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Port-Saïd à l’heure des soupçons

Par Marwan Chahine, au Caire
Port-Saïd à l’heure des soupçons

Comment une bagarre meurtrière entre hooligans peut-elle embraser tout un pays ? Deux jours après la tuerie du stade de Port-Saïd où plus de 70 personnes ont perdu la vie, plusieurs villes d'Egypte, Le Caire en tête, sont le théâtre d'affrontements violents entre des jeunes se réclamant de la révolution et des policiers anti-émeutes. Rien qu'hier, le premier bilan fait état de 600 blessés dans la capitale et de deux morts par balles réelles à Suez. Cet après-midi la situation reste extrêmement tendue aux abords du ministère de l'Intérieur.

En Egypte plus qu’ailleurs, le foot flirte avec la politique. La très grande majorité des gens poignardés, tabassés ou piétinés après le match de mercredi sont des Ultras d’Al Ahly, un club pas vraiment comme les autres. En plus d’être l’équipe la plus titrée et la plus populaire du pays, ses supporters – avec ceux de Zamalek, l’autre grand club cairote – sont devenus depuis un an le bras armé des révolutionnaires égyptiens. Cette culture contestataire remonte aux origines du club Ahlaoui, fondé en 1907 par un syndicat étudiant dans un contexte de révolte contre les colons anglais qui occupaient alors l’Egypte. L’esprit d’insoumission est resté, un des hymnes du club professe : « tous les flics sont des bâtards » . Le 2 février 2011, quand des miliciens de l’ex-président Hosni Moubarak ont chargé la foule avec des chevaux et des chameaux, ils étaient là, en première ligne, pour protéger les manifestants de la place Tahrir. Idem à « Mohammed Mahmoud » ou au « Conseil des Ministres » , autant de batailles où les Ultras ont fait parler leur savoir-faire de castagneur du côté des révolutionnaires pour ériger des barricades ou fabriquer des molotovs. Le dictateur est tombé mais les supporters restent très remontés contre le pouvoir de transition assuré depuis un an par les militaires et dont l’autoritarisme n’a rien à envier au régime précédent.

Ultras et révolutionnaires n’ont aucun doute : la tragédie de Port-Saïd a été orchestrée par le pouvoir. Les circonstances du drame restent floues mais tout le monde s’accorde pour pointer de grandes défaillances dans le dispositif de sécurité. Parmi les interrogations récurrentes qui alimentent le soupçon : Pourquoi y avait-il aussi peu de policiers présents alors que le match s’annonçait tendu ? Pourquoi ont-ils fait preuve d’inertie quand les Ultras d’Al Masry ont envahi le terrain ? Comment a-t-on laissé rentrer des gens avec des barres de fer et des couteaux ? Pourquoi les supporters d’Ahly ont-ils trouvé les grilles closes lorsqu’ils ont cherché à s’enfuir ? Et surtout, pourquoi les lumières du stade se sont-elles soudainement éteintes, ne laissant aucune image du carnage ? Même si les clashs de hooligans sont fréquents et parfois violents en Egypte, cela fait beaucoup d’éléments troublants. Certains Ultras d’Al Masry vont jusqu’à affirmer qu’ils ont été infiltrés par des éléments extérieurs venus pour tuer, des baltaguis, ces nervis du pouvoir très souvent utilisés pour causer des troubles. La rumeur se répand mais reste difficilement vérifiable.

On peut se demander quel intérêt soldats et policiers auraient-ils à laisser massacrer des supporters de foot tout ? « Ils veulent se venger de notre implication dans la révolution » analyse Ahmed, un Ultra d’Ahly qui a perdu sept de ses amis dans le stade. « C’est pour semer le chaos, rétablir l’état d’urgence (levé le 25 janvier) et rester au pouvoir (1) » explique de son côté un révolutionnaire qui participe à la manifestation. L’un et l’autre se sont battus hier et ont la ferme intention d’y retourner cet après-midi. « Je vais les rejoindre, comme eux je veux mourir en martyr » lâche Ahmed.

1. En théorie, le CSFA doit rendre le pouvoir aux civils en juin, à l’issue des élections présidentielles.

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