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Pulga y Pelusa : « Le foot nous a donné la force d’accepter notre handicap »

Propos recueillis par Gad Messika et Eddy Serres
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On l'oublie trop souvent, mais le ballon rond n'est pas un sport interdit aux personnes souffrant d'un handicap. De ce fait, en Argentine, une association de personnes de petite taille a vu le jour dans le but de changer les mentalités. Son nom : Pulga y Pelusa. Entretien avec Facundo Mariano Rojas, son fondateur, qui nous raconte les avancées de son projet et ses répercussions sociales.

Quel était votre objectif à l’origine ?

Tout a commencé un jour où ma famille, mes amis et moi étions réunis et c’est ainsi que la fondation Nendivé (avec toi » en guarani, une culture amérindienne, ndlr) a été créée. Le slogan est « les sports et l’intégration » . Dans cette petite association, nous avons commencé à réfléchir sur des projets sportifs, mais surtout à soutenir l’équipe de football des personnes de petite taille, les « Pulga y Pelusa » .

Avant la création de cette association, comment les personnes de petite taille étaient vu par la société argentine ?

La discrimination envers les personnes souffrant d’achondroplasie est l’une des plus difficiles à endurer dans n’importe quel endroit du monde, et ce, depuis la nuit des temps. C’est associé aux moqueries ou aux rires, pas ceux d’un enfant qui, par son innocence, nous regarde bizarrement, mais ceux des adultes. Grâce au foot, nous trouvons une merveilleuse façon d’interagir, de s’intégrer, de s’amuser ensemble et de gagner ce respect dont nous rêvons tant. Aujourd’hui, nous pouvons dire que le chemin que nous sommes en train de parcourir par le sport nous ouvre beaucoup de portes, et en particulier le foot, qui est créateur d’amitiés, plus que n’importe quelle autre activité. Et en plus d’aimer le football, on essaie également de pratiquer du beau jeu.

Avez-vous été soutenu lors du lancement de votre projet ?

Au début, j’ai été soutenu à 100% par ma famille et mes amis. Par la suite, en montrant ce que nous pouvions faire, d’autres nous ont soutenus, timidement, parce que les personnes comme nous peuvent parfois être méfiantes. Ceux qui jouent déjà au foot se sont montrés sociables et enthousiastes. Le ballon rond nous donne beaucoup d’assurance et par le biais des réseaux sociaux, nous pouvons nous rendre compte que dans chaque pays, il y a des associations de personnes comme nous. Du coup, pouvoir un jour organiser des rencontres sportives ou même participer aux jeux paralympiques, ce serait merveilleux !

Pourquoi s’appeler « Pulga y Pelusa » ?

Comme je suis un dingue de foot, mes idoles – comme la plupart des Argentins – sont Maradona et Messi. Dans le cas de Maradona, son surnom est « Pelusa » (la peluche) et pour Messi, c’est « Pulga » (la puce). Les deux ne sont pas très grands non plus, c’est pour cela que je trouve que ce nom nous représente bien. Notre rêve serait de les rencontrer.
Nous vivons grâce aux contrats de participation, comme si on était un groupe artistique…

Les débuts étaient compliqués, non ?

En vrai, j’ai pris un certain temps pour me motiver, mais maintenant je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt. J’ai 24 ans. Quand j’ai proposé cette idée à mon ami Lisandro Balcaza, qui m’a accompagné dès le début, ça n’a été que du bonheur et un énorme enthousiasme. Je n’oublierai jamais la première fois que nous nous sommes tous réunis, être ensemble a été incroyable et nous étions émus jusqu’aux larmes, parce que les personnes de petite taille ne se connaissent pas toujours, les familles se rencontrent plutôt pour des raisons médicales.

Comment avez-vous réussi à vous faire connaître ?

Je travaille dans une radio en tant qu’animateur et je présente les infos pour une chaîne de radio qui est écoutée dans tous les villages et villes de la région de Corrientes (à l’extrême nord-est du pays, ndlr), où je suis né. Je m’occupe des réseaux sociaux, et toute ma famille travaille dans des domaines similaires, j’ai donc la chance de pouvoir compter sur eux, ils m’aident pour tout. Mais ce sont les matchs et représentations qui nous ont le plus popularisés. Il nous reste néanmoins beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre le niveau de diffusion que l’on recherche, notamment à Buenos Aires.

Êtes-vous reconnu par la Fédération argentine de football ?

Nous n’avons pas encore réussi à joindre la Fédération, mais nous sommes en train de voir pour que le Comité paralympique nous aide ou nous accepte. Nous devons nous organiser en tant que Confédération et cela n’est pas si facile, puisque nous n’avons pas encore les fonds nécessaires.

Quel statut détenez-vous ? Avez-vous des sponsors ?

Pour le moment, nous vivons grâce aux contrats de participation, comme si on était un groupe artistique, mais avec le foot, nous recevons un cachet que l’on répartit entre nous. Il nous permet également de couvrir les petits frais, les voyages, les tenues et les représentations.
Nos blessures sont les mêmes que n’importe quel individu

Y a-t-il des compétitions ?

Nous sommes la seule équipe de notre pays, c’est pour cela que l’idée d’être une équipe nationale peut être un peu prétentieuse, mais nous aimons penser à ça dans notre « petit monde » , c’est comme avoir un trophée en avance ! (Rires) Nous jouons d’égal à égal contre l’équipe qui souhaite nous affronter, jusqu’à maintenant nous jouons en équipe de cinq ou sept, nous n’avons pas eu l’opportunité de jouer à onze – nous jouons chacun de notre côté dans des équipes plus nombreuses avec des personnes de taille normale -, mais je ne crois pas que cela soit très compliqué de le faire si on nous le demandait, nous sommes chaque jour plus nombreux et cela nous permet de changer de joueur sans problème. Jouer contre des personnes de taille normale nous divertit beaucoup, surtout parce qu’ils ne s’attendent pas à grand-chose de notre part. Et finalement, ils ressortent toujours surpris.

Êtes-vous en lien avec d’autres associations à l’étranger ?

Oui, au Brésil par exemple, il y a une équipe qui s’appelle « Les Géants du Nord » (Gigantes del Norte en V.O), avec qui nous sommes déjà entrés en contact pour organiser une rencontre, mais pour des raisons économiques et par manque de sponsors, nous n’avons pas pu réaliser ce rêve. Nous avons invité et motivé les associations de Colombie ou du Mexique pour qu’ils fassent leurs équipes. Ils sont très enthousiastes, nous avons des contacts avec des personnes appartenant à des associations dans beaucoup de pays, donc un jour ça sera possible !

Jouez-vous en club ? Comment vous entraînez-vous ?

J’ai joué dans un club de ma région jusqu’à mes quinze ans, mais j’ai été forcément obligé d’arrêter à cause de ma condition. Les autres joueurs de notre équipe s’entraînent dans leurs villes, ils jouent tout le temps en équipe avec des joueurs de taille normale, puisque comme je vous l’ai dit, les personnes petites ne sont pas nombreuses et souvent éloignées. Nous essayons de nous retrouver quelques jours avant chaque match organisé, dans n’importe quel endroit et nous nous entraînons ensemble, nous avons notre professeur et entraîneur, toujours un médecin qui nous accompagne, mais nos blessures sont les mêmes que n’importe quel individu. Nous nous concentrons spécialement sur nos jambes et nous faisons surtout attention à nos chevilles. Nous voulons que les joueurs aient une bonne hygiène de vie.

Comment se passent les rencontres contre des personnes « normales » ?

Jusqu’à présent, nos rencontres ont toujours été avec des personnes de taille conventionnelle, nous préférons ce mot, car nous sommes tous normaux, nous sommes juste de taille petite, mais l’objectif que nous cherchons est de pouvoir jouer avec des gens comme nous.


Quel est votre plus beau souvenir ?

Mon meilleur souvenir, et je crois qu’il est commun à tous ceux de notre équipe, concerne notre toute première rencontre, où nous nous regardions tous sans se connaître. C’était très intense.

Et votre pire, du coup ?

Je n’oublierai jamais la frustration que j’ai ressenti quand je me suis rendu compte que je ne pourrais pas jouer au foot de manière professionnelle, comme je l’ai rêvé depuis tout petit. Mais c’est cette impossibilité qui a donné naissance à ce projet et cela me rend très heureux.

Comment la société juge votre initiative ? Les mentalités évoluent ?

Jusqu’à maintenant, les gens nous accompagnent avec beaucoup de joie et de respect à chaque rencontre. Parfois, nous avons l’impression d’être ces stars du foot dont nous rêvons. Quand le public, à chaque fin de match, vient nous serrer la main ou nous donner une petite tape à l’épaule, c’est déjà une récompense énorme.

Cela vous donne la force de surmonter votre handicap ?

Sans le foot, je ne sais pas ce qu’il en serait de moi et de mes amis. Le foot nous a donné la force dont on avait besoin dans la vie pour nous accepter tels que nous sommes, mais surtout pour être acceptés. Et pour montrer que moi aussi, je suis capable de faire ce que les autres font. Je suis heureux de voir que chaque fois que je joue on peut rire, et non se moquer de moi.
C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

Propos recueillis par Gad Messika et Eddy Serres

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