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Portugal-Islande : le Bacalhautico

Par Joachim Barbier, à Saint-Étienne
4 minutes
Portugal-Islande : le Bacalhautico

C'est le grand dépucelage de l'Islande en phase finale d'un Euro. Les Scandinaves affrontent les Portugais dans une confrontation inédite et a priori déséquilibrée entre deux nations qui possèdent a priori peu d'échanges culturels. Sauf que le Bacalhau, le fameux plat national portugais, doit un peu à la morue d'Islande.

Que peuvent bien avoir en commun les Portugais et les Islandais, ces deux pays aux confins de l’Europe occidentale ? A priori pas grand-chose. Devant la gare de Saint-Étienne, à quelques heures du match, une bande d’Islandaises encornées façon viking et pintes à la main, en attendant de se maquiller les lèvres en bleu/blanc/rouge savent : « Bacalhau !!!! » répondent-elle en force et d’une voix. Oui, la morue salée, le plat national portugais que les Islandais ont adopté et exportent désormais vers la péninsule ibérique. « C’est mon premier job. On a une entreprise familiale de transformation de morue qu’on vend aux Portugais et aux Espagnols. L’année dernière, j’étais en vacances au Portugal et j’en ai mangé, du bacalhau, fait en Islande chez nous. » Les Portugais ont été les premiers, au début du XVe siècle à remonter jusqu’à Terre Neuve, dans le sillage des grandes expéditions, pour ramener la morue dans leurs filets. Quelques années plus tard, les Basques espagnols et français découvraient aussi la morue de l’Atlantique. Et puis les flux marins se sont retournés. « À partir du XVIIe siècle, ce sont nous les Islandais qui avons commencé à pêcher pour les Européens du Sud » , clame fièrement Eidur, devant un food truck de la fan zone de St-Étienne en vannant une bande de supporters portugais : « Ronaldo qui ? Ronaldo qui ? »

La pêche représente toujours le principal secteur d’activité du pays, d’autant que le pays tente de se débarrasser petit à petit de l’exploitation du pétrole, jugé peu climato-friendly, et de son secteur bancaire qui a failli causer la perte de l’économie du pays. Traumatisés depuis, les Islandais tentent de faire autrement. « Depuis quelques années, on essaye de se passer des grosses sociétés, que l’exportation de la pêche à la morue profite aux petits pécheurs dans les villages et les communautés locales » , analyse Asta. « C’est ce qui nous a permis de ne pas tomber en cessation de paiement après la crise financière de 2008 » , raconte Jo Bjorn Skúlason, vice-président du club de première division d’Haukar, avant d’exiger un peu de respect de la part de ses adversaires du jour : « Ils devraient nous dire merci, grâce au bacalhau islandais, les joueurs portugais sont forts et en bonne santé. Et c’est tout bénéfice pour nous. En achetant notre morue, les Portugais paient nos bières en France » , analyse l’une des 30 000 supporters à s’être rendus en France pour l’Euro, soit presque 10% de la population totale de l’île.

« Nous, les Portugais, on pourrait faire un Kamasutra de la morue »

Apprendre que le patrimoine culinaire portugais dépend de l’approvisionnement en morue de l’adversaire du jour a l’air de remuer légèrement l’orgueil national de Ramiro, un supporter portugais venu du Luxembourg : « Ah bon ? Oui, on leur vole leurs morues, mais de toute façon, c’est le salage qui compte et c’est nous, les Portugais qui avons le meilleur sel. » Comme la meilleure équipe, puisqu’il a remarqué que, pour la première fois de l’histoire du football du pays, « l’entraîneur a annoncé que le Portugal venait pour gagner, et ça, c’est nouveau » . Un peu plus loin, une bande de supporters venus de la région parisienne avouent ne pas savoir grand-chose des échanges commerciaux et gastronomiques entre les deux pays. « Je sais que les noms de leur joueurs se terminent en « son », que Bjork vient d’Islande et qu’ils ont pas mal deserial killerschez eux. » Alors certes le bacalhau est désormais importé d’Islande, mais ce sont les Portugais qui l’ont élevé au rang d’expression artistique. « On a 365 recettes différentes, on peut faire un calendrier avec un plat différent chaque jour. Avec la morue, on peut faire un kamasutra de bacalhau. » Jon Bjorn acquiesce : « Avant en Islande, on la mangeait bouillie avec des pommes de terre, maintenant on imite les recettes des Portugais et des Espagnols et c’est bien meilleur. » Reste plus, pour la sélection islandaise, qu’à procéder au même mimétisme sur le terrain.

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