutgers jusqu’en finale. « On jouait parfois un match par jour et il était toujours prêt. Il râlait quand je le mettais au repos. Je lui disais « Tu ne peux pas jouer 90 minutes » et il était fâché. Être capable de revenir comme ça, ça montre bien quel homme, quel compétiteur et quel gagnant il est » .

Coupe du monde, Padova et I love America

La sélection américaine lui ouvre naturellement ses portes l’occasion des Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Mais c’est lors du Mondial 1994 que le monde entier découvre le talent et la barbichette d’Alexi Lalas. Pion essentiel de la sélection emmenée par Bora Milutinović, Il y joue chaque minute de chaque match et participe grandement à l’exploit du Team USA qui atteint pour la première fois la phase finale d’une Coupe du monde, qui plus est sur ses propres terres. L’Europe n’est pas resté indifférente à la performance des Yanks et plusieurs joueurs vont alors rejoindre le Vieux Continent. Le jeune Claudio Reyna part pour Leverkusen, le prometteur Bradl Friedel est engagé par Newcastle, Wynalda s’en va à Bochum tandis qu’Alexi Lalas prend la route de l’Italie, devenant par la même occasion le premier américain à gouter à la Serie A.

Direction le Calcio Padova. En une saison seulement, le rouquin devient l’un des chouchous des supporters Biancoscudati. Il fait ses interviews en italien, montre une combativité remarquable et se permet même le luxe de marquer contre les deux Milan. Mais son séjour sur la botte ne dure que deux saisons, Alexi préférant retourner aux États-Unis où est en train de naître la Major League Soccer. « Alexi est allé en Italie à une époque où la Serie A était la meilleure ligue du monde. S’il avait décidé d’aller au Pays-Bas ou en France à cette époque, il en aurait été plus que capable, estime Bob Reasso. Je pense qu’il voulait revenir aux États-Unis. La ligue commençait à se créer et il voulait avoir un rôle dans le développement de la MLS. C’est un homme très passionné par l’Amérique et par le développement du football dans son pays » . Aux États-Unis, Lalas se ballade un peu partout, faisant les beaux jours des New England Revolution, des Metrostars et des Kansas City Wizards, jouant presque tout les matchs durant chaque saison. Pendant la trêve de 1997, Lalas va même s’éclater un mois en Équateur au club d’Emelec, à Guayaquil. « Une nouvelle opportunité pour connaître de nouveaux gens, de nouveaux lieux, une nouvelle langue et une nouvelle culture. La vie est faite pour ça » dira-t-il lors de son arrivée. En 1999, il décide de prendre sa retraite, pour se consacrer à sa musique et à sa tournée américaine, puisqu’il vient de sortir son deuxième album solo, Ginger. Mais Alexi ne peut se passer de football et revient sur les terrains un an et demi plus tard en signant au Los Angeles Galaxy. Il y gagnera deux coupes nationales, mais ne retrouvera jamais la Team USA, laissant son compteur à 96 sélections. Le 12 janvier 2004, Alexi Lalas décide à nouveau de raccrocher les crampons, et pour de bon cette fois. En revanche, sa guitare reste parfaitement accordée.

Vidéo

Hard Rock, barbichette et théâtralité du jeu

« La musique me rend heureux. Si vous voulez que je joue mal au football, enlevez moi la musique ! » Ces paroles d’Alexi Lalas rapportées par le le journaliste Frank Dell’Alpa dans le Boston Globe montre bien la double-vie que menait Alexi. Sa carrière de joueur professionnel ne l’a jamais empêché de s’adonner pleinement à sa passion. Durant sa carrière sportive, Lalas a eu le temps de sortir deux albums avec son groupe The Gypsies et deux autres albums en solo. En 1998, il est appelé par le groupe Hootie & The Blowfish pour faire les premières parties de leur tournée européenne. Hard Rock déchaîné à la Ratt, ou un peu plus alternatif à la Collective Soul, Alexi et sa bande jouent au quatre coins des États-Unis, profitant même des déplacements pour aller jammer dans le bar du coin. « Il chantait tout le temps, se rappelle Reasso. Il transportait sa guitare et sa musique partout. Je me souviens qu’il arrivait dans le vestiaire à onze heures le matin, il y avait beaucoup d’acoustique et quand il prenait sa douche il n’arrêtait pas de chanter. Je pouvais l’entendre depuis mon bureau et il sortait comme une fleur et arrivait en demandant « Bon, qu’est-ce qu’on a pour le déjeuner ? » Pour moi, c’était vraiment quelqu’un d’unique. »

Unique, c’est un mot qui définit bien Alexi Lalas. Unique dans son parcours, unique dans sa détermination et biensur, unique dans son style. Car on ne peut penser à Alexi Lalas sans s’imaginer ses longs cheveux roux et son large bouc hirsute. Son look ne plaisait d’ailleurs pas à tout le monde, Alexi s’attirant parfois des commentaires malvenus de la part des fans ou bien même de ses coachs. Bora Milutinović lui demandera même de se raser la barbe et les cheveux, chose que n’a pas fait Bob Reasso. « Il avait déjà ce style à Rutgers. Je n’avais aucun problème avec ça. C’est ce qu’il est : un esprit libre. Il a toujours été son propre créateur, son propre homme. C’est avant tout un artiste. » Un artiste qui avait conscience de son personnage et qui assumait parfaitement son côté fantasque. « Je me suis toujours considéré comme un « interprète » et je ne pense pas que cela entrave l’envie de gagner ou d’être compétitif. Vous vous entraînez à votre talent et vous le montrez sur scène ou sur un terrain. Parfois ça marche, parfois non et la foule peut se mettre à scander votre nom ou vous cracher dessus. J’adore ce côté théâtral du jeu » confie-t-i dans une interview à SB Nation. « Mais si vous ne combinez pas ce côté avec une vrai compétence sur le terrain, alors vous n’êtes qu’un clown » . Et il est évident que le nom d’Alexi Lalas n’est pas à ranger parmi les pitres du ballon rond mais bien au contraire parmi les légendes qui ont permis d’exposer et de faire aimer ce sport à un pays qui n’en avait que faire. Aujourd’hui, Alexi partage son expérience sur les chaînes américaines. Il a rasé sa barbe et repris ses études à Rutgers (obtenant un diplôme de musique en 2013) mais sa guitare résonne toujours dans quelques bars du New Jersey. Et tant pis si les cheveux roux virent au blanc, pourvu que l’ampli fonctionne.

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