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Procès de l’affaire de la sextape : Karim Benzema passe en défense

Par Léo Tourbe, à Versailles
Procès de l’affaire de la sextape : Karim Benzema passe en défense

Pour ce dernier jour du procès de la sextape, les avocats de Benzema, Zenati et Zouaoui ont pu défendre la cause de leur client. Tous réclament la relaxe. Même si la possibilité d’un verdict donné dans la foulée existait, il sera finalement rendu le 24 novembre. Récit de cette ultime audience.

Le ping-pong est un sport sans pitié. Surtout quand il est verbal et qu’il se joue sur un parquet. Après les deux plaidoiries de la veille, données par Me Emmanuel Molina, avocat d’Axel Angot, celui qui a obtenu la sextape depuis le portable de Valbuena, et Me Tewfik Bouzenoune, qui défend les intérêts de Younès Houass, intermédiaire entre les maîtres-chanteurs et le joueur de l’Olympiakos, cette dernière journée s’ouvre sur celle des avocats de Karim Benzema. D’abord, Me Antoine Vey accapare le micro. « Ce qui intéresse les Français ? Le sexe, l’argent, le football ? Sans doute pas le judiciaire. C’est surtout la plongée dans ce monde », explique-t-il. « Mon client n’est pas venu aujourd’hui parce qu’il est comme tout le monde », justifie-t-il ensuite, sous-entendant ses obligations professionnelles, mais aussi la difficulté qu’est celle d’affronter un tribunal.

J’allais terminer en disant que Valbuena réagissait un peu comme il le faisait sur le terrain, où il avait tendance à exagérer.

Le comportement de Valbuena interroge

Après avoir expliqué que des footballeurs avec une telle notoriété ne vivent pas dans le même monde que le commun des mortels, il s’attelle à démontrer que le ressenti de Mathieu Valbuena est aussi et surtout le résultat d’« une enquête très à charge ». « Dans ce dossier, il y a eu une forme de manipulation ! », s’exclame-t-il. Me Antoine Vey met en avant le fait que Valbuena, informé le 4 octobre 2015 par les enquêteurs qu’un émissaire viendrait à sa rencontre lors du rassemblement à Clairefontaine, ne soit pas allé faire de rapport de sa conversation du 6 avec Karim Benzema, ledit émissaire. « On est dans quelque chose de dingue », fulmine l’avocat. Mathieu Valbuena a effectivement attendu fin novembre, soit plus d’un mois et demi après sa discussion avec le Madrilène pour émettre des doutes concernant les intentions de ce dernier. Pourtant, il avait déjà été interrogé fin octobre, avant la garde à vue de Benzema, où il n’a même pas effleuré le contenu de cette conversation. Un comportement qui fait déduire à Me Vey que si Valbuena s’était vraiment senti si menacé, il en aurait fait part dans la minute aux enquêteurs, qui l’avaient prévenu sans dévoiler que ce serait Benzema, comme il l’a déjà fait précédemment lorsque Houass l’avait appelé en juin.

« Bien évidemment qu’il n’aurait pas dû le faire. Bien évidemment qu’il n’est pas d’une bienveillance absolue », concède-t-il à propos de son client. Il conclut ensuite en confiant que c’est très difficile pour lui « d’entendre qu’il ne doit pas être jugé comme tout le monde ». Une référence évidente à la réquisition des procureurs jeudi. Me Sylvain Cormier, le second avocat de Benzema, prend la suite, en faisant quelques reproches à Valbuena. Après avoir décrit la fameuse sextape comme une vidéo prise en selfie alors que les deux protagonistes de celle-ci effectuent « une position qu’on appelle « levrette » », il se demande si la fille n’a pas été filmée à son insu. « Valbuena est d’abord victime de ses propres actions », lâche-t-il d’entrée, beaucoup plus intransigeant que son confrère, de son propre aveu. Il regrette aussi que « personne n’a(it) jamais exprimé le moindre regret à l’égard de cette femme ». L’avocat insiste, à l’instar de son prédécesseur, sur le fait que le côté menaçant de son client n’a été que le ressenti de Valbuena, livré bien après leur rendez-vous. Puis, il décoche une nouvelle flèche en direction de la victime présumée : « J’allais terminer en disant que Valbuena réagissait un peu comme il le faisait sur le terrain, où il avait tendance à exagérer. » Mais il se ravise, supposant que le milieu offensif de 37 ans a été « dépassé par l’affaire ». Ils réclament la relaxe de Benzema.

