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Prince Ali, oui c’est bien lui !

Par Christophe Gleizes
Prince Ali, oui c’est bien lui !

Soutenu par Platini, Figo et Maradona, il est aujourd'hui la seule alternative du monde libre face à un cinquième mandat de Sepp Blatter. Mais qui est vraiment Ali ben Al-Hussein, le prince de Jordanie ?

On le dit extravagant. La légende orientale lui prête une ménagerie personnelle sans limites, composée de 103 chameaux et chamelles, deux cents singes persans et trente éléphants qui jouent les acrobates. Pourtant, à regarder de près ces yeux bouffis, cette calvitie naissante et ce front glabre, le prince Ali n’est pas du genre à soulever les foules. Ni à dégager les bazars. Son argent, le 43e descendant direct du prophète Mahomet a préféré le dépenser en campagne, discrètement. Profitant des budgets exponentiels de la famille royale jordanienne, le troisième fils de l’ancien roi Hussein a rendu visite à un nombre faramineux de pays ces derniers mois, dans l’espoir secret de détrôner le grand vizir. Efficace, il a scellé les parrainages du Belarus, de Malte, de l’Angleterre, des États-Unis et de la Géorgie pour progressivement pousser Luís Figo et Michael Van Praag, ses concurrents les plus modestes, au désespoir.

« Il connaît parfaitement les rouages des institutions »

Peu connu des médias, le prince Ali se dirigeait encore il y a quelques jours vers une défaite honorable et attendue. Mais le scandale de corruption qui éclabousse la FIFA depuis mercredi a sensiblement rebattu les cartes. D’impossible, sa victoire est désormais devenue improbable. Elle est surtout espérée par le gratin du football mondial, à commencer par Michel Platini, le président de l’UEFA. « J’ai déjà pris position puisque j’ai déjà dit à de nombreuses reprises que la FIFA a besoin d’un nouveau leader, de sang neuf et d’air frais » a expliqué l’ancien meneur de jeu de la Juventus de Turin dans L’Équipe : « J’ai l’intime conviction qu’Ali, que je connais en personne depuis des années, pourrait faire un grand président. » Un soutien de poids pour le jeune candidat de 39 ans au CV sans tache, presque propret, dont la fraîcheur tranche avec la sclérose d’une organisation trop longtemps laissée aux mains noueuses de septuagénaires corrompus.

Si Ali ben Al-Hussein s’impose aujourd’hui comme une alternative crédible, c’est avant tout parce qu’il a « la passion du football chevillée au corps » estime Michel Platini. Ainsi qu’une vraie légitimité dans son parcours : « Il est président d’une Fédération nationale depuis une quinzaine d’années, il a été membre du comité exécutif de sa confédération, puis vice-président de la FIFA. Il connaît donc parfaitement les rouages des institutions sans avoir encore eu le temps de se faire broyer ou déformer par ces dernières. » Sans concessions, le prince s’était d’ailleurs fait remarquer en février dernier en dénonçant devant les médias « la culture de l’intimidation » qui règne à la FIFA depuis de longues années. Avant de jouer le couplet de l’intégrité et de la transparence, en opposition à son vieillissant adversaire, qui brigue un cinquième mandat plus que jamais conspué.

« Il n’a pas peur d’aller contre le système en place »

« La FIFA a besoin d’un leadership qui gouverne, qui guide et protège nos fédérations. Un leadership qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui » a-t-il ainsi étalé hier dans un communiqué, avant d’appeler de ses vœux « une FIFA transparente et ouverte pour redonner confiance aux fans de football dans cette institution » . Paroles sincères ou simples promesses de campagne ? Mardi dernier, le prince n’a en tout cas pas hésité à dénoncer aux autorités suisses une tentative de corruption, alors qu’un intermédiaire verreux lui proposait 47 voix contre de l’argent. À l’automne 2014, il avait aussi été l’un des rares à se prononcer en faveur de la publication intégrale du rapport Garcia, qui accablait la FIFA. « Il a une grande liberté d’esprit et une indépendance qui font sa force » reprend Platini, sous le charme : « Ce n’est pas un politicien. Il dit ce qu’il pense et n’a pas peur d’aller contre le système en place. »

Ce goût pour la bagarre, le demi-frère du roi Abdallah II l’a façonné dans le Connecticut, sur les bancs de Salisbury School, où ses talents sportifs de lutteur ont fait sa renommée. Il est ensuite passé par la Royal Military Academy de Sandhurst, au Royaume-Uni, avant de compléter son cursus anglo-saxon d’un passage à l’université de Princeton. De quoi se voir allouer d’énormes responsabilités quand il retourne à Amman, à l’aube des années 2000. En plus d’être élevé au grade de général de l’armée jordanienne et de servir comme chef de la sécurité spéciale du roi jusqu’en 2008, la terreur des ennemis prend les commandes de la Fédération de football nationale dès 1999. Modeste et travailleur, il y obtient pendant une décennie des résultats satisfaisants, qui le poussent à se présenter à la vice-présidence de la FIFA pour l’Asie. Le 1er juin 2011, il remporte l’élection de Doha avec cinq voix d’écart face au redoutable Sud-Coréen Chung Mong Joon.

« Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard »

Depuis sa victoire, le prince n’a pas chômé, prônant sans relâche le développement du football sur son continent, notamment auprès des jeunes et des femmes. Entre deux bouffées de clope, son plus beau fait d’armes reste à ce jour d’avoir orchestré le retour du hijab sur les terrains asiatiques. « Je suis déterminé à aborder toutes les questions pertinentes afin de veiller à ce que toutes les filles et les femmes puissent jouer ce beau jeu en Asie » assurait-il en 2011, avant de parvenir à lever l’interdiction de la FIFA l’année d’après. Un succès politique indéniable, mais visiblement encore insuffisant pour s’assurer ce vendredi les 43 votes du continent. En effet, le président de la confédération asiatique, Salman bin Ebrahim al Khalifa, a confirmé jeudi son soutien à Sepp Blatter, et ne manquera pas de siphonner quelques suiveurs. Autant de voix qui risquent de manquer pour obtenir la majorité des 209 suffrages exprimés, face à un adversaire depuis longtemps rodé aux joutes institutionnelles.

Ultime rempart face à la barbarie, le dernier espoir du prince Ali réside dans le calendrier de l’élection, programmée deux jours après le scandale. Opportuniste, le Jordanien n’a pas hésité à appuyer là où ça fait mal. « La situation est urgente, nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard » a-t-il martelé ces dernières heures à l’endroit des votants, dans un dernier appel désespéré : « Nous ne pouvons pas continuer avec la crise à la FIFA. » Malheureusement, la lucidité ou la qualité du programme n’ont jamais fait gagner une élection. En dépit des soutiens tardifs des États-Unis et du Canada, le rapport de force paraît toujours déséquilibré face à l’armada bien rodée de Sepp Blatter. Mais sait-on jamais ? Les miracles arrivent parfois. Si ça se trouve, le prince Ali entrera ce vendredi après-midi dans l’histoire comme l’homme qui a vaincu une armée, tout seul avec son épée.

Après la trêve internationale, place au festin !

Par Christophe Gleizes

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