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Porto-Sporting : Battle royal
Et si la Liga Sagres se jouait ce soir ? En cas de victoire du Sporting, le leader Benfica compterait toujours neuf points d'avance sur les Lions, mais surtout sept sur le FC Porto, seul autre candidat au titre crédible. En cas de victoire des Dragons, le Sporting serait définitivement hors-course. Le match nul éliminerait les Lisboètes et mettrait Porto en mauvaise posture. Gros match, gros enjeux.
Ce dimanche 1er mars, le meilleur ami de Benfica pourrait bien être le Sporting. En s’imposant au Estádio do Dragão, il pourrait repousser le pire ennemi des Aigles à sept longueurs de la première place et ainsi fêter le titre à moitié. Pour autant, les Benfiquistas auront du mal à supporter les hommes de Marco Silva dimanche tant les relations entre les deux clubs se sont dégradées depuis la veille du « derby eterno » , le 8 février dernier. À la veille de l’affrontement fratricide, un groupe de supporters de Leões répondant au nom d’ « élite anonima » postait sur YouTube une vidéo ridiculisant les décès d’Eusébio et de Miklos Fehér (mort d’une attaque cardiaque en plein match il y a 12 ans) et faisant appel à l’holocauste benfiquista, le tout sur fond d’images de la Shoah. Cette blague de mauvais goût était a priori une réponse à une autre vanne douteuse de supporters benfiquistas qui, en plein Benfica-Sporting version futsal, avaient sorti une banderole portant le message « very light 1996 » , référence au décès d’un supporter du Sporting, atteint par un engin du même nom lors de la finale de la Coupe du Portugal cette année-là. Le lendemain, des supporters de Benfica auraient visé des Sportinguistas avec des engins pyrotechniques entraînant la rupture des relations entre les deux institutions. Au final, le seul « mérite » de ces incidents sera d’avoir instauré un climat limite paisible entre Porto et le Sporting.
Nouvelle crise interne au Sporting
Ce classico se déroulera sur fond de haine lisboète, mais aussi de tensions internes chez les Vert et Blanc. Le président Bruno de Carvalho vient d’être suspendu 30 jours pour avoir insulté un membre du staff de Gil Vicente le week-end dernier et a lui-même suspendu et mis à l’amende le défenseur Jefferson, titulaire indiscutable, accusé d’avoir insulté son boss au terme d’une discussion enflammée au sujet d’une proposition du Dynamo Kiev à son égard. Quelques mois après le cirque du quasi-renvoi de Marco Silva et quelques semaines après avoir mis un terme au « blackout » (BdC avait cessé de s’exprimer pendant un long mois pour « le bien de la vie interne du club » ), le boss du SCP confirme être le président le plus drôle du moment, son meilleur sketch restant celui de la protestation contre l’arbitrage, domaine dans lequel Julen Lopetegui, entraîneur du FC Porto, rivalise largement avec lui. La phrase préférée de l’Espagnol – « Porto doit faire plus que les autres pour gagner » – circule dans toutes les salles de conférences du pays au point d’en lasser plus d’un. Bref, s’il se plante ce soir, l’arbitre prendra forcément très cher.
Les scénarios probables
Si la part du folklore médiatique est importante au Portugal, un classico se joue avant tout sur le terrain. Et si le Sporting a déjà gagné le match avant le match, les récents résultats des forces en présence laissent entendre que le combat sera serré au Dragão. Voici les scénarios qui ont une chance de se produire dimanche soir.
Victoire 2-1 du FC PortoDepuis quelques semaines, Cristian Tello a changé. Le plus gros croqueur de ballons engendré par la Masia a délivré deux passes décisives contre Boavista et se montre plus altruiste. C’est encore lui qui offre l’égalisation à Jackson Martínez peu après l’ouverture du score de Nani. Trois passes décisives de Tello en une semaine, c’est beaucoup. C’est trop pour la planète. Une faille spatio-temporelle s’ouvre dans le ciel de Porto alors que l’arbitre annonce quatre minutes de temps additionnel et aspire l’Espagnol, remplacé par Kélvin, lui-mêle téléporté de São Paulo jusqu’au Dragão. Mis de côté par Lopetegui, il prend sa revanche grâce à sa capacité spéciale : la frappe croisée à la 92e. L’entraîneur basque devient fou et remet sa célébration de shadow-boxer sur le tapis. Marco Silva reste comme toujours inexpressif, bien que le championnat se soit définitivement envolé. Victoire 0-1 du SportingLes Leões partent avec un handicap de taille : ils ont cavalé comme des cons derrière le score en Ligue Europa face à Wolfsburg, au cours d’un match qu’ils auraient mérité de gagner par deux ou trois pions d’écart. Ils s’en sont sortis avec dix tirs cadrés pour aucun but. Dur. Mais il est clairement écrit que l’inverse se produira à Porto, où les hommes de Marco Silva se feront marcher dessus pendant 85 minutes avant de braquer le Dragão sur une frappe de 35 mètres de Nani, porte-poisse officiel du FCP. À noter l’énorme prestation de Rui Patrício, pourtant bien nul ces dernières semaines, ce qui vaudra par ailleurs à ce dernier de garder son statut de titulaire dans la cage de la Selecção au détriment d’Anthony Lopes. Double braquage, donc. Match nul (avec du spectacle)Le résultat qui n’arrangerait aucune des deux équipes est aussi celui qui a le plus de chances de se produire. Porto a gagné autant de matchs face aux deux autres gros que le Sporting n’en a perdu, c’est-à-dire aucun. Si on ajoute à cela le fait que « l’autre » classico accouche rarement d’une avalanche de buts, il faudra s’attendre à un petit 1-1, comme à l’aller, mais avec du spectacle et des occases. On retiendra les buts de Slimani et Brahimi qui feront chanter les klaxons et embraseront l’Internet. Prévoir des dizaines de Vine et une enflammade totale au sujet des deux Fennecs malgré le but banal de Slimani et le rush de Brahimi sponsorisé par les contres favorables. La surenchère, la vraie. Comme au marché. Match nul (vraiment nul)Pas de buts, peu d’occasions, que des passes latérales et l’envie de rentrer dans les cages pour l’Espanyol de Porto et rien d’autre que des ballons dans les couloirs, ainsi que des centres en direction de la perche Slimani coté sportinguista. Le public s’emmerde, mais est rapidement distrait par l’écran du stade diffusant l’épique clash entre Pinto da Costa et Bruno de Carvalho, qui s’arrosent de punchlines en loges depuis l’échauffement des deux équipes. Les deux hommes se réconcilient finalement pour insulter l’arbitre de la rencontre. Le football portugais dans toute sa splendeur.Par William Pereira