La justice prise en otage

C’est ensuite au tour de Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci, avocat de Karim Zenati, l’ami d’enfance de Benzema, de plaider, après s’être longuement étiré pendant l’intervention précédente. Il s’avance à la barre, comme pour incarner son client. Une volonté corroborée par son emploi de la première personne du singulier lorsqu’il parle de son client. Sa principale défense ? Que Zenati n’a jamais parlé à Valbuena et donc jamais menacé ce dernier. « Par définition, le chantage part d’un propos », rappelle-t-il. S’appuyant sur le fait que Zenati a été roulé par Zouaoui concernant leur business de maroquinerie, il se demande pourquoi ne l’aurait-il pas non plus été concernant la sextape. « Si la thèse de la partie civile était assez solide, pourquoi affabuler des choses », assène l’avocat qui s’est étonné que le cas de son client n’ait pas été requalifié en « complicité de tentative de chantage » par le parquet la veille. Pour lui, rien ne montre qu’il a été plus qu’un complice. « Vous devez me relaxer », finit-il.

Après le déjeuner, la dernière plaidoirie de la défense et de ce procès est celle de Me Serge Money, avocat de Mustapha Zouaoui, dit « Sata » . Prévenu le plus controversé, accusé d’être le cerveau de l’affaire, c’est évidemment cette plaidoirie qui a été la plus longue de toutes, durant plus d’une heure. N’étant que très peu intervenu lors des deux jours précédents, alors que Sata semblait s’enfoncer tout seul, il justifie qu’il lui « a paru pertinent de le laisser être totalement lui ». Me Money avoue tout de même avoir, par moment, été « très mal à l’aise et eu envie de s’enfoncer sous terre ». Son monologue démarre sur un petit rythme, poussant les autres avocats, les procureurs, et les journalistes à ne pas forcément avoir les mirettes rivées sur lui. Mais au fur et à mesure, le verbe monte, l’intonation aussi, avec les arguments qui vont avec.

Mustapha Zouaoui

S’il ne nie pas le comportement contestable de son client, soufflant que « même s’il ne dit rien ou qu’il ne fait rien, on a envie de lui taper dessus », il reproche avec ironie la réquisition du Parquet : « On peut lui mettre quatre ans ! Il ne manquera à personne », argumente-t-il en faisant de grands gestes dont la fréquence ira crescendo. Tout ça « juste parce qu’on ne l’aime pas ». « Il n’y a rien de plus insupportable que d’être jugé pour l’image qu’on se fait de vous », prévient-il. Étayant que Zouaoui n’a jamais demandé de l’argent, ni menacé Valbuena, même au travers des intermédiaires, il explique que la justice pourrait être tenue en otage. Tout ça parce que l’« association de malfaiteurs » a été rejetée au cours de l’instruction et que « tentative de chantage » n’est donc pas forcément la bonne charge pour condamner Sata. Il réclame alors la relaxe, espérant que son client ne paie pas sa personnalité clivante. Une fois la plaidoirie finie, le président climatise le tribunal en annonçant que le verdict est en délibéré et sera rendu le mercredi 24 novembre à 9h30 au tribunal judiciaire de Versailles. À cinq jours du Ballon d’or. Heureusement pour Benzema, les votes se terminent le dimanche.

Le Zouaoui Show
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Procès de l'affaire de la sextape : En attendant Karim Benzema
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Affaire de la sextape - Procès
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