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Porto, l’année des dragons ?
Ce soir, le FC Porto affronte Braga en finale de l'Europa cup à Dublin. Une bonne occasion de poursuivre une saison de feu qui prendra fin dimanche en finale de la coupe du Portugal. Et si les Dragons étaient la meilleure équipe du Vieux Continent ?
Si on ne s’en tenait qu’à une basse comptabilité, la saison du FC Porto serait déjà hors-normes. Les Dragons ont survolé la Liga Sagres (27 victoires, trois nuls), corrigeant deux fois Benfica et Braga. Les champions d’Europe 2004 ont fait de même en coupe où ils ont même surmonté une défaite chez eux (0/2) contre les aigles lisboètes, en demi-finale, pour mieux s’imposer au retour (3/1) dans la capitale portugaise. Ils en joueront la finale dimanche contre le Vitoria Setubal. Enfin, puisqu’ils sont en lice pour un triplé (comme en 2003), ils ont survolé l’Europa cup cette saison (13 victoires, 1 nul, 2 défaites ; 43 buts pour (près de 2,7 de moyenne pour 16 encaissés). En tout, l’équipe du président Pinto da Costa n’aura concédé que trois défaites dans l’année, dont une anecdotique au retour contre Villarreal en demi-finale de la compétition continentale.
Après quatre de règne sans partage, Porto avait du se contenter l’an dernier de la troisième place. Il cédait la place, SA place à Braga et à Benfica pour la Champions. Le très rusé Jorge Nuno Pinto da Costa a donc écouté son instinct comme toujours. Il a débauché André Villa-Boas de l’Academica Coimbra, que celui-ci a sorti de la zone rouge en une demi- saison pour l’expédier à une probante septième place. Huit mois après son retour au pays de Joaquim Agostinho, l’ancien assistant de Mourinho à Chelsea et à l’Inter se retrouve à la tête du club le plus puissant du pays. Moins d’un an plus tard, toute l’Europe bade le jeu pratiqué par les Dragons. Un mix entre les deux équipes du club, celle du milieu des années 80 (Madjer, Futre) et celle des années 2003/2004 (Deco, Maniche), c’est dire…
Comme d’habitude, Pinto da Costa a fait des affaires avec l’Amérique du Sud. Quand il n’exporte pas des Argentins vers la Ligue 1 (Lucho et Lisandro Lopez vendus pour plus de quarante millions d’euros, c’est lui), il importe les joyaux de demain. A commencer, par l’ancien jouvenceau du Velez Sarfield, Nicolas Otamendi, encore un peu tendre l’an passé quand Maradona l’avait retenu pour le Mondial et qui explose cette saison au Portugal. Le prix de la transaction : 4M€ et des bonus. Tout le monde le sait : Porto achète mieux que les autres et vend comme personne, sans jamais oublier de truffer les contrats de clauses additionnelles, concernant les bonus. S’il l’emporte ce soir contre Braga, le club empochera sa quatrième coupe d’Europe (cinq si l’on ajoute la super coupe de l’UEFA 1987). Comme à chaque fois, il dispose d’un coach en devenir de grand calibre : Artur Jorge en 1987, José Mourinho en 2003/04 et André Villas-Boas, aujourd’hui.
Comme on ne passe pas impunément six ans avec le Special One (Porto, Chelsea, Inter), le nouveau skipper revisite les classiques mourinhien : pressing haut, discipline tactique d’horloger, 4-3-3 à géométrie variable… Villas-Boas y ajoute quelques particularismes qui lui viennent de son effectif plutôt jeune (24,5 ans de moyenne), comme le jeu dans les intervalles et l’alternance entre jeu long et passes courtes. Hybride de jeunes portugais (Moutinho, Rolando, Varela) et de briscards sud-américains (Guarin, Hulk, Fernando, sans compter Rodriguez et Fucile, les deux uruguayens blessés pour ce soir), les Azuis e Brancos disposent d’un fonds de jeu qui fait quelques dégâts irréparables (138 buts pour la saison à deux matchs de la fin). Sans parler de son duo d’attaque, Hulk et Falcao, le serial-buteur colombien qui affole toutes les grandes écuries du Vieux Continent. L’air de rien, depuis vingt-cinq ans, Porto propose un modèle économique, une façon de faire alternative dont pourrait s’inspirer un grand nombre de clubs en Europe, à commencer par ceux de la Ligue 1. S’il empoche l’Europa cup ce soir, on a hâte de voir les Dragons contre le Barça (ou Manchester United, bien sûr) pour savoir qui est la meilleure équipe du continent en 2011. Pas sûr que ce soit celle à laquelle tout le monde pense…
